Charles & Alice : l'équipe de direction reprend les commandes du spécialiste du "sans sucres ajoutés"

Il était arrivé en 2013 pour épauler le spécialiste drômois des desserts fruitiers à se développer, seulement deux ans après la naissance de l'entreprise. Huit ans plus tard, le fonds d’investissement européen Equistone Partners Europe ressort du capital... cédant en même temps ses parts à l’équipe de direction de Charles & Alice, soutenue par Crédit Mutuel Equity et désormais l'entrée d'Unigrains. Pour quelle stratégie ? Réponse avec son pdg, Thierry Goubault, qui mise toujours sur la croissance du "sans sucres ajoutés" pour se développer.
Avec des ambitions renouvelées sur plusieurs segments (desserts fruitiers, produits végétaux et marché américain), la jeune marque Charles & Alice aborde cette nouvelle étape avec confiance, même si elle devra aussi composer avec la hausse des matières premières, qui touche doublement le groupe sur le marché de l'emballage comme des fruits.
Avec des ambitions renouvelées sur plusieurs segments (desserts fruitiers, produits végétaux et marché américain), la jeune marque Charles & Alice aborde cette nouvelle étape avec confiance, même si elle devra aussi composer avec la hausse des matières premières, qui touche doublement le groupe sur le marché de l'emballage comme des fruits. (Crédits : DR)

Le spécialiste drômois des desserts aux fruits sans sucres ajoutés (500 salariés) est en passe de compléter une nouvelle étape : dix ans tout juste après sa création, issue de la fusion de Charles Faraud et Hero France (deux structures reprises elles-mêmes par Thierry Goubault), l'équipe dirigeante de Charles & Alice redevient le principal maître à bord.

Son actionnaire majoritaire depuis 2013, le fonds d'investissement européen, Equistone Partners Europe, vient en effet d'annoncer sa sortie du capital au 1er juillet. Avec, au rang des bénéficiaires, à l'équipe de direction de la société, toujours soutenue par Crédit Mutuel Equity, qui reprend ainsi les commandes de l'entreprise de manière majoritaire.

Avec, désormais, 36% du capital qui sera ainsi placé dans les mains du fondateur et dirigeant du groupe Charles & Alice, Thierry Goubault, ainsi que 14% dans celles de son équipe de direction (soit 50% au total). Tandis que le Crédit Mutuel Equity, partenaire historique de l'entreprise, prendra 40% des parts, épaulé désormais par la société d'investissement spécialiste de l'agroalimentaire et de l'agro-industrie, Unigrains, qui marque son entrée au capital (10%).

"Cette opération nous a permis de doubler le niveau de nos parts, puisque nous détenions historiquement 25% avec l'équipe de management. Il s'agit d'une belle étape et d'une manière pour le management d'accéder à une position majoritaire au sein du capital, qui est source d'une motivation forte", confirme le pdg Thierry Goubault à La Tribune.

Conforter l'indépendance, et développer d'autres marchés

Cette opération, dont le montant n'a pas été dévoilé, renforce par ailleurs la place du Crédit Mutuel Equity en tant que partenaire du groupe, et ce depuis les prémisses de l'aventure en 2007, avec le rachat de la conserverie Charles Faraud (Vaucluse).

Un nouveau tour de table pose ainsi un nouveau jalon de la stratégie du groupe : "cette montée au capital va surtout permettre de conforter l'indépendance et la stratégie de Charles & Alice, qui se pose comme un leader sur le marché des desserts fruitiers sans sucres ajoutés au rayon frais", glisse le pdg.

L'objectif affiché est donc de poursuivre sur la lancée, qui a déjà amenée l'entreprise à passer d'un chiffre d'affaires de 150 millions d'euros en 2018 à 160 millions en 2020. Avec toujours l'ambition d'atteindre le cap des 200 millions d'ici trois ans. En demeurant sur ses fondamentaux, mais aussi en s'ouvrant à de nouveaux marchés :

"Nous considérons qu'il reste des parts de marché à prendre sur le segment des desserts fruitiers sans sucres ajoutés, qui pèse aujourd'hui près d'un tiers du marché et qui peut encore se développer", affirme en premier lieu Thierry Goubault. Et avec déjà 60% des parts de marchés sur ce segment, Charles & Alice veut cultiver son avance, et contribuer à la conquête de nouveaux consommateurs.

Innover avec de nouvelles gammes de produits

Mais ce n'est pas son seul objectif puisque la marque drômoise souhaite par ailleurs continuer à développer son offre de produits fabriqués à partir de laits végétaux, dont les desserts à base de lait de coco. "Il s'agit d'un marché en devenir et sur lequel nous avons toute notre légitimité, notamment en comparaison de certains concurrents laitiers, puisque nous faisons déjà du végétal depuis longtemps".

Pour nourrir cette stratégie, Charles & Alice prévoit notamment de continuer à accompagner à la fois le développement de son réseau de marques en propre (50% de son volume d'affaires), ainsi que des produits réalisés en marque distributeurs (l'autre moitié de sa production).

S'il ne souhaite pas s'engager pour autant dans une course au plus grand nombre de références, son pdg souhaite tout de même miser sur une stratégie d'innovation constante :

Récemment, Charles & Alice a par exemple lancé une gamme de desserts sans sucres ajoutés à base de "super fruits" (renforcés en fibres, vitamines, etc). Tandis que sur sa gamme végétale, la marque a commercialisé de nouvelles références au lait de coco, avec des saveurs chocolat, marron ou encore stracciatella. Aux Etats-Unis, elle aura même lancé une gamme comprenait des probiotiques.

Pour accompagner ces développements, le spécialiste des desserts fruitiers vient de réaliser un investissement de 23 millions d'euros dans l'un de ses trois sites de production, situé dans le Vaucluse (à Monteux), avec la mise en place d'un nouvel atelier qui lui servira à fabriquer les gourdes et les compotes, pour le marché de la restauration hors foyer.

Renforcer sa présence aux Etats-Unis

En parallèle, Charles & Alice dispose également pour rappel d'un siège et d'une usine de production à Allex, près de Valence (Drôme), spécialisée dans les produits et conditionnements sous forme de pots plastiques à destination du marché GMS, ainsi que d'une implantation dans l'Etat de Pennsylvanie (Etats-Unis), en vue d'alimenter le marché américain qui représente pour l'heure 10% de ses ventes.

Et c'est là aussi son troisième objectif dans cette nouvelle phase d'ascension : progresser encore sur le marché américain, où le "sans sucres ajoutés" gagne là aussi du terrain. Mais pour conquérir ce marché, Charles & Alice devra s'adapter aux spécificités locales, à commencer par les modes de consommation, tournés davantage vers le snaking et les produits dits nomades.

"C'est pourquoi nous privilégions le format des gourdes sur ce marché", confirme Thierry Goubault.

La part du bio, en croissance au cours des dernières années, représente actuellement 25% de son chiffre d'affaires et sera aussi appelée à se renforcer. La marque ne souhaite cependant pas s'avancer sur l'évolution de ce marché, après une année où le Covid aura plutôt traduit un léger "tassement" de la demande sur ce segment, en raison de ses prix un peu plus élevés.

"Nous continuerons d'accompagner ce marché, que ce soit à travers la restauration hors foyer, la GMS, les marques en propre ou en MDD", glisse cependant le pdg, qui confirme avoir passé en ce sens une vingtaine de contrats de partenariats avec des arboriculteurs de la vallée du Rhône, en vue de sécuriser une partie de ses approvisionnements bio.

La hausse des matières premières qui s'invite dans la roadmap

Pour concrétiser ses plans, Charles & Alice aura cependant à faire face à un autre défi : celui de la hausse des matières premières, qui touche doublement le groupe avec à la fois l'envolée connue par les emballages, mais également par le marché des fruits, dont les récoltes ont été touchées durement par les épisodes de gel cette année.

"Nous sortions déjà d'une année difficile sur le marché du fruit et la situation va probablement s'empirer. Nous allons avoir du mal à terminer notre saison, puisqu'on a aujourd'hui du mal à trouver des pommes sur le marché français ou alors, on les paie deux fois plus cher", évoque le dirigeant.

Un handicap pour une marque qui revendique une forte implication locale, puisque, "en temps normal, 80% des volumes de fruits des desserts Charles & Alice vendus en GMS sont cultivés en France". Et parmi eux, 90% d'entre eux en provenance de la vallée du Rhône.

"Les pommes, qui sont le principal ingrédient dans nos recettes, sont livrées tous les jours à nos sites, en provenance d'un rayon de 150 à 180 kilomètres maximum par exemple", confirme Thierry Goubault.

Compte-tenu des récoltes incertaines à venir, et de la hausse encore attendue du cours des emballages, Charles & Alice a amorcé des discussions avec les principaux acteurs de la grande distribution, et prédit : "nous savons déjà qu'il va être très difficile de maintenir le même niveau de prix à compter de l'an prochain".

Autre élément d'incertitude, mais sur un autre terrain cette fois : le groupe avait été lourdement sanctionné par l'Autorité de la concurrence pour une "entente" supposément passée sur les prix, avec cinq autres industriels du même secteur (Materne, Andros, Conserves France, Délis/Vergers de Châteaubourg, Valade, Coroos), concernant la période entre octobre 2010 et janvier 2014.

La marque encourait notamment une amende de 16,35 millions d'euros dont elle a fait appel fin 2019. Interrogé à ce sujet, Thierry Goubault confirme qu'une audition d'appel est prévue cet automne et se dit "confiant" : "Nous avons fait appel car nous réfutons complètement ce qui nous est reproché".

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