
Au milieu du campus La Doua à Villeurbanne, près des locaux de l'Insa, la présence d'une petite serre d'une cinquantaine de mètres carrés pourrait presque passer inaperçue. Pourtant, elle abrite peut-être le devenir de l'agriculture urbaine. Depuis quelques semaines, la Ferme Urbaine Lyonnaise (FUL) y a installé son site pilote dans lequel sont cultivés fruits, légumes et plantes.
Laboratoire
Dans cette ferme nouvelle génération, nul besoin de chausser des bottes en caoutchouc pour fouler un éventuel sol en terre. Cependant la combinaison, elle, est de rigueur : elle est plutôt semblable à celle d'un chercheur en laboratoire qu'à celle d'un agriculteur. Avant de pénétrer dans la pièce, le visiteur s'attend davantage à trouver des éprouvettes, des microscopes ou des seringues que des végétaux.
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Mais une fois la porte ouverte, apparaissent batavia, fraises des bois, poivrons et aubergines... Mais aussi des herbes médicinales comme de la camomille. De ces plants encore jeunes, on ne distingue pour l'instant que les feuilles vertes. Tous poussent côte à côté, sous la lumière blanche des leds, à l'abri de tout contact avec l'extérieur, posées sur des rails en fer. Dans leurs bacs noirs et blancs, les jeunes pousses circulent automatiquement jusqu'à la station d'arrosage, où elles se chargent d'eau avant de se vidanger, dans un mouvement continu. Leur seul nourriture ? Des nutriments.
Dans leur chambre hermétique de 26 m², les plantes sont chouchoutées : la température est constante, autour de 22 °C, et elles ne sont pas attaquées par des insectes. Elles "ne doivent donc s'occuper que de grandir. En somme, nous les installons dans un eden", résume Philippe Audubert, président de FUL SAS, dont il est l'un des trois fondateurs, avec Didier Gaydou et Christophe Lachambre.
Le temps de pousse est d'ailleurs plus rapide : compter six semaines pour une salade, quelque soit la période de l'année, contre neuf semaines "quand toutes les conditions sont réunies, au meilleur de l'été".
Robotisation
Les végétaux sont répartis sur trois étages, soit une surface de 15 m². "En bas nous avons les plus jeunes, les bébés, puis viennent les ados et les adultes", indique le président de FUL SAS. Au fur et à mesure, l'espace entre les plantes s'agrandit : au départ serrés, les écartements sont de plus en plus espacés. Une astuce qui permet notamment d'optimiser l'espace.
Pour que les plantes montent d'un étage à l'autre, l'homme n'a pas besoin d'intervenir. Le bras d'un robot s'en charge.
"Le robot analyse la variété, quel est le stade de développement et quand il faut la monter."
La ferme peut se développer sans l'intervention d'individus : il faut juste un pilote pour vérifier les installations. C'est là que réside la véritable innovation de la Ferme Urbaine Lyonnaise. Si le principe de la culture de plantes "indoor" existe déjà, notamment au Japon et aux Etats-Unis mais aussi en Europe, la FUL propose un ensemble automatisé.
"La nouveauté tient également au fait que nous pouvons réaliser tous les climats, allant de - 5 °C à 40°C, et à notre eau est très propre", complète Philippe Audubert.
L'une des innovations de la FUL se trouve dans une autre pièce séparée, semblable à un local technique, où l'eau est notamment filtrée.
Ferme pilote
Si pour l'instant ce site est uniquement pilote, les fondateurs voient plus grand pour l'avenir. "Ce projet est avant tout une vitrine." Dès l'été 2017, ils espèrent pouvoir installer un nouveau site de 800 m² cette fois-ci, et 500 m² de surface agricole utile, soit à Lyon, soit à Paris. Mais un budget compris entre 3,5 et 4 millions d'euros doit encore être bouclé.
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