Il s'agit de l'une des épices réputées les plus chères au monde. Quelques 45.000 bulbes de safran ont été plantés sur près de 900 m2 de toit du centre commercial de la Part-Dieu.
Habituellement, cette épice, cultivée en Iran, est aussi surnommée l'or rouge. Et pour cause : son prix du vrac peut atteindre entre 35.000 et 45.000 euros du kilo, en fonction de la qualité de l'épice.
Mais la visée de cette culture désormais "lyonnaise" n'est pas uniquement commerciale : ce projet s'inscrit dans un contexte plus large, en lien avec la stratégie environnementale portée par le centre-commercial de Lyon Part-Dieu en premier lieu.
"Cela fait deux ans que le centre accélère, il y a le rooftop, la promenade végétale et bientôt douze ruches qui vont arriver", décrit Mariane Tinland, directrice adjointe de Westfield Part-Dieu. "Nous avions déjà comme projet de végétaliser l'extension."
La rencontre avec la maison d'agriculture urbaine parisienne Bien Élevées a ainsi transformé ce projet vers une safranière urbaine. Cette dernière a signé une convention d'occupation avec Unibail-Rodamco-Westfield, propriétaire du centre commercial. L'investissement de base pour l'installation de la safranière a été partagé par les deux parties prenantes (non-communiqué).
"D'un point de vue gastronomique c'est un bon premier pas hors de Paris"
D'ailleurs, l'expérience de Bien Elevées à ce sujet ne date pas d'hier puisque sa première safranière en terrasse urbaine avait été installée en 2018 à Paris, sur le toit de l'Institut du Monde Arabe.
Aujourd'hui, la maison d'agriculture urbaine possède sept safranières en terrasse, et celle de la Part-Dieu se pose même comme la première hors de la région parisienne, mais aussi la plus grande de toute les terrasses exploitées par Bien Élevées.
"D'un point de vue gastronomique, c'est un bon premier pas hors de Paris", se réjouit Amela du Bessey, co-fondatrice de Bien Élevées. L'installation en ville est aussi un avantage commercial : "C'est un produit de luxe et en ville, il est plus facile d'avoir accès à des restaurateurs ou des épicerie fines."
La production lyonnaise sera vendue principalement aux restaurateurs proches ou aux particuliers pour des occasions spéciales, comme les fêtes de fin d'année. La safranière accueillera aussi le public lors d'ateliers divers : cueillette, émondage, cosmétique, cuisine...
"Il faut environ 150 fleurs pour faire un gramme de safran, la production estimée est entre 100 et 300 grammes", annonce Amélie de François. Pour les particuliers, le prix d'un sachet de 0,1 gramme est de 6,5 euros. Soit juste assez pour assaisonner un plat pour 6 à 8 personnes.
"Cela nous permet de participer à la vie locale et de végétaliser le quartier, de travailler avec les producteurs locaux", abonde Mariane Tinland.
Une plante résistante
Quant au froid ? Ou à la pollution ? "Le safran est une plante qui s'adapte bien", affirme Amélie de François, responsable de la safranière. En fleur de fin septembre à début novembre, le safran se révèle aussi être le candidat idéal pour une culture urbaine, car c'est une plante résistante, qui ne nécessite pas d'arrosage l'été. Sa culture consomme donc au final peu d'eau et d'énergie, car elle ne nécessite pas non plus de machines.
Aussi, concernant la pollution, la question des hydrocarbures ou encore de la présence des métaux lourds peut se poser, mais l'entrepreneure confirme que ces polluants ont plutôt tendance à se concentrer près du sol, plutôt qu'au 5e étage où est hébergée la safranière. D'autre part, "le safran est testé tous les ans" et se place "en catégorie 1 au sein de la norme Iso actuelle", ajoute Amela Du Bessey.
La première production "made in Lyon Part-Dieu" est attendue pour fin novembre, une fois que les pistils auront complété une étape de séchage, puis seront conditionnés dans des bocaux.
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