Pénuries, envolée des prix… Malgré un carnet de commandes « historique », l’industriel Haulotte doit contracter un PGE de 96 millions d’euros

Le fabricant ligérien de nacelles élévatrices, en forte croissance, a bouclé en juillet un Prêt Garanti par l’État (PGE) de près de 100 millions d’euros, malgré un carnet de commandes dans une santé "historique". Une décision liée à un contexte compliqué par les pénuries et la hausse des prix des matériaux pour l’entreprise d’Alexandre Saubot, par ailleurs président de France Industrie.
Haulotte prévoit une augmentation du volume de ses ventes de 20% pour 2022, malgré un contexte économique marqué par la flambée des prix des matières premières, et des disponibilités en matériaux qui fluctuent.
Haulotte prévoit une augmentation du volume de ses ventes de 20% pour 2022, malgré un contexte économique marqué par la flambée des prix des matières premières, et des disponibilités en matériaux qui fluctuent. (Crédits : haulotte)

Sébastien Martineau, le directeur financier d'Haulotte, est clair : si le fabricant ligérien de nacelles élévatrices vient de faire le choix de contracter un Prêt Garanti par l'Etat de 96 millions d'euros (le montant maximum autorisé par son chiffre d'affaires) auprès de son pool bancaire, ce n'est certainement pas en raison d'un manque de dynamisme du marché.

En avril dernier, l'entreprise d'Alexandre Saubot, président de France Industrie depuis fin 2020, publiait ainsi un chiffre d'affaires du premier trimestre de l'année s'établissant à 135,8 millions d'euros, contre 106 millions à la même période l'an dernier et annonçait une ambition globale de +20% de ses ventes pour 2022 (CA 2021 : 495,8 millions d'euros, soit +13% par rapport à 2020).

Avec aucun signe de ralentissement du marché à noter, un carnet de commandes que le directeur financier d'Haulotte qualifie « d'historique », porté notamment par les nouvelles gammes électrifiées et digitalisées, et une « visibilité intéressante à laquelle l'entreprise n'est pas habituée ».  Les voyants semblent donc tous au vert. Sauf, celui du contexte opérationnel...

Jongler avec les difficultés d'approvisionnement

« Nous travaillons avec 600 à 700 fournisseurs pour un total de 10.000 références de pièces environ. L'ensemble est assemblé dans nos usines (deux en France, une en Chine, une aux États-Unis, une en Roumanie et, depuis peu, un « restart center »). En 2021, nous avions environ une cinquantaine de pièces qui souffraient de pénuries sur le marché mondial. Cette problématique touche désormais moins de pièces mais elles sont plus stratégiques », note Sébastien Martineau.

Haulotte subit désormais des contraintes sur ses approvisionnements de batteries par exemple, de connecteurs. « Nous n'avons pas encore été contraints de stopper des lignes de production, comme certains constructeurs automobiles, mais nous jonglons avec ces difficultés. Nous devons parfois interrompre à un endroit quelques jours, pour basculer sur une autre chaîne puis reprendre. La qualité des pièces reçues, leur quantité n'est jamais assurée avant réception. Tout se négocie au dernier moment ». Avec, forcément, un impact sur l'optimisation de la productivité des usines et sur le prix de revient.

A ce sujet des pénuries, s'ajoute celui des prix qui se sont envolés. Ceux des transports par exemple ou de l'acier. « Nous avions constaté une inflexion des hausses de l'acier fin 2021 mais depuis le début de la guerre en Ukraine, le cours de l'acier a repris 40% ».

Un PGE pour « se donner de l'agilité »

Et même si Haulotte a pu répercuter globalement ces hausses des prix de l'acier et des composants, l'addition de ces multiples paramètres défavorables a un impact négatif et un coût. Sur le niveau de stocks d'abord puisque dans un contexte de marché très dynamique, l'industriel augmente ses cadences mais ne peut pas toujours livrer à la vitesse voulue en raison des pénuries de composants. Sur le prix de revient aussi avec une désorganisation pénalisante de la chaîne logistique.

« Nous avons également un BFR (besoin en fonds de roulement) en forte hausse en raison de notre croissance et des aléas de production, raisons pour lesquelles, il nous faut être vigilant et préserver notre trésorerie. Ce PGE de 96 millions d'euros (avec une maturité d'un an et une option d'extension jusqu'à cinq années additionnelles NDLR), doit nous permettre d'éviter d'être contraints dans notre croissance par notre trésorerie. Ce PGE nous donne de la souplesse, de l'agilité pour continuer de nous développer sur un marché en forte demande ».

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