En entrant en Bourse, l'isérois Microoled veut devenir le n°1 mondial des lunettes sportives connectées

Pour creuser l'écart avec ses challengers sur son activité historique de fabrication de micro-écrans OLED, l'entreprise iséroise Microoled, qui revient tout juste du CES de Las Vegas, annonce son introduction prochaine sur Euronext Growth. Objectif : faire de sa technologie le standard mondial des lunettes sportives connectées. Avec un investissement de 15 millions d'euros à la clé à Grenoble pour l'installation d'une nouvelle ligne de production.
Engo est la marque de Microoled, sa vitrine technologique.
Engo est la marque de Microoled, sa vitrine technologique. (Crédits : DR)

Microoled a déjà pignon sur rue sur le marché professionnel international des écrans OLED. Depuis sa création en 2007, l'entreprise grenobloise (100 salariés, CA 2021 : 22 millions d'euros, CA 2017 : 7,7 millions d'euros) développe des micro-écrans pour les applications proches de l'œil (équipements optiques de plein air, lunettes de vision nocturne, caméras thermiques, oculaires de matériels médicaux...). Sur ce marché mondial des micro-écrans B2B, estimé par la société à 175 millions

d'euros en 2020, Microoled s'affiche ainsi comme le numéro 1 européen et le numéro 2 mondial (derrière Sony). Un positionnement de leader que son dirigeant et co-fondateur, Eric Marcellin-Dibon justifie par de lourds investissements R&D (25 millions d'euros) qui lui ont permis "de bâtir une technologie OLED unique combinant haute résolution, haute luminosité et très faible consommation d'énergie".

Assurer un nouveau leadership

Mais, après avoir convaincu une centaine de clients B2B à travers le monde (95% du CA réalisés à l'international, un million d'écrans vendus à ce jour), dont les grands intégrateurs technologiques, Microoled a désormais une autre idée en tête.

L'entreprise vise à présent un nouveau marché bien plus vaste : celui des lunettes sportives de réalité augmentée.

"Nous avons décidé de monter dans la chaine de valeur. Pour ce marché, nous ne fournissons pas uniquement l'écran mais tout le système : le micro-écran, le système électronique et la batterie, le tout pesant moins de 7 grammes, ainsi que l'application dédiée qui fonctionne déjà avec les plateformes IOS, Android et Garmin. Il s'agit de notre dispositif ActiveLook. La haute luminance et la faible consommation d'énergie de notre technologie représentent deux atouts critiques pour cette cible", explique le Pdg de l'entreprise.

Le principe : le sportif peut voir directement dans ses lunettes les informations concernant ses performances, sa trajectoire, etc. Selon Statista, ce marché devrait s'accélérer très nettement dans les prochaines années avec des ventes mondiales annuelles estimées à 3,9 millions d'unités à l'horizon 2024 contre 300.000 en 2020. Cible prioritaire de Microoled : le running et le cyclisme.

L'entreprise a déjà à son actif plusieurs réalisations puisqu'un premier produit a été lancé, avec Julbo, fin 2020. Très récemment, une seconde collaboration s'est concrétisée avec la start-up française Cosmo Connected (Romain Afflelou) pour des lunettes proposant au cycliste urbain un affichage en temps réel de ses données de navigation.

Et puis, Microleed a lancé sa propre marque de lunettes, Engo Eyewear, qu'elle a présenté début janvier au CES de Las Vegas.

 Le choix de lunettes au look sportif, loin des codes "trop technologiques"

"Il s'agit de notre vitrine technologique, notre ambition est plutôt portée vers des partenariats avec des marques déjà bien établies et disposant d'une force de frappe nécessaire pour installer rapidement les lunettes connectées", précise néanmoins Eric Marcellin-Dibon. La marque a d'ailleurs fait le choix de lunettes au look sportif, s'éloignant des codes "trop technologiques" jusqu'ici utilisés par les fabricants de lunettes connectées.

L'ambition est claire, sans complexe : "faire de notre technologie le standard mondial des lunettes sportives connectées".

D'autres applications pourront être envisagées, notamment dans le tourisme. L'entreprise collabore d'ailleurs actuellement avec le CEA et la Métropole grenobloise sur ce sujet pour un système de visite en réalité augmentée du territoire.

Une IPO pour la visibilité et les moyens financiers

Pour se donner de la visibilité, et des moyens évidemment, sur ce marché grand public qui nécessite des budgets marketing et commerciaux d'envergure, Microoled fait le choix de la Bourse. Elle vient d'annoncer son introduction prochaine sur Euronext Growth.

Son document d'enregistrement a été approuvé par l'AMF la semaine dernière et les montants espérés ne sont pas encore communicables. Microoled prévoit d'intensifier sa R&D pour réduire les coûts de production et apporter de nouvelles améliorations en matière d'autonomie et de compacité de son système.

Par ailleurs, pour accompagner sa montée en charge industrielle, Microoled va investir 15 millions d'euros dans une troisième ligne de production, à Grenoble, en 2023. Une joint-venture va également être créée en Chine, courant 2022, avec un partenaire chinois pour la création d'une usine sur place.

Cette stratégie doit permettre à Microoled de multiplier ses capacités de production par 2,5 d'ici à la fin de l'année prochaine.

Ces investissements donneront les capacités à l'entreprise grenobloise de passer le cap des 50 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2024 et des 110 millions en 2026 (dont 50% réalisés par ActiveLook). Cette ambition ne devrait pas être impactée par la pénurie actuelle de composants électroniques. "Notre processus de production est assez long, nous travaillons très en amont avec nos fournisseurs ce qui nous permet d'éviter les ruptures".

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