Vaccins : l'auvergnat Walden distribue déjà des millions de doses en Europe

FOCUS. La campagne de vaccination lancée, comment le vaccin Pfizer, qui nécessite une chaîne du froid irréprochable à -70 degrés, s'acheminera-t-il au coeur des territoires ? En Auvergne, le géant de la distribution de produits de santé Walden est déjà mobilisé pour assurer la distribution de ces vaccins contre le Covid-19. Il a été sollicité, en premier lieu, par l'étranger.
Le groupe Walden a ainsi investi près de 15 millions d'euros dans des équipements de réfrigération (surgélateurs) ainsi que dans l'embauche de 140 chauffeurs pour adresser ce nouveau marché du transport de vaccins.
Le groupe Walden a ainsi investi près de 15 millions d'euros dans des équipements de réfrigération (surgélateurs) ainsi que dans l'embauche de 140 chauffeurs pour adresser ce nouveau marché du transport de vaccins. (Crédits : Walden group)

Avec 1,4 milliard d'euros de chiffre d'affaires et quelques 5.000 salariés, le groupe familial auvergnat Walden (ex- EHDH), s'affiche comme le leader européen de la supply chain des produits pharmaceutiques.

Et il se trouve désormais en première ligne de la distribution des vaccins contre le Covid-19 en Europe. Ses filiales, Movianto et Eurotranspharma notamment, se sont déjà chargées de la logistique et du transport de plusieurs millions de doses du nouveau vaccin Pfizer à travers l'Europe.

"Nous sommes spécialisés dans le transport de produits de santé. Donc, forcément, le sujet actuel du vaccin contre le Covid-19 est vite devenu prioritaire dans nos préoccupations. Nous travaillons depuis plus de six mois sur le sujet", confie Stéphane Baudry, dirigeant de cet empire familial créé il y a 70 ans à Clermont-Ferrand par son grand-père.

Un empire qu'il a su faire fructifier fortement, notamment avec le rachat du poids-lourd américain Movianto (2.500 salariés), l'année dernière. Le point fort de Walden : sa capacité à proposer une offre globale, de l'entrepôt logistique jusqu'au dernier kilomètre. C'est lui qui se charge chaque année en France, par exemple, de l'intégralité de la livraison du dernier kilomètre des vaccins contre la grippe.

Walden compte plusieurs sites en Auvergne-Rhône-Alpes : à Clermont-Ferrand donc, son berceau historique, mais aussi à Grenoble (38), Mions (69) ou encore Jonage (69).

Exclusivité aux Pays-Bas

"Nous avons construit une stratégie de distribution avec plusieurs pays européens depuis plusieurs mois. Par exemple avec les Pays-Bas, pour lesquels nous assurons l'intégralité de la logistique et de la distribution du vaccin", explique-t-il, sans pouvoir donner de détails sur les autres pays, car tenu à des contrats stricts de confidentialité.

Car depuis quelques semaines, la question du transport de ce vaccin, qui nécessite des conditions de transport particulières tout en présentant de forts enjeux stratégiques, y compris en matière de sécurité, mobilise un peu partout à travers le globe, jusqu'au coeur des territoires.

Avec à chaque fois, un protocole à développer différemment en fonction des besoins présents sur le terrain, mais aussi des infrastructures disponibles.

"Nous avons établi des procédures spécifiques pour chaque pays nous ayant sollicité", concède Stéphane Baudry.

Ainsi, pour certains de ses clients, Walden se charge par exemple lui-même de la décongélation des vaccins sur ses sites, avant de les transporter rapidement dans les centres de vaccination, où ils devront être administrés dans les cinq jours qui suivent. Tandis que pour d'autres, la société assure le transport dans des containers alimentés en carboglace.

"Le destinataire se charge alors lui-même de la décongélation", détaille le dirigeant auvergnat, en précisant que dans ces deux cas de figure, le transport se fait "sous température dirigée", c'est-à-dire entre +2 et +8 degrés.

Dans un contexte où le nombre de doses disponibles demeure très contraint pour l'instant, les acheminements se font majoritairement à destination des centres de vaccination. Lorsque les flux seront moins tendus, les filiales du groupe pourront acheminer les doses vers des sites plus éclatés, en fonction des choix de chaque Etat : les cabinets de médecins, pharmacies etc.

15 millions d'euros investis pour adresser ce marché

Pour assurer le stockage des doses, en amont du transport, Walden a investi plus de quinze millions d'euros dans des surgélateurs, capables de maintenir les doses de vaccin à une température de - 70 degrés, ainsi que dans des congélateurs et des chambres froides à différentes températures, afin d'être en capacité de stocker tous les types de vaccins.

L'entreprise a également recruté plus de 140 chauffeurs à travers l'Europe pour renforcer ses équipes, a réorganisé ses sites et a encore consolidé ses outils de contrôle.

Objectif : assurer un service sans accroc. "Il n'est pas question de gâcher des doses à cause d'erreurs logistiques. Nous sommes là sur une mission de service public avec un enjeu fort ", insiste Stéphane Baudry.

L'entreprise négocie directement avec les États mais des discussions sont également engagées avec les laboratoires pharmaceutiques pour des livraisons bien au-delà de ses 12 pays d'implantation actuels. L'impact business est pour l'instant très relatif pour l'entreprise aux dizaines de milliers de livraisons quotidiennes. Il n'empêche que le marché devrait devenir stratégique au cours des prochains mois, puisque la campagne de vaccination est appelée à s'intensifier aux quatre coins de l'Europe.

Quant au sujet de l'organisation de la chaîne logistique française du vaccin, et à l'instar de plusieurs autres acteurs du transports contactés, l'auvergnat Walden préfère ne pas s'exprimer, le sujet étant plutôt sensible actuellement...

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