En Auvergne, profiter de cette crise pour accélérer la transition agroécologique

[La relance vue d'ici] En pleine crise sanitaire, le syndicat des coopératives agricoles françaises, La Coopération Agricole, vient de renouveler son accord de partenariat avec le fonds de formation spécialisé dans l’agriculture, Vivéa. Tous deux sont conscients du rôle majeur qu’ils ont à tenir pour maîtriser les impacts de la crise sanitaire, faire des propositions pour un plan de relance et accompagner la transition agroécologique. Avec une ambition à peine voilée : contribuer à rebâtir une nouvelle souveraineté alimentaire française.
Pour les représentants du syndicat des coopératives agricoles, tout l'enjeu des prochains mois à venir sera de contribuer à rebâtir une nouvelle souveraineté alimentaire française, en commençant par mener des actions de formation de ses coopérateurs.
Pour les représentants du syndicat des coopératives agricoles, tout l'enjeu des prochains mois à venir sera de contribuer à rebâtir une nouvelle souveraineté alimentaire française, en commençant par mener des actions de formation de ses coopérateurs. (Crédits : DR)

Continuer à avancer, malgré la crise de la Covid-19. Après la signature d'une première convention de partenariat de trois ans (2017-2019), le fonds d'assurance formation Vivéa, créé en 2001 par les syndicats et organisations agricoles, et La Coopération Agricole, un tout nouveau syndicat (ex-Coop de France) fondé en début d'année, s'engagent à nouveau.

En pleine crise sanitaire, les deux organisations ont décidé de renouveler cette convention et s'apprêtent à proposer, ensemble, de nouvelles formations adaptées aux enjeux du secteur agricole et coopératif, au sein du territoire Auvergne-Rhône Alpes.

Le revenus des agriculteurs impactés par la crise sanitaire

En préambule à cette annonce, Dominique Chargé, président La Coopération Agricole, qui rassemble désormais 2.400 entreprises-coopératives agricoles et agroalimentaires à l'échelle nationale, tirait un bilan réaliste de la situation de l'agriculture pour l'année 2020 :

"Le contexte économique actuel est toujours marqué par des tendances fortes : volatilité des cours, y compris de l'énergie et des intrants, fluctuation des marchés, etc. Cependant, la crise du Covid-19 brouille un certain nombre de repères et rend l'environnement encore moins lisible."

A court terme, les exploitations et coopératives de plusieurs filières (lait, vin, etc) vont ainsi devoir absorber le choc économique lié à l'arrêt temporaire mais brutal de certains marchés, en particulier celui de la restauration hors domicile. "La survie de ces entreprises est donc en jeu", alerte Dominique Chargé.

 "A plus long terme, un nouveau modèle agricole va peut-être apparaître, qui devra garantir l'indépendance alimentaire du pays, la juste rémunération des producteurs et répondre à des attentes sociétales de plus en plus pressantes", espère-t-il. Ceci dans un contexte de diminution de la population agricole cependant, puisque l'Hexagone a perdu 15 % de son vivier agricole au cours des dix dernières années.

Tout l'enjeu des prochains mois à venir sera donc, pour les représentants du syndicat des coopératives agricoles, de rebâtir une nouvelle souveraineté alimentaire française, dans un contexte de transitions à la fois climatiques, numériques, démographiques et sociétales.

Un territoire marqué par la montagne

Plus localement, Patrice Dumas, président de la Coopération agricole Auvergne-Rhône-Alpes, rappelle qu'Auvergne Rhône-Alpes pourra s'appuyer sur un tissu économiquement fort en matière d'agriculture.

"Nous sommes la deuxième région française, avec des centres de consommation importants, et particulièrement bien placée en production sous signes officiels de qualité, avec par exemple, l'existence de 79 AOC viticoles, fromagères, fruitière, etc.", rappelle Patrice Dumas.

Ainsi, 67 % de la superficie de la région AuRA est classée en zone de montagne, avec une prédominance des productions animales, "nécessitant en particulier d'engager une action de fond pour renforcer la filière laitière, après la suppression des quotas laitiers en 2015", souligne Patrice Dumas.

Le tissu coopératif local est lui-même très actif : 270 entreprises coopératives et 160 filiales sont présentes sur le territoire AuRA, regroupant ainsi 3 agriculteurs sur 4 et employant au total 17.000 salariés, à quoi s'ajoutent 1.650 Cuma (Coopérative d'Utilisation de Matériel Agricole). On note une prédominance de petites entreprises spécialisées, au fort ancrage territorial, avec néanmoins quelques grandes entreprises présentes aussi à l'international.

Former aux enjeux du monde d'après

La feuille de route précédente de Vivéa prévoyait de faire monter en compétences les administrateurs des coopératives. Celle des années à venir élargira désormais ces objectifs à tous les agriculteurs adhérents des coopératives.

"Nous allons dynamiser la formation des coopérateurs et administrateurs des coopératives de la région", insiste Jean-Claude Darlet, président Vivéa Aura.

Sept collaborateurs de Vivéa œuvrent au développement de la formation continue en agriculture en AuRA. En 2019, 3.142 formations ont été réalisées et 6,34 millions d'euros ont été mobilisés pour financer ces formations dans la région. Selon lui, "la formation peut devenir un outil stratégique pour accompagner les projets des coopératives".

Cette démarche passera notamment par un repérage des compétences nécessaires aux adhérents, en lien avec les projets des coopératives. Vivea AuRA émettra ensuite des appels d'offres spécifiques en vue de développer des nouvelles offres, auprès d'organismes de formation. Celles-ci devront s'adapter au plus près des besoins des coopératives, et valoriser les expériences concrètes. Avec l'objectif d'engager le plus massivement possible les agriculteurs à se former, afin que 20 % des agriculteurs coopérateurs soient formés au minimum chaque année.

"Nous allons privilégier certains domaines de compétences pour permettre aux agriculteurs coopérateurs d'adopter une posture de veille stratégique pour leur entreprise, en maîtrisant les outils de l'analyse : diagnostic, modèle économique, responsabilité sociétale des entreprises", confirme Jean-Claude Darlet.

Concrétiser le changement dans les champs

Les offres de formations vont s'orienter sur des axes stratégiques qui soutiennent la transition agroécologique et une meilleure communication des coopérateurs auprès de la société civile et des consommateurs. D'autant que comme l'illustre François Périchon, représentant de La Coopération Agricole Auvergne-Rhône-Alpes au comité régional Vivéa, de nombreux projets engagés par des coopératives agricoles répondent déjà aux attentes de la société civile et du territoire.

Avec un objectif : restaurer notre souveraineté alimentaire et réussir la transition agroécologique du producteur au consommateur.

"Le projet UCAL Protéines, porté par les coopératives du département de l'Allier, propose par exemple un nouvel outil industriel pour approvisionner les filières animales (bovins, volailles et porcs) en protéines locales. A Varennes-sur-Allier (03), cette usine fabriquera des tourteaux protéinés, locaux, et non-OGM et sera opérationnelle pour transformer les graines de colza, tournesol ou soja de la récolte 2021", illustre François Périchon.

Dans le département du Puy-de-Dôme, la coopérative Limagrain Limagrain et le Saint-Nectaire se sont également lancés dans un projet luzerne pour remplacer la culture de la betterave, et répondre aux besoins des producteurs de Saint-Nectaire.

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