Comme de nombreuses autres entreprises de la filière textile, la PME stéphanoise (120 salariés sur trois sites,10,7 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2019) s'est lancée dans la course aux masques lavables.
Elle produit déjà plus de 20 000 masques barrières par jour : une quantité qui devrait doubler d'ici moins d'un mois.
"Nous améliorons nos procédés et nos partenaires : nous sommes aujourd'hui capables de multiplier par deux les volumes. D'ici mi-mai, nous produirons 40 000 masques par jour", constate Raphaël Laval, dirigeant d'AJ Biais.
Réorganisation de la production
Une semaine après la première intervention télévisée Emmanuel Macron, elle avait déjà élaboré son prototype - évalué à un niveau de filtration de 98,1% par la Direction générale de l'Armement (DGA) et lancé la production.
"Au lendemain du confinement, nous avions décidé de fermer l'usine car les trois-quarts de nos clients interrompaient leur activité. Mais très vite, nous avons compris que nous pouvions conserver une activité tout en apportant notre aide à l'effort collectif", raconte Raphaël Laval.
Désormais, 90 % de l'effectif stéphanois est affecté, dans une configuration différente de leur environnement de travail habituel, avec des machines plus espacées les unes des autres et une organisation désormais en 2 x 8, à la production de masques.
"Nous avons par ailleurs investi 30 000 euros dans des machines à coudre et des outillages. Nous n'étions pas équipés pour la confection", poursuit le dirigeant.
La moitié des 20 000 masques actuellement produits sont réalisés entièrement par AJ Biais. Pour l'autre moitié, l'entreprise s'est associée avec huit partenaires, dont trois de la Vallée du Gier (DBB, SR France et Orthopédix) pour l'épauler sur la confection, le plissage des masques et la finition.
Inventer le masque de demain
Alors que ses capacités de production augmentent de jour et jour, AJ Biais a d'ailleurs été retenue par la région Auvergne-Rhône-Alpes pour fournir une partir de la commande de l'institution pour équiper ses habitants. Dans ce contexte, l'entreprise réfléchit à une pérennisation de cette nouvelle activité, y compris après la crise.
"Nous réfléchissons à des conditionnements plus petits, pour le grand public, ainsi que pourquoi pas à une personnalisation. Avec cette crise, le port du masque va peu à peu entrer dans notre culture. Les acteurs de la filière doivent réfléchir, dès aujourd'hui, au masque de demain. Aujourd'hui, le masque de catégorie chirurgicale, lavable, n'existe pas. Pourquoi ne pas inventer ce nouveau produit. Et les nouveaux usages qui vont avec : la location, le lavage etc. Ce serait, en plus, bien meilleur pour l'environnement", souligne Raphaël Laval.
Mais ces masques pourraient-ils être compétitifs face à la production asiatique, dans un univers de la santé où les contraintes budgétaires sont fortes ?
"Oui, puisque ces masques seraient réutilisables. Si on ramène au coût unitaire, je pense que nous pouvons arriver à un produit compétitif", estime-t-il.
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