"L'écosystème auvergnat reste peu connu mais il possède des atouts" Catherine Chabanon, Le Bivouac

À la tête de l'accélérateur de startups auvergnat Le Bivouac depuis un an, Catherine Chabanon pose son solide regard d’experte de l'accompagnement du développement économique des territoires sur l’écosystème clermontois. Avec enthousiasme, elle reste persuadée que la Métropole et l’Auvergne comptent dans leurs rangs des pépites pour l’économie de demain. Et espère révéler la richesse de l’écosystème local, malgré la discrétion légendaire des Auvergnats.
(Crédits : DR)

La Tribune : Votre parcours professionnel vous a amenée à travailler dans de nombreuses régions en France. Quelles sont les particularités de l'écosystème Auvergnat ?

Catherine Chabanon : Clermont-Ferrand est l'ancienne capitale régionale, elle regroupe tous les services qu'offrait sa situation. Sa difficulté : ne pas les laisser partir. Ici, tous les gens se connaissent peu ou prou. Il est aisé d'entrer rapidement en relation avec les bons interlocuteurs. L'écosystème auvergnat reste peu connu, peu relayé dans les médias. Nous sommes dans une immense région dont la capitale est la deuxième ville de France. C'est compliqué d'exister face à Lyon. L'Auvergne possède un tissu industriel et un précieux savoir faire industriel. La crise du Covid-19 fait prendre conscience qu'une industrie locale reste un atout. Ici nous avons tous les atouts pour réindustrialiser.

Les entrepreneurs locaux ont la réussite plutôt réservée, modeste, même lorsqu'elle est indiscutable. Est-ce que cette posture passe muraille est un atout ou un handicap pour l'économie locale, pour l'attractivité du territoire ?

C'est un véritable handicap. Je viens de Montpellier. Là-bas, on fait tout briller, on parle de tout, même des coquilles vides. Ici, les coquilles sont pleines et personne n'en parle. Certains sont réticents à se mettre en valeur. Les entreprises doivent savoir mettre en avant leurs savoirs faire et leurs atouts, autre que touristique et autour de la production du fromage.

Quels sont les freins à l'économie locale sur lesquels Le Bivouac peut faire levier ?

Le Bivouac sert de catalyseur d'open innovation et d'initiateur. Nous avons la capacité d'accélérer les startups. Des sujets très intéressants sortent des laboratoires, de l'université. Nous savons les incuber et les faire décoller. Nous exerçons aussi une réelle attractivité à l'extérieur. Lorsque les startups parisiennes apprennent qu'elles peuvent décrocher un RDV avec un partenaire en une semaine, le changement de taille d'écosystème devient intéressant. Cela aide à décoller plus vite. D'autant que les industriels jouent le jeu de l'innovation, l'accès à un marché, la mise en réseau avec le national. Que les startups travaillent avec des acteurs auvergnats, c'est un moyen de développer l'emploi local.

Quels sont les atouts qui peuvent faire briller le territoire dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, à Lyon, à Paris ? A l'international ?

L'Auvergne possède de très bons laboratoires de recherche, des laboratoires d'excellence, l'Université Clermont Auvergne, l'I-Site CAP 20-25, qui porte l'ambition de faire du site Clermont Auvergne un leader national et international dans quatre grands domaines de recherche d'excellence en lien étroit avec le monde socio-économique dont l'industrie du futur, le pôle de compétitivité CIMES - 1er pôle français de la mécanique "smart manufacturing" -, Hall 32, un centre unique en France de promotion des métiers de l'industrie sans compter le Laboratoire d'innovation territorial (LIT) grandes cultures et de belles multinationales. Actemium, Atos, Aubert&Duval, Constellium et Michelin sont des leaders dans leurs domaines...

Le territoire ne manque-t-il pas de ressources en matière de dynamisme économique ?

De nombreux acteurs économiques soutiennent les projets et proposent des outils de financement. Ce sont de bons réseaux, je pense aussi à Marque Auvergne qui a accompagné certaines entreprises locales à Station F et à des entreprises florissante comme Picture, CSP, Monbento, Biovitis, Afyren, passé par Busy et nommé dans le programme French Tech 120 , Braincube, Dôme pharma, My bus, Yes it is, Carbiolice... toutes ces entreprises et bien d'autres tirent l'économie locale vers le haut.

Quels sont les types d'accompagnement que vous proposez ?

Nous proposons des programmes d'excellence avec plusieurs types d'accompagnement. Le programme Scale, avec un appel à projet Industrie du futur cette année et agriculture l'an prochain, en sourcing national. Il permet un accompagnement de 6 mois et s'adresse à toute la France, voir à l'international. Plus localement, le programme Boost s'adressent plutôt aux entreprises qui sortent des incubateurs locaux. Il concerne tout le territoire auvergnat et permet lui aussi un accès au marché et de booster la croissance. Nous pouvons proposer un accompagnement à distance. En 2020 nous allons ouvrir une antenne au Puy en Velay.

Justement, vous venez de dévoiler votre promotion de startups 2020 pour l'industrie du futur, quelles sont les lignes directrices de ce projet ?

Nous nous positionnons comme accélérateur pour l'accès au marché. Le meilleur moyen de réussir, c'est de mettre dans le même projet à la fois des startups et les clients potentiels qui vont leur permettre de déployer des solutions. L'idée, c'était d'avoir comme partenaires des opérateurs industriels avec des problématiques à résoudre. Allier la créativité et l'agilité des startups à l'expertise de grands groupes, acteurs de poids dans le secteur, dans une région où l'industrie est très dynamique, tel était notre objectif.

Les startups concernées existent, développent déjà un produit et affichent un chiffre d'affaires. Elles vont accélérer leur accès marché et pour certaines lever des fonds. Nous avons défini les axes sur lesquels nous souhaitons travailler. Ce sont les forces du territoire : l'agriculture, l'industrie et la santé-pleine santé. Toutes les forces nécessaires pour accélérer les startups sont présentes. Nous avons un système fort avec les pôles de compétitivité, des moyens d'accès à l'international et des entreprises dans ces trois domaines : Limagrain, Michelin... Il existe ici les compétences d'universités et de laboratoires de recherche.

L'écosystème existe et en transversal de ces trois axes, nous plaçons la mobilité et la transition énergétique. L'industrie est la première thématique : nous avons retenu quatre startups : GPC System (63), une société qui propose des solutions innovantes pour les processus de production et les performances d'équipements industriels, Energiency (69 et 35) dont le coeur de métier s'organise autour de la performance énergétique industrielle 4.0, Dillygence (78) dont la plateforme DispoX permet de modéliser des lignes de production et d'optimiser leur taux de production en temps réel et Usitab (84) dont l'application Synergytab facilite les échanges entre les collaborateurs.

Toutes les quatre suivront le programme d'accompagnement du Bivouac et travailleront avec des acteurs majeurs de l'industrie à partir du mois de mars.

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Commentaire 1
à écrit le 04/03/2020 à 13:03
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Un écosystème, quel qu'il soit, possède des atouts a condition qu'il reste peu connu!

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