
La succession de Bernard Gaud à la tête du Medef Rhône-Alpes s'annonçait paisible. Finalement elle mettra face-à-face deux candidats qui, à quelques semaines du scrutin - 21 juin -, pourraient en découdre avec un peu plus qu'une polie détermination.
D'un côté Patrick Martin, qui occupa le poste de 2007 à 2011, de l'autre l'actuel président du Medef Loire Eric Le Jaouen. Au sein du cénacle patronal, on l'admet d'ailleurs : "ça ferraille dur" entre des personnalités qui revendiquent des trajectoires professionnelles aux antipodes.
Patrick Martin est aux commandes de Martin Belaysoud Expansion (MBE), une ETI de 2 700 salariés et 660 millions d'euros de chiffre d'affaires spécialisée dans le négoce et la distribution industriels, Eric Le Jaouen pilote la société de conseil en ressources humaines Ginkgo (5 salariés).
"Le débat devra impérativement rester courtois"
Selon nos informations, la joute s'intensifie au fur et à mesure que l'issue approche. Et, à l'aune des candidats aux primaires américaines focalisés sur la conquête des délégués appelés à les désigner, les deux protagonistes s'emploient à convaincre les "votants" : 28 patrons de branches professionnelles et huit présidents de Medef territoriaux - ces derniers étendus à douze si les départements composant l'Auvergne sont invités à participer au scrutin, ce qui pour l'heure n'est pas tranché.
Entre un Patrick Martin mutique et un Eric Le Jaouen refusant de s'exprimer... sur son adversaire, le climat effectivement se tend.
"Ces deux prétendants sont de valeur et de légitimité égales ; j'espère que le débat restera courtois. C'est d'ailleurs une exigence impérative", prévient l'actuel président du Medef Rhône-Alpes, Bernard Gaud, "absolument neutre" dans le débat mais qui, interrogé sur le candidat ligérien, se veut laudateur : "Il est très présent et reconnu dans son territoire, il a mené des combats difficiles et a réussi à redimensionner et à redynamiser le Medef local."
Un Eric Le Jaouen qui, afin pour partie de consolider sa crédibilité, met en avant ses deux mandats nationaux : président de la commission des mandats territoriaux et membre du bureau de l'Unedic.
Des expériences d'entrepreneurs aux antipodes
Une "existence" nationale - dans le passé son adversaire fut lui-même membre du Conseil exécutif - appelée à contrebalancer un "écart" d'envergure professionnelle et entrepreneuriale auquel certains présidents de Medef territoriaux, Laurent Fiard, en tête, pourraient être sensibles.
"Je milite pour un Medef régional fort, influent et reconnu. La légitimité entrepreneuriale de celui qui l'incarnera est déterminante. Son parcours de patron et la réussite de son entreprise familiale crédibilisent donc particulièrement la candidature de Patrick Martin", tranche le président du Medef Lyon-Rhône.
Bernard Gaud peut en effet plaider, avec raison, que la taille de l'entreprise et la branche d'activité officiellement "ne pèsent nullement" sur le crédit des candidatures, lesdites taille et branche qui, une fois mesurées à MBE, caractérisent la société d'Eric Le Jaouen - démissionnaire de la vice-présidence de la structure rhônalpine pour se concentrer sur la conquête du strapontin supérieur - ne portent pas naturellement en sa faveur.
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Patrick Martin, fort de puissants réseaux au sein de l'organisation patronale, a-t-il été sollicité par certains hiérarques inquiets de la candidature de son rival "TPIste" ? Verdict dans moins de deux mois. En espérant, insistent des représentants patronaux, que ce scrutin ne réveillera pas les fantômes belliqueux aujourd'hui sinon disparus au moins mis en sommeil et qui gangrénaient il y a peu encore le monde patronal - inter et intra formations - régional.
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