L'e-commerce met les artisans du BTP en difficulté

Le syndicat de l'artisanat du bâtiment tire la sonnette d'alarme suite à l'explosion des ventes des matériaux sur internet. La Capeb pointe les dangers pour les usagers mais aussi les répercussions pour les professionnels, notamment autour de la question de la garantie. Sur ce dernier point, la confédération souhaite un ajustement de la législation.

Une étude publiée par la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) du Rhône, dévoilée ce mardi, met en évidence une tendance qui inquiète les professionnels du secteur : l'explosion des achats sur internet et directement par les consommateurs des matériaux de construction. En France, ces acquisitions représenteraient 57 milliards d'euros sur un an. Une hausse significative - +50% en un an pour le matériel de plomberie et de chauffage -, qui pousse les acteurs à réagir :

"Il y a trois ans, notre précédente enquête révélait qu'un plombier/chauffagiste sur 100 se sentait concerné par cette évolution. L'étude de cette année montre que ce chiffre explose. Désormais, un sur deux estime que cette tendance le concerne directement", dévoile Arnaud Dromain, vice-président de la Capeb du Rhône.

Des risques pour le consommateur

L'explosion de la hausse des achats sur internet est soutenue par une conjoncture économique difficile et à une plus grande mobilité des citoyens. Pour la Capeb, cela engendre une hausse des risques : les matériaux achetés à un prix bas par les consommateurs sont souvent de mauvaise qualité. Des matériaux avec lesquels les professionnels doivent ensuite travailler (évier, tuyauterie, etc.)

Ainsi, les arrêts de chantiers se multiplient, les dégâts s'accumulent. Plus graves, selon la Capeb, un matériel de chauffage défectueux peut même entraîner le décès de l'utilisateur. Une opération de sensibilisation a été mise en place par la confédération qui vise à lister les questions qu'il convient de poser avant toute décision d'achat.

Outre le problème de sécurité pour les usagers, la Capeb met en avant le problème de la garantie de ces produits. Si les usagers font appel à des professionnels pour poser les matériaux, ce sont désormais ces derniers qui assurent la responsabilité et donc la garantie du produit. Une aberration pour les professionnels : "Comment être garant de la qualité des produits posés alors même que l'on ignore leur provenance ?", s'interroge M. Dromain.

Quelles répercussions économiques ?

Selon l'organisation, les répercussions économiques de cette nouvelle tendance n'impactent pas pour le moment le chiffre d'affaires de la profession. "La baisse de nos marges sur les fournitures est compensée par une hausse du prix de la main d'œuvre", explique le vice-président. Une marge sur les fournitures qui permettaient, notamment, d'assurer la garantie en cas de besoin...

Cependant, n'étant plus certains de la provenance et de la qualité des produits, "la majorité des adhérents" refusent d'effectuer les travaux, préférant laisser passer un marché que de se mettre en difficulté.

Militer pour un changement de loi

A terme, cette situation n'est pas tenable, estime l'organisation.  "De nombreuses réunions ont déjà commencé avec les distributeurs et un rendez-vous a été pris avec les principaux fabricants pour agir", explique M. Dromain.

La Capeb envisage aussi d'agir sur les conditions générales de vente ou de faire changer la loi. " Si les consommateurs fournissent les matériaux pour les travaux, les professionnels ne doivent pas assurer la garantie s'il y a des problèmes", estime le représentant.  Dans une moindre mesure,  il propose également une hausse de la durée de garantie de 2 à 5 ans, afin de lutter contre " l'obsolescence programmée" des produits.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 07/12/2016 à 13:36
Signaler
C'est un peu tard pour réagir...tout est parti quand Mitterrand a libéré les prix en 1985.Les magasins de bricolage en tous genres qui vendent des produits non NF à des prix chinois, l'effet boule de neige jusqu'à aujourd'hui. Tout le monde fait n'i...

à écrit le 29/09/2015 à 18:34
Signaler
Au lieu de demander encore des lois (bonjour la complexité!!) les artisans devraient commencer par réfléchir (le peuvent-ils?) sur des circuits de distribution plus directs. Entre l'usine de matériaux et le client de l'artisan il y a surement des in...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.