Les fabuleuses sandales de Max Vincent

Par Aurélien Tournier  |   |  503  mots
Christian Félix dans ses locaux.
Le savoir-faire autour de la chaussure et du travail du cuir a longtemps fait les beaux jours de la ville de Romans-sur-Isère (Drôme). Si de grands noms ont aujourd'hui disparu, de jeunes créateurs continuent à participer à cette notoriété. La société « Création Max Vincent » en fait partie.

Anciens cadres du chausseur Stéphane Kelian, alors en liquidation, Christian Félix et Michel Brissot ont choisi de reconvertir leur savoir-faire en février 2006 dans un atelier de chaussures. « On avait envie de créer quelque chose » lâche Christian Félix. Le choix s'est porté sur l'entreprise « Création Max Vincent ». Fondée en 1975 et implantée dans les Alpes-de-Haute-Provence, la société est spécialisée dans la fabrication de sandales en cuir. « L'artisan partait à la retraite. On a souhaité continuer son activité et la faire évoluer » poursuit-il.

Des clients au Japon

Un an plus tard, l'activité était transférée à Bourg-de-Péage, dans une pépinière d'entreprises. Trop à l'étroit et mal située, elle est aujourd'hui installée dans des bâtiments flambant neufs à Mours-Saint-Eusèbe, près de Romans-sur-Isère. Un investissement de 250 000 euros. Si le nouvel emplacement s'est révélé efficace - l'atelier et le magasin étant situés sur un axe très fréquenté -, les deux associés ont aussi misé sur Internet pour développer leurs ventes. Une révolution pour une marque qui n'était alors commercialisée que sur les marchés régionaux.

Aujourd'hui, 2 500 à 3 000 paires de sandales (50 références) sont produites chaque année. Si 80 % des ventes se réalisent dans l'hexagone, l'entreprise livre aussi dans toute l'Europe, aux États-Unis et fabrique même des modèles pour le Japon. Et Christian Félix voit plus loin. « Nous allons proposer un nouveau site Internet dès septembre. Nous espérons capter de nouveaux clients et notamment des jeunes » commente-t-il. A ce jour, 15 000 clients sont enregistrés dans sa base de données. « Des clients fidèles », attachés à la qualité et à l'artisanat local.

Bien que la croissance de l'entreprise soit sur une pente ascendante, il n'en reste pas moins que le marché reste délicat. « L'année 2013 a été difficile. On est tributaire de la météo. Il n'y a pas eu de véritable printemps, on a donc raté le début de saison. Il y a aussi une baisse du pouvoir d'achat » analyse Christian Félix.

Avancer ensemble

Pour autant, celui-ci reste optimiste quant aux années à venir. « Mon associé est parti à la retraite l'an dernier. Une sandale, c'est 40 opérations manuelles. Je travaille avec des sous-traitants pour certaines d'entre elles, ainsi qu'avec les élèves du lycée du Dauphiné qui se forment aux métiers de la chaussure. Mais j'envisage de recruter 1 à 2 personnes dans les prochains mois » précise-t-il.

De nouvelles synergies avec d'autres professionnels de la filière cuir-chaussure sont en effet envisagées. L'association Romans cuir, regroupant des entreprises locales, a remporté en décembre dernier un appel à projets national porté par le Ministère du redressement productif. Celui-ci visait à revaloriser et innover dans les savoir-faire emblématiques du fabriqué en France. Bien que positionnées sur des segments différents, ces sociétés ont choisi de s'unir pour accompagner le nouveau modèle économique des chausseurs romanais.