Régionales 2021 : en AURA, l’opposition parviendra-t-elle à renverser la donne ?

ENJEUX. Après des semaines d’attente, le président LR de la Région Auvergne Rhône-Alpes Laurent Wauquiez a finalement levé le voile, mi-mai, sur sa candidature à sa réélection. Omniprésent sur le terrain, celui qui se place comme l’un des principaux adversaires à la gestion sanitaire gouvernementale caracolait toujours en tête au sein des récents sondages. Dans une région où le RN demeure présent, mais ne semble pas constituer une véritable menace au second tour, son opposition éclatée (LREM, PS, Verts et LFI) parviendra-t-elle à rassembler ?
Un nouveau sondage Ifop-Fiducial-Lyon Capitale, publié ce mardi, créditait à nouveau Laurent Wauquiez de 36 % des intentions de vote au premier tour, et de 38% au second.
Un nouveau sondage Ifop-Fiducial-Lyon Capitale, publié ce mardi, créditait à nouveau Laurent Wauquiez de 36 % des intentions de vote au premier tour, et de 38% au second. (Crédits : DR)

En Auvergne Rhône-Alpes, les dernières semaines ont ressemblé aux précédentes, ou presque. Car malgré la campagne des régionales qui démarrait doucement et quelques dossiers à connotation politique (Affaire ERAI, enregistrements de Laurent Wauquiez diffusés par Mediapart, etc), la joute n'avait pas officiellement démarré sans l'annonce de la candidature à sa réélection, du président LR sortant. C'est désormais chose faite depuis une dizaine de jours, puisque Laurent Wauquiez a enfin levé le voile sur ses intentions, et affiche depuis une vitesse de croisière : dévoilement de son plan de campagne, de sa liste, annonces de ses premières mesures sécuritaires ce mardi...

L'ex-président des Républicains (qui avait démissionné à l'issue du score enregistré par son parti aux Européennes -8,5 % des voix- en 2019) a d'ailleurs choisi de ne pas s'exprimer publiquement sur les querelles intestines de son parti en Région Sud, et semble vouloir capitaliser sur son assise politique pour tracer sa route vers une réélection promise par les récents sondages.

Que ce soit ainsi en juillet 2020 (OpinionWay /La Tribune), en novembre 2020 (Ifop/Lyon Capitale/Sud Radio), ou encore en mai 2021 (Ipsos / SopraSteria pour France télévisions) : le président sortant est toujours crédité d'une forte avance sur ses adversaires. Soit entre 30 et 31% au premier tour, et entre 34 et 36% au second. Un récent sondage Ifop-Fiducial-Lyon Capitale, publié ce mardi, créditait à nouveau Laurent Wauquiez de 36 % des intentions de vote au premier tour, et de 38% au second.

Une gauche dispersée, et un RN toujours en embuscade

Il faut dire que face à lui, la concurrence est rude, mais toujours pas rangée : avec d'un côté, le député LREM Bruno Bonnell, qui s'attaquait encore récemment directement dans la presse au bilan de Laurent Wauquiez, et n'hésitait pas à réfuter tout projet d'alliance avec LR, à l'image des rebondissements enregistrés en région Sud entre la liste de Renaud Muselier et celle de Sophie Cluzel.

Car le candidat affiché en soutien au gouvernement l'affirme : « La situation en PACA, c'est d'abord faire barrage au Front national (...). En Auvergne-Rhône-Alpes, la situation n'est pas la même et il n'est pas question d'alliance ou de discussions. Ma liste de premier et de second tour sera la même ».

Mais Bruno Bonnell est loin d'être le seul à vouloir ravir la tête de la région à la droite : la gauche avance elle aussi, en rangs dispersés, avec trois candidatures féminines cette fois : celle de l'écologiste Fabienne Grébert, première à être partie au front à l'automne dernier après le vote des militants EELV, puis la sénatrice communiste ligérienne Cécile Cukierman, conseillère régionale depuis 2004, qui n'a pas choisi pour l'heure de se ranger derrière les Verts et mènera une liste commune PCF-LFI.

Et enfin, last but not least, l'ex-ministre de l'Education nationale Najat Vallaud Belkacem, dont la candidature, présentée de manière « naturelle », semble avoir fait l'unanimité à gauche. A tel point que les discussions, qui courraient depuis plusieurs mois entre écologistes et PS, ne sont pas parvenues à s'entendre justement sur une tête de liste commune, chaque parti souhaitant conserver la sienne.

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Une union qui semble donc avortée à gauche en vue du premier tour, face, en AURA comme ailleurs, à la menace que représente la liste du Rassemblement national, menée justement... par un ancien de LFI. Passé désormais à l'extrême droite de l'échiquier politique, Andréa Kotarac,  ancien conseiller régional, se place tout de même en seconde position au sein du dernier sondage Ifop mené début mai (à 19% des intentions de vote), soit devant LREM (16%), EELV (13%), le PS (11%) et LFI (5%).

Ces intentions de vote concernant l'extrême droite se révéleraient toutefois légèrement moins élevées que les scores, enregistrés lors des dernières élections en 2015, par l'ancien candidat RN Christophe Boudot (25%), qui se plaçait à l'époque juste derrière Laurent Wauquiez (31%) et devant le PS représenté par Jean-Jack Queyranne (23%) et EELV (6,9%) et le PCF (5%).

Deux cas de figure à gauche au second tour, mais un seul résultat

Mais le risque d'une candidature RN lors du second tour serait, en 2021 comme déjà en 2015, mécaniquement diminué par une alliance de la gauche, qui, quelle que soit la configuration, semblerait à ce stade l'emporter sur le RN... mais pas sur la liste LR de Laurent Wauquiez.

Car si les écologistes, partis en campagne les premiers cette année, veulent en effet encore croire à l'effet de la « vague » enregistrée au sein des métropoles et villes alpines en juillet dernier, force est de constater que le morcellement de la gauche semble pour l'heure un obstacle à leur dessein.

Car dans le cadre d'une quadrangulaire LR - RN - LREM et PS/EELV, les derniers sondages rappellent qu'une liste conduite par la socialiste Najat Vallaud Belckacem permettrait tout juste de se hisser en seconde position des intentions de vote à 26% (soit derrière LR à 34%, mais devant LREM et le RN, tous deux à 20%).

Et dans celui où l'écologiste Fabienne Grébert conduirait elle-même cette liste, le score de la liste de gauche est évalué à un point de plus (27%), contre toujours 34% pour LR et même un point de grignotté sur LREM (19%), qui passerait ainsi derrière le RN (20%).

Pour rappel, les régionales de 2015 s'étaient soldées par un score de 40,6% pour Laurent Wauquiez, 36,8% pour son adversaire PS, et 22,5% pour le FN. Seule différence : à l'époque, la liste de LR avait également rassemblé le centre dès le premier tour, même si l'ex-maire de Lyon, Gérard Collomb, avait quant à lui appelé à voter pour le PS.

Le rassemblement, pour quand ?

Une fois encore, le RN risque donc d'être l'arbitre de ce premier tour, -non loin de LREM, qui se défend lui aussi de toute stratégie d'alliance à ce stade-, dans un contexte où EELV comme PS affirment officiellement vouloir aller jusqu'au bout. Le tout, en ne cachant pas leur projet de fusionner lors du second tour.

Car chez les Verts comme au PS, on est bien conscients que l'union est la seule manière de contrer la droite. C'était le discours du maire EELV de Grenoble, Eric Piolle, engagé symboliquement sur la liste de Fabienne Grébert :

"Le mode de scrutin des régionales fait que l'on doit avoir un rassemblement, la question est de savoir s'il aura lieu au premier ou au second tour. Mais ce n'est pas une question sur le fond, le rassemblement devra se faire", estimait le maire EELV de Grenoble, pressenti également pour la primaire écologiste de 2022.

Ou encore de la candidate PS Najat Vallaud Belckacem, qui affirmait à La Tribune : "Potentiellement, ce rassemblement finira par aboutir avant le premier tour, ce qui serait l'idéal, ou bien au soir du premier tour, mais avec des bases jetées bien plus solides". Reste à déterminer si cette stratégie sera la bonne, pour l'opposition, qui souhaite détrôner Laurent Wauquiez.

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Commentaire 1
à écrit le 27/05/2021 à 18:23
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Si Laurent Wauquiez est maintenu alors les lyonnais devront s'asseoir sur le remboursement 387 millions d'euros correspondant à 20 % de surtaxe de la TEOM par la métropole de Lyon réclamé par l'association Canol. Ainsi Laurent Wauquiez prétend ...

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