Numérique : des pistes pour former les citoyens de demain

Superdemain ouvre ses portes aux Subsistances. L'occasion pour le grand public de découvrir la culture numérique. Mais aussi d'y être sensibilisé. Dans ce secteur, où les autodidactes sont rois, les modalités d'apprentissage ne passent pas uniquement par le canal classique qu'est l'école. Si bien que le numérique peut parfois être source d'inégalités sociales.

"Nous souhaitons mobiliser les familles autour de la question de la culture numérique, en alliant le ludique et le pédagogique", explique Pauline Reboul, co-directrice de Fréquence écoles. Cette association organise depuis 2012 un événement autour de la culture numérique : Superdemain. Après une première journée pour les professionnels et les scolaires aujourd'hui, l'événement qui se tient aux Subsistances sera ouvert à tous samedi 19 mars.

"Les enfants ont des pratiques numériques de plus en plus tôt. Dès 4 ou 5 ans, ils jouent sur tablette. Nous devons les accompagner dans cette découverte", poursuit l'organisatrice de Superdemain.

Des canaux de transmission atypiques

Car, à l'image de ce type d'événement encore trop rare, les modalités d'apprentissage du numérique ne passent pas par les canaux classiques. Pour Bruno Devauchelle, enseignant à l'université de Poitiers, et auteur du livre "Comment le numérique transforme les lieux de savoirs", "l'acquisition de la compétence numérique a lieu en dehors des repères habituels :

Il existe ainsi "trois acteurs dans la formation au numérique".

A commencer par l'individu lui même : "chacun de nous, dans notre pratique" peut être acteur, estime le chercheur. Le numérique bouscule la pédagogie dans le sens où se former nécessite d'être un brin autodidacte. "Il est possible d'apprendre seul, d'apprendre à apprendre", poursuit dans ce sens Pauline Reboul.

Devenu un "impératif de réussite", le numérique peut aussi creuser les inégalités "à partir du moment où l'apprentissage se fait dans ces champs alternatifs", détaille Bruno Duvauchelle avant d'ajouter :

"Ceux qui en profitent le plus ce sont ceux qui ont un capital culturel fort."

Autrement dit, cette fracture sociale n'est pas tant liée aux équipements matériels qu'au niveau de capital, transmis ou acquis. Un phénomène qui ne fait pas figure d'exception en matière culturelle : "nous retrouvons le même processus que ce qui s'est passé avec les livres, eux aussi facteurs d'inégalités."

Le numérique, nouvelle norme sociale

Pour faire face à cette révolution numérique, où la maitrise technologique devient de plus en plus un prérequis à l'intégration du citoyen voire "une base fondamentale", selon Jean-Claude Diry, inspecteur pédagogique régional, l'école tente de tenir son rôle.

Malgré des avancées, notamment un plan d'un milliard d'euros sur trois ans annoncé par le président Hollande pour une "école du numérique", l'instance reste pour le moment largement en retard selon Michel Guillou, expert du numérique éducatif :

"L'école n'a pas opéré des modifications des modes de transmission des savoirs". En somme, "même si des outils existent, nous n'avons pas adapté les façons d'enseigner."

Un constat que Jean-Claude Diry relativise :

"Les jeunes professeurs ont désormais obligation d'acquérir une certification numérique. Aujourd'hui 90 % des professeurs sont convaincus que l'utilisation du numérique est un plus. Il y a trois ans, ils n'étaient que 65 %."

Toutefois, pour Bruno Devauchelle, enseignant à l'université de Poitiers :

"Même si la situation évolue avec la mise en place de nouveaux programmes qui intègrent le numérique, nous avons trop longtemps hésité entre le modèle classique et une vision plus opportuniste. La société n'a pas cru que le numérique devenait une norme sociale."

Alors, il préconise de réformer les formes et pas seulement les contenus des cours. "Nous devons penser à la notion d'apprentissage plutôt que de penser uniquement à la notion d'enseignement."

L'entreprise, lieu d'apprentissage du numérique

Laisser davantage de place aux espaces transdisciplinaires, à l'image des TPE ou des itinéraires de découvertes, ou encore développer davantage le modèle de classe inversée peuvent apparaitre comme des pistes de réforme. Il semble que c'est dans cet esprit que Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation, a intégré de nouveaux Enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) dans la réforme du collège qui s'appliquera à la rentrée 2016.

Dernier lieu d'appropriation de la culture numérique, l'entreprise. Ces dernières développent par exemple des MOOC afin de former leurs collaborateurs. Une formation par l'action qui répond à des besoins d'une montée en compétence. Bruno Devauchelle intervient dans les sociétés qui souhaitent développer une culture numérique. Et si l'entreprise progresse dans ce domaine, quelques freins persistent : "nous devons en moyenne compter deux ans pour que l'importance du travail collaboratif à distance prenne sens."

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Commentaire 1
à écrit le 22/03/2016 à 11:23
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L AVENIR DE LA FRANCE ET DANS LE TOUS NUMERIQUES CELA VAS REVOLUTIONEZ NOTRE FACON DE VIVRE ET DE PRODUIRE DE S INFORMEZ DE COMUNIQUE DE SEDUQUE ET J EN OUBLIE PEUT ETRE ?IL NE FAUT PAS RATEZ CETTE EVOLUTION NUMERIQUE EN FRANCE???

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