"N'étouffons pas l'économie collaborative avec des lois" (PME Centrale)

Gaëtan de Sainte Marie, le fondateur de PME Centrale, une centrale d'achats collaborative pour les PME en France, publie avec Antoine Pivot un livre sur l'économie collaborative intitulé "Ensemble on va plus loin". Une injonction aux entreprises issues de l'économie traditionnelle pour qu'elles "s'inspirent de l'économie collaborative". Pour lui, celle-ci n'a pas encore atteint ses limites, elle en est même à ses prémices.
Pour Gaëtan de Sainte Marie, les entreprises dites "traditionnelles" devront peu à peu intégrer du collaboratif dans leur fonctionnement.

Acteurs de l'économie - La Tribune. Le député de l'Ardèche, Pascal Terrasse vient de remettre son rapport sur les enjeux de l'économie collaborative au président de la République. Parmi les axes développés, il évoque la nécessité d'un meilleur encadrement fiscal, mais aussi une plus grande protection des prestataires ainsi qu'un besoin de régulation des plateformes. Partagez-vous ces préconisations ? Pensez-vous qu'elles sont adaptées au système de l'économie collaborative ?

Gaëtan de Sainte Marie. Je comprends parfaitement qu'il faille encadrer ces nouveaux modèles économiques. Il est logique que toute personne ayant un travail contribue au système français. Mais le risque est de mettre un chapeau sur les entrepreneurs, alors même qu'ils favorisent le développement économique, participent à la diminution du chômage.

Je regrette seulement que nous voulions tout de suite faire des grandes lois, car tout va vite. Cette économie collaborative a besoin d'agilité. À un moment, il faudra que les règles soient les mêmes pour tous, mais attention à ne pas étouffer le phénomène dans l'œuf.

Dans votre ouvrage*, vous posez pour postulat de départ que chaque entreprise, même celles issues de l'économie traditionnelle, devra, à terme, évoluer vers davantage de collaboratif. Comment, par exemple, une entreprise de câblage peut-elle l'intégrer ?

Prenons le modèle développé par BlaBlaCar : il est possible de réaliser un retour direct sur la prestation, via des commentaires sur le site. En France, nous avons tendance à ne pas vouloir voir les problèmes. Or, il faut les utiliser pour innover, ils permettent de transformer l'entreprise. Cela passe par le collaboratif.

Chaque entreprise peut s'en saisir, qu'elle ait 20 ou 600 employés. Mais il faut y aller par petites touches et voir comment cela mûrit.

Vous écrivez : "La lourdeur de certaines entreprises offre à des entrepreneurs en herbe de nombreuses opportunités". Vous faites référence à la rigueur administrative ?

Non, justement, mais au fait que peu à peu, les entreprises se mettent dans des schémas de pensée et se brident. Je parle plutôt de lourdeurs dans l'écoute de son marché. Pour moi, les collaborateurs sont des capteurs de multi-tendances. Mais pour cela, il faut accepter que son entreprise bouge en permanence.

Selon vous, pourquoi l'économie collaborative émerge ces dernières années ?

Elle est en réalité très ancienne puisqu'au début du siècle, il existait des coopératives agricoles. A l'époque, il fallait du lien et de la proximité. Aujourd'hui, les moyens de communication sont globaux ce qui permet de se développer au niveau mondial.

Cette évolution des outils est corrélée à une évolution des mentalités. En entreprise, les jeunes recherchent du sens et du concret. Il s'agit réellement d'une tendance de fond.

Malgré cette vague du collaboratif, ne sommes-nous pas plutôt dans une tendance qui risque bientôt d'atteindre ses limites ? Le marché de l'hébergement n'est-il pas déjà monopolisé par Airbnb ?

Aux États-Unis, lorsque j'ai été en formation à Berckley et Stanford, on évoquait l'économie collaborative aux côtés de Facebook ou Microsoft. L'économie collaborative est la prochaine étape du développement économique. Je suis persuadé que nous n'en sommes qu'au début.

Dans le monde de l'entreprise, les gens réalisent qu'ils ont besoin de travailler ensemble. Les dirigeants sont désormais en capacité de se dire que là où ils se situent leurs points faibles, ils peuvent aller voir les autres.

En France, un état d'esprit d'entrepreneur s'est développé. Il faut le tirer vers le haut. L'économie collaborative s'inscrit dans ce processus. En ce qui concerne Airbnb, d'autres entreprises vont se créer : elles seront plus spécialisées.

On parle souvent d'uberisation de la société. Un terme plutôt connoté négativement. Partagez-vous cet avis, pas tant sur la forme mais sur le fond ?

Uber ne fait plus vraiment partie de l'économie collaborative. Ce terme est plein de fantasmes mal placés. Il est dommage que le mot "uberisation" soit pris de façon négative. En anglais, on utilise le mot "disruptive" que je trouve plus approprié. Pour ma part, je parlerai de feu d'artifice. Il faut le voir comme une opportunité de développement pour les PME et l'économie.

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Commentaire 1
à écrit le 18/02/2016 à 7:21
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L'economie collaborative ? un joli mot pour travail précaire.

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