Wind Fisher, le pêcheur de vents grenoblois développe une éolienne volante innovante

La startup grenobloise Wind Fisher travaille sur un concept innovant d’éolienne volante. Objectif : faire voler ses ballons en pleine mer pour produire de l’énergie qui sera ensuite synthétisée en carburant sur une plateforme maritime puis ramenée à terre pour être dispatchée dans les stations. La direction compte lever 2 millions d’euros d’ici à 2024 pour développer son nouveau prototype.
(Crédits : DR)

Et si l'avenir de l'éolien passait par les cerfs-volants ? Une poignée de startups dans le monde travaillent sur ce sujet des éoliennes volantes, notamment les Allemands Skysails et Kitekraft ou, en France, la Bordelaise Kitewinder. Leur niveau de maturité est plus ou moins avancé mais aucune n'est encore en capacité de produire de l'énergie en masse. Et c'est précisément sur ce point que la jeune pousse Wind Fisher (traduction de « Pêcheur de vent »), accompagnée par la pépinière grenobloise Innovallée Tarmac, entend tirer son épingle du jeu. Avec un positionnement technologique différent des pistes explorées par ses consœurs. La plupart de ces dernières utilisent, pour leur éolienne volante, des ailes en profilés rigides ou des voiles en profilés souples. Wind Fisher a fait le choix, pour sa part, d'ailes cylindriques semi-rigides, en rotation pour exploiter l'effet Magnus, ce fameux effet donné par exemple à leur ballon par les footballeurs lorsqu'ils enroulent leur frappe.

Meilleure acceptabilité sociétale

Créée en juin 2021 à Grenoble par le Franco-Américain Garrett Smith, un ancien de Boeing et Airbus, associé au Docteur en Sciences Physiques Armand Tardella, la jeune entreprise Wind Fisher planche sur un concept de cerf-volant ballon, gonflé à l'hélium (et donc plus léger que l'air), effectuant un vol dynamique en vent de travers. Arrimé au sol via des câbles, le ballon effectue des mouvements de va-et-vient et produit de l'énergie acheminée à un transformateur au sol. L'énergie est produite dans la phase de traction. Dans l'étape de rétraction, une partie de l'énergie produite est consommée mais maintient un niveau de production performant.

« Nos ballons peuvent voler jusqu'à 500 mètres de haut, ce qui permet d'accéder à des vents plus intenses. Ils sont deux fois plus productifs que des éoliennes au sol », commente Garett Smith, assurant que leur acceptabilité sociale sera par ailleurs certainement bien plus aisée.

« Il n'y a pas de mat imposant et permanent. Et puis lorsque le vent est absent, il est possible de poser le cerf-volant au sol, plus personne ne le voit alors dans son horizon. Autre avantage : notre éolienne tourne en hauteur, nous pensons qu'elle ne générera pas de nuisance sonore ni d'effet stroboscopique qui peut être désagréable ».

Côté sécurité, l'entrepreneur est serein : « Le ballon est gonflé à l'hélium, il est plus léger que l'air, il n'y a donc aucune raison pour qu'il tombe... A terme, comme lorsqu'un avion passe au-dessus de votre tête, vous ne vous demanderez plus si l'éolienne risque de s'écraser ».

Alimenter les sites isolés pour commencer

Wind Fisher a, pour l'instant, construit un démonstrateur de deux mètres d'envergure capable de produire 500 watts à 1 kw, en autofinancement (subventions et aides de Bpifrance notamment). En doublant la taille du cerf-volant, la machine pourrait produire 5kw, une taille suffisante pour alimenter une maison d'habitation.

Avec 25 mètres d'envergure, le dispositif pourrait produire 100 kw, soit la consommation moyenne de 30 à 50 maisons.

La startup vise les producteurs d'énergie en site isolé, les sites industriels, les immeubles de bureaux et le marché du résidentiel. Pour avancer sur son chemin, Wind Fisher (1 salarié) est actuellement en recherche d'un financement de 200.000 euros (en love money) et envisage une levée de fonds de deux millions d'euros en 2024 afin de développer son prototype de 5 kw, qui lui permettra ensuite de s'acheminer (vers 2026) sur une éolienne volante capable de produire 100 kw.

Dans une étape beaucoup plus lointaine, à horizon de 15/20 ans, les fondateurs de Wind Fisher s'imaginent bien aller au bout de leur pêche au vent. Avec des cerfs-volants en capacité de capter la forte énergie des vents persistants en haute mer pour tirer un sous-marin avec hydroliennes et stockage de produits chimiques. L'ambition : synthétiser en mer sur des plateformes maritimes un carburant décarboné, à base d'ammoniac, qui sera ensuite utilisé sur terre.

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