Avec 5 millions levés, MagREEsource pourra débuter sa production d’aimants à base de terres rares recyclées

Alors que jusqu'ici, la production d'aimants, nécessaires à la transition énergétique de nombreuses industries (robotique, éoliennes, batteries...) était monopolisée par la Chine. Et la startup grenobloise MagREEsource pourrait bien contribuer à redévelopper une forme de souveraineté dans ce secteur. La spin-off du CNRS, qui travaille sur l'industrialisation d'un procédé de recyclage et de production d'aimants à base d'hydrogène, vient de compléter une levée de fonds de cinq millions d'euros, qui acte ainsi la création de sa première usine pilote mi-2023 en Isère. Avec à la clé, le recyclage et la production de 50 tonnes d'aimants annuels, et un second projet de « mega factory » dans les cartons.
La technologie de MagREEsource, développée par la chercheuse Sophie Rivoirard, consiste à séparer l'acier des terres rares composant les aimants, grâce à un réacteur alimenté en hydrogène.
La technologie de MagREEsource, développée par la chercheuse Sophie Rivoirard, consiste à séparer l'acier des terres rares composant les aimants, grâce à un réacteur alimenté en hydrogène. (Crédits : DR MagREEsource)

La spin-off du CNRS de Grenoble, créée il y a deux ans, ambitionne de devenir le leader européen du recyclage et de la conception d'aimants. L'isérois compte en effet se positionner sur ce marché, encore largement dominé par la Chine, et dont les besoins sont en pleine expansion dans un contexte de transition énergétique, qui fait augmenter la demande en aimants de différents secteurs : industrie automobile, robotique, éoliennes...

Fin 2022, MagREEsource a complété une levée de fonds de cinq millions d'euros avec des investisseurs privés et des fonds européens comme Tangent Line (PFR Poland), Finindus (ArcelorMittal et la Région Flamande) et EIT RawMaterials.

Une somme qui va désormais lui permettre non seulement d'ouvrir, dès 2023, sa première usine pilote à Noyarey (Isère), sur le bassin grenoblois mais aussi d'acquérir des machines, de continuer sa R&D et d'embaucher. Près de 50 tonnes d'aimants annuels pourraient ainsi être produits d'ici la fin de l'année, avec l'embauche d'une vingtaine de salariés.

Répondre à une demande de plus en plus exigeante

« Nous nous situons au cœur d'un marché qui va doubler d'ici 2030, anticipe Erick Petit, CEO et co-fondateur de MagREEsource. Avec la transition énergétique, toutes les technologies ont besoin d'aimants. Mais il y a un problème de ressource en terres rares et de recyclage. »

La technologie, développée par la chercheuse Sophie Rivoirard, consiste en effet à pulvériser les déchets d'aimants, grâce à un réacteur alimenté en hydrogène. Le procédé génère une poudre métallique, et peut ensuite servir à produire de nouveaux aimants, sans perte de performances magnétiques.

La startup travaille sur l'impression d'aimants 4D (trois dimensions géométriques et une dimension magnétique). Les applications vont ainsi de la robotique à la défense, en passant par la cosmétique et l'éolien.

« Il faut qu'on se positionne comme fabricant, le recyclage n'est qu'un moyen d'être autonome. Le besoin du marché n'est pas dans le recyclage, il est dans le besoin du client qui conçoit de nouvelles machines, en pleine transition énergétique, qui chamboule toute la supply chain. [...] L'idée c'est de proposer quelque chose de nouveau : de nouveaux aimants pour de nouvelles machines. Si on fait du copier-coller des aimants chinois, on va droit dans le mur ».

Erick Petit vise pour le moment une production de 50 tonnes dans son usine pilote et 500 tonnes, à terme, dans son usine de production : une « MagFactory » prévue pour 2027, avec près de 120 emplois à la clé. « Le but, c'est de préparer l'usine d'après », selon Erick Petit. « Tout l'enjeu va être aussi de trouver du foncier. On est dans le secteur de l'industrie lourde, consommateur d'eau et d'énergie. »

Le business model de l'économie circulaire misera également sur la ressource en aimants, déjà présente : "Une éolienne, par exemple, c'est 1,5 tonnes d'aimants."

Un projet européen

La création de cette usine pilote constituera donc une étape de plus vers l'objectif de la startup, qui compte capter jusqu'à 30% des déchets d'aimants en Europe.

La startup est d'ailleurs membre d'ERMA (European Raw Materials Alliance), qui prône par ailleurs le développement d'outils plus propres pour relancer l'extraction minière, pour les terres rares, en Europe.

« La technologie et la vision de l'entreprise s'inscrivent parfaitement dans le cadre défini par le Green Deal européen. Elles apportent une réponse claire à l'appel à l'action lancé par ERMA - l'alliance européenne des matériaux critiques - pour garantir l'accès de l'Europe aux matières premières critiques, nécessaires à la neutralité  carbone », a commenté Hans Maenhout, Investment Director chez Finindus, l'un des participants de cette première levée de fonds.

Un nouveau tour de financement est prévu pour 2024. Avec des besoins qui pourraient atteindre jusqu'à 40 millions d'euros au total.

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