Muodim, la startup lyonnaise qui sera l'oeil du Grand Paris pour les forages de tunnels

Grâce à une technologie qui utilise les particules déjà présentes dans l'atmosphère, la startup lyonnaise Muodim veut se positionner en leader du marché de l'imagerie des volumes inaccessibles ou opaques. Cette innovation est par exemple déjà utilisée sur le tunnelier qui fore le sol pour allonger la ligne de métro du Grand Paris Express, lui permettant ainsi d'anticiper la densité du terrain.
Le détecteur mis au point par Muodim mesure comment les faisceaux de muons, ces gros électrons présents dans l'atmosphère, sont modifiés après avoir traversé un objet et en tire une image, comme pour le contrat du Grand Paris Express.
Le détecteur mis au point par Muodim mesure comment les faisceaux de muons, ces gros électrons présents dans l'atmosphère, sont modifiés après avoir traversé un objet et en tire une image, comme pour le contrat du Grand Paris Express. (Crédits : DR Muodim)

Rendre visible ce qui ne l'est pas, sans être invasif. Voici comment on pourrait résumer, très simplement, le crédo de Muodim, la 100e startup accompagnée par la SATT Pulsalys (société d'accélération du transfert de technologies).

Créée cette été, cette jeune pousse base sa technologie sur la muographie, un système d'imagerie de structures de grands volumes. "Nous nous servons de ce que la nature nous donne : les particules que sont les muons", explique Jacques Marteau, enseignant chercheur à Lyon 1 et caution scientifique de Muodim. C'est avec son équipe qu'ils ont développé cette technologie au sein de l'Institut de Physique des Deux Infinis de Lyon (Université Claude Bernard Lyon 1 et CNRS-IN2P3).

Déjà trois contrats signés

"Ces muons sont de gros électrons présents dans l'atmosphère qui ont une caractéristique : ils peuvent traverser des centaines de mètres de roches avant d'être atténués", poursuit le chercheur. Le détecteur mis au point par Muodim mesure comment les faisceaux des muons sont modifiés, après avoir parcourru un objet.

Cela rend un contraste de densité qui permet donc de donner une image du relief de l'intérieur d'un endroit inaccessible comme un sol, un dôme de volcan, un tuyau, etc. Une sorte de radio, mais sans effet ionisant, sans émettre de rayonnement et non invasive car elle utilise des particules déjà présentes dans l'atmosphère. Les muons vont aussi plus loin que les ultrasons ou les rayons gamma.

La détection des muons ne constitue pas l'innovation de Muodim, "c'est l'exploitation qu'on en fait", affirme Jacques Marteau. Muodim se positionne ainsi sur trois marchés : le génie civil (ouvrage d'art, tunnels), l'industrie (anticipation des problèmes de bouchage pour éviter de mettre à l'arrêt la production) et la géoscience (surveillance des dômes de volcans et imagerie de sites sensibles).

Bien que très récente, la jeune pousse a déjà signé trois contrats. Lors de son incubation, en 2018, Muodim a décroché un contrat commercial avec un tunnelier, dans le cadre de l'allongement des nouvelles lignes de métro du Grand Paris Express.

En partenariat avec PDS consult, sa participation a démarré en mars 2018 sur la ligne L15 T2C (à travers le groupement Alliance) et se poursuit, depuis octobre 2019, par la reconnaissance à l'avancement des chantiers des tunnels de Créteil l'Echat (CLE) et de Bry-sur-Marne Villiers Champigny (BVC).

La technologie de la jeune pousse "permet ainsi de détecter, entre autres, les poches de vide ou des obstacles dans les roches et permettre la bonne progression des tunneliers". Un nouveau contrat vient d'être signé avec l'une des entreprises en charge du forage de la ligne 17 du métro parisien et un autre avec l'IFPEN.

Objectif : être la référence du marché

L'équipe de Muodim compte aujourd'hui deux ingénieurs de tutelle, deux data-analystes, Jacques Marteau ainsi que Christophe Pichol-Thievend, CEO, qui a travaillé vingt ans dans les procédés industriels. Un de ces deux data-analystes va d'ailleurs être le premier salarié de la jeune pousse. Un cap important, car "la plus-value de la technologie vient du logiciel qui fait la reconstruction", souligne Jacques Marteau.

Selon Jacques Marteau et Christophe Pichol-Thievend, la concurrence de Muodim se trouve principalement aux États-Unis et au Canada, mais ces pays l'utilisent pour des applications tout à fait différentes.

Dans les mois à venir, Muodim va donc aller tester sa technologie chez les professionnels et travailler sur la partie recherche et développement ainsi que le machine-learning, afin de réduire les capteurs et améliorer les images.

Une fois ces étapes passées, la jeune pousse espère se positionner en référence du contrôle non-destructif sur le marché européen.

Muodim ne compte pas faire de levée de fonds pour le moment. Discrète sur ses chiffres pour l'instant, ses revenus reposeront sur les interventions sur demande, comme pour les tunneliers, ou bien sur la mise de la technologie à demeure, pour l'industrie notamment.

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