Time For The Planet, le second étage de la fusée se prépare

Pour lutter contre le réchauffement climatique, six entrepreneurs avaient fondé l'an dernier la société Time For The Planet. Grâce à l'entrepreneuriat et à la force de leur communauté d'actionnaires, leur objectif était de lever 1 milliard d'euros pour créer, d'ici 2030, 100 entreprises porteuses d'innovations permettant de réduire les gaz à effet de serre. Pour son premier anniversaire, Time For The Planet vient de lever son premier million d'euros et lance un appel à innovations.
Time For The Planet a déjà réussi à fédérer 6.500 associés et à lever 1,1 millions d'euros.
Time For The Planet a déjà réussi à fédérer 6.500 associés et à lever 1,1 millions d'euros. (Crédits : DR Time For The Planet)

L'entrepreneuriat comme levier d'action pour lutter contre le réchauffement climatique, c'est le credo de la société Time For The Planet. L'objectif final : réunir 1 milliard d'euros qui permettront de créer 100 entreprises porteuses d'innovations, engagées et efficaces dans la lutte contre les gaz à effet de serre.

A partir d'un euro, tout le monde peut acquérir une action de Time For The Planet et devenir associé. Pour son tout premier anniversaire, dans trois jours, cette société a ainsi déjà réussi à fédérer 6.500 associés et lever 1,1 millions d'euros.

Aujourd'hui, elle passe un autre étape dans son développement. Elle lance son premier appel à innovations et présente le conseil scientifique qui sera chargé d'en vérifier et valider la crédibilité.

Les futures innovations devront s'inscrire dans l'une des vingt problématiques liées réchauffement climatique ciblées Time for the Planet. Elles sont réparties en quatre objectifs (zéro émission, efficacité énergétique, sobriété et captation), déclinés dans cinq grands secteurs secteurs (énergie, industrie, transport, agriculture, bâtiment).

Trois entreprises créées en 2021

"Je n'ai jamais vu une boîte aussi rapide à monter que celle-ci", avance Mehdi Coly, un des fondateurs du projet, déjà entrepreneur par le passé. En quatre mois d'existence, Time For The Planet avait en effet déjà réussi à collecter 250.000 euros. Pour atteindre le milliard affiché d'ici 2025-2030, au-delà des associés, les fondateurs comptent aussi sur l'adhésion de grandes entreprises et fortunes familiales.

Trois premières entreprises devraient voir le jour dès 2021. "Afin que l'argent soit bien investi, il nous faudra bien sélectionner les innovations à soutenir, mais nous ne sommes pas des scientifiques. ", soutient Coline Debayle, elle aussi fondatrice.

C'est pourquoi les projets innovants, sujets à investissement, vont d'abord être triés selon un processus en plusieurs étapes : avec d'abord, une première évaluation réalisée par des associés, qui seront chargés de vérifier notamment si leur objet rentre bien dans le cadre des des vingt problématiques évoquées plus haut. Ensuite, ces projets seront soumis au conseil scientifique. Puis les innovations devront enfin se plier à des tests de potentiel marché. Tout ce processus devrait "éclairer la décision" des associés, qui décideront en bout de ligne d'investir ou non dans ces innovations, lors de leur assemblée générale.

Le premier appel à innovations vient ainsi d'être lancé cette semaine, mais Time For The Planet a déjà reçu plusieurs centaines de candidatures spontanées. Selon Mehdi Coly, la société cherche plutôt "des projets émergents, porteurs d'innovations technologiques ou de fonctionnement, avec un très gros impact en termes de réduction de gaz à effets de serre."

Les futures entreprises devront aussi accepter de renoncer à la propriété intellectuelle de leurs innovations, afin de les laisser en open source. Le but ultime étant d'inspirer d'autres entrepreneurs à travers le monde à utiliser, voire améliorer ces innovations et les aider ainsi à se propager.

L'entrepreneuriat, au cœur du projet

A l'origine de Time For The Planet, on retrouve six fondateurs, serial-entrepreneurs, créateurs de 15 entreprises au total. "Leur point commun, c'est d'être des entrepreneurs, pas des environnementalistes", clarifie Mehdi Coly.

"Nous étions dans des boîtes qui marchaient, mais nous avons réalisé que le réchauffement climatique nous arrivait dessus comme un tsunami, sans solution concrète. Nous nous sentions frustrés et impuissants de ne pas agir alors que nous y arrivions dans nos entreprises", complète Coline Debayle.

A partir de là, ils ont décidé d'utiliser leur domaine de prédilection, l'entrepreneuriat, comme un "outil formidable pour changer les choses."

Dans cette optique, c'est par l'action que va se construire le projet.

"Pour lutter contre le réchauffement climatique, il y a deux solutions : voter tous les cinq ans et changer à l'échelle individuelle. Mais une fois qu'on a fait ça, il reste 80 % du problème", tranche Mehdi Coly.

"Rassembler, au lieu de chercher qui est le coupable"

Time For The Planet est une société en commandite par action et société à mission. Tous les associés s'engagent ainsi financièrement, mais surtout idéologiquement, à travers l'acquisition d'actions. Cela fait partie des principes du projet : la non-lucrativité. En effet, il n'y aura pas de versement de dividendes dans l'immédiat. Dans 10 ans, les actionnaires pourrons récupérer au maximum 1 euro investi par action, tout en sachant qu'il n'y aura "aucun dividende versé avant qu'on ne soit revenu à +0° par rapport à l'ère pré-industrielle."

Selon ses fondateurs, Time For The Planet ne se situe ni dans le débat politique, ni dans la théorie. Selon Coline Debayle, l'objectif est "d'avoir un mouvement citoyen qui permet d'agir à l'échelle mondiale." Pour participer au projet "il suffit de croire en l'innovation, et au réchauffement climatique."

"On a vraiment des profils différents dans les associés. Nous voulons plutôt rassembler et fédérer au lieu de chercher qui est le coupable", détaille Mehdi Coly. L'initiative commence à faire des émules, puisque des figures locales comme Jean-Michel Aulas et Laurent Fiard, PDG de Visiativ, et même d'autres, comme le climatologue et prix Nobel de la paix, Jean Jouzel, ont également acheté des parts, tout comme des associations et communautés de communes. Ils sont aujourd'hui plus de 6.000 acteurs à avoir franchi le pas, mais "ça grossit de façon exponentielle", note Mehdi Coly.

En plus de l'aspect financier, les associés pourront s'impliquer à travers un système de "galaxies", à l'échelle qui leur correspond : évaluation, graphisme, relecture, communication, évènementiel... La communauté d'associés est aussi active dans le développement du projet. Plusieurs modules de formation sont mis en place pour leur permettre de répandre la bonne parole, bénévolement. "Dans la Galaxie de l'Action, il n'y a pas de place pour les idées", assure Mehdi Coly.

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