Deeptech : Le nez olfactif d’Aryballe Technologies lève 7 millions d’euros

Aryballe Technologies vient de boucler un nouveau tour de table de 7 millions d’euros, marquant l’entrée des fonds Samsung Venture Investment Corp et Seb Alliance. Objectif : industrialiser la nouvelle génération de son nez olfactif.
Le nez olfactif NeOsePro développé par la jeune pousse grenobloise Aryballe technologie s'appuie sur plusieurs briques associant des biocpateurs à une technologie d'imagerie ainsi que du machine learning.
Le nez olfactif NeOsePro développé par la jeune pousse grenobloise Aryballe technologie s'appuie sur plusieurs briques associant des biocpateurs à une technologie d'imagerie ainsi que du machine learning. (Crédits : DR)

Malgré le Covid-19, Aryballe Technologies a eu bon flair. La jeune deeptech, fondée à Grenoble en 2014 par co-fondée par Tristan Rouselle, affine depuis plusieurs années les dessous de son nez olfactif.

"Gros comme un ongle", son biocapteur principal qui représente le coeur de son nez olfactif, agrège également des technologies optiques ainsi qu'une solution de machine learning. Son idée ? Capturer et distinguer plusieurs milliers d'odeurs olfactives différentes, en permettant ensuite leur analyse grâce à des solutions logicielles.

Ses biocapteurs, qui fonctionnent sur le modèle des récepteurs olfactifs humains, sont ainsi associés à un service de traitement d'information situé dans le cloud, issu du machine learning.

Après avoir développé une première version de son nez digital NeOsePro en lien avec des industriels partenaires, la jeune société vient de boucler une troisième levée de fonds de 7 millions d'euros auprès de plusieurs investisseurs étrangers, dont le fonds Samsung Venture Investment Corp (Samsung Ventures) et le véhicule d'investissement du Groupe Seb, Seb Alliance.

Et ce, alors qu'elle n'est pas encore entrée en production, mais dispose d'un portefeuille de partenaires et de contrats techniques avec des leaders de l'automobile, de l'électroménager et des arômes et fragrances. Ses partenaires historiques, tels que Innovacom, Cemag Invest, Asahi Kasei, et HCVC, sont également de la partie.

Cette opération, qui s'inscrit comme le troisième tour de table de la jeune pousse, porte à 17 millions d'euros le financement total reçu par l'entreprise depuis sa création il y a six ans. Son objectif ? Répondre à la demande croissante des technologies d'olfaction digitale des industriels, pour des applications grand public.

Une nouvelle ligne de production pour 2021

Pour booster ses développements et assurer une meilleure montée en volume, Aryballe a planché au cours des derniers mois afin de faire basculer une partie de sa technologie, les transducteurs, sur une production basée sur du silicium.

"Ce passage nous permet de diviser notre prix de revient et de monter en même temps en volume, le tout, en fournissant des capteurs de petite dimension", indique le CEO, Samuel Guillaume.

Résultat : la société se prépare, grâce à sa levée de fonds, à monter une ligne de production sur son site grenoblois de 200 m2, situé dans le quartier Bouchayer Viallet.

"Il s'agira d'une salle grise qui devrait nous permettre de produire jusqu'à plusieurs millions d'unités par an", affirme-t-il.

Alors que la jeune pousse se prépare déjà à entrer en phase de qualification de sa production d'ici quelques mois, elle espère pouvoir commencer, grâce à cette levée, à livrer de premières séries de biocapteurs à ses partenaires d'ici mi-2021.

Car les domaines d'applications de ce nez olfactif seraient nombreux : sécurité, cosmétique, agroalimentaire, environnement, etc. Sans oublier le secteur de la santé, qui se montrerait particulièrement intéressé par cette technologie en vue de réaliser une analyse de l'haleine, visant à détecter certaines maladies.

"On peut imaginer un certain nombre d'applications comme dans le domaine de la location de voiture ou de l'autopartage, où l'on souhaite s'assurer que le véhicule que l'on loue est restitué en bon état, y compris concernant les odeurs ou le respect de l'interdiction de fumer par exemple", confie Samuel Guillaume.

Un marché évalué à des centaines de millions de dollars

Aryballe collaborerait déjà avec plusieurs leaders mondiaux de l'automobile, de l'électroménager et des arômes et fragrances, dont les noms demeurent confidentiels à ce stade, mais qui ont déjà montré leur intérêt à intégrer sa technologie.

Car une fois embarqués dans un véhicule, ces capteurs pourraient également servir à détecter et identifier des odeurs précises (plastique, système d'allumage, etc) pour en informer le conducteur. Même chose du côté de l'équipement électroménager, lorsqu'il serait nécessaire d'identifier des odeurs d'aliments altérés au sein d'un frigidaire par exemple.

"Nos biocapteurs pourrait être embarqués dans des montres, des fours, des frigos, ou encore des consoles de voiture afin de détecter certains paramètres... Pour nous, l'enjeu est de donner toutes les clés à nos clients. Ce sera ensuite à eux d'en inventer les usages, en écoutant le marché", précise Samuel Guillaume.

Bien que discrète sur ses résultats, la société vise, dès le lancement de sa production l'an prochain, un chiffre d'affaires qui pourrait atteindre "plusieurs dizaines de millions d'euros à court terme".

"Le marché potentiel est très large, on parle à terme de plusieurs centaines de millions de dollars", rapporte Samuel Guillaume.

En attendant le lancement de sa première ligne de production l'an prochain, la jeune pousse mise en parallèle sur un renforcement de ses moyens humains, puisqu'elle devrait passer de 50 à 60 collaborateurs dans les mois à venir.

Elle continue, également, de renforcer sa propriété intellectuelle en doublant récemment son portefeuille de brevets, qui atteint désormais près de 25 brevets actifs en Europe, en Amérique du Nord ainsi qu'en Asie. Un domaine qui demeure l'un des nerfs de la guerre pour une technologie de rupture comme celle-ci.

"Nous sommes les seuls à être dans une démarche de biomems aussi complexes à ce stade", résume le CEO, qui entrevoit face à lui une poignée de concurrents américains et asiatiques.

Aryballe, quant à elle, possède déjà un bureau aux Etats-Unis, tourné vers ses prospects américains.

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