Startup : Virtus Football, la seconde peau des footballeurs

Avec ses protèges-tibias sur-mesure et thermoformables, la startup lyonnaise Virtus Football investit un terrain jusqu'alors dédié aux joueurs professionnels.
(Crédits : DR)

Trois ans après la création de Virtus Football, l'entreprise lance la commercialisation de ses 5 000 premières paires de SymbioFIT, un protège-tibia sur-mesure thermoformable. Un produit qui n'avait jusqu'alors connu que très peu d'évolutions.

"Pour les marques, le protège-tibia est un accessoire. Depuis une vingtaine d'années, les protections n'ont pas évoluées, que ce soit au niveau des matériaux ou de la technique de fabrication. C'est une coque avec une forme globalement anatomique qui est censée aller à tout le monde. Or, la première chose qu'un joueur enlève après un match, ce sont les protèges-tibias parce que ça gêne, on est toujours en train de les remettre en place, quand on sert trop pour qu'ils tiennent, on obstrue le retour veineux, etc.", résume Mathieu Rat, co-fondateur de Virtus Football.

Au niveau professionnel, certains joueurs commencent à porter des protections conçues sur-mesure en fibre de carbone. Coût : entre 500 et 5000 € la paire. Mais chez les amateurs, un joueur qui chercherait à améliorer sa performance en limitant les frottements du protège-tibia et en améliorant son efficacité d'absorption de chocs ne peut pas investir autant.

Une technologie inédite

Fort de ce constat, Mathieu Rat et Thibault Nieddu entament des échanges avec des joueurs, médecins et consultent notamment un docteur en biomécanique spécialisé dans la conception de prothèses/orthèses. Les deux associés, diplômés de l'Idrac à Lyon en 2007, optent pour une matière qui répartirait plus efficacement l'impact avec une coque rigide. Ils se tournent alors vers les thermoplastiques élastomères (TPU), utilisés dans le domaine médical, mais dont la capacité d'absorption des chocs n'a jamais vraiment été utilisée.

"Il y avait deux paramètres à prendre en compte : il fallait renforcer le matériau tout en lui faisant garder la forme du protège-tibia. Une fois que cette technologie a été identifiée, il fallait aussi la rendre utilisable par une personne seule pour que le produit s'adapte à chacun. Au total, le développement du produit a duré 3 ans et demi."

Le produit aujourd'hui commercialisé nécessite d'immerger les protections dans une eau à 65°C, les rendant malléables. Après une application de plusieurs minutes sur le tibia, la protection en prend la forme, différente pour chaque individu. L'opération peut être reproduite plusieurs fois, jusqu'à obtenir le bon positionnement.

Une fabrication locale

Soutenue depuis le début des expérimentations par le tissu industriel d'Auvergne-Rhône-Alpes, Virtus Football fait appel uniquement à des sous-traitants de la région pour l'élaboration de ses protèges-tibias.

"Dynamiser et valoriser l'économie locale était pour nous important", martèle l'entrepreneur de 34 ans.

Complétée par un manchon de maintien, conçu par une entreprise française et fabriqué à côté de Milan (Italie), la paire de protection est commercialisée 70€.

450 000 € pour lancer l'activité

Reconnu en 2016 "porteur de projet d'innovation" par la Bpifrance, Virtus Football a bénéficié de 14 000 € pour réaliser ses prototypages. L'entreprise a pu compter ensuite sur 450 000 € de financement, notamment grâce à une levée de fonds auprès de sept investisseurs intéressés par le projet (150 000 € au total).

"On cherchait aussi des compétences pour nous accompagner dans le projet. Aujourd'hui, nous avons un board qui nous arme pour la suite", souligne Mathieu Rat.

La même somme a pu être obtenue auprès des banques. Le tout complété par 75 000 € de prêt d'honneur et un prêt d'amorçage de la Bpifrance.

Sur ce total, "il fallait environ 100 000 € uniquement pour la première série de 5000 paires car il fallait concevoir des outils spécifiques. On souhaitait aussi avoir six mois de BFR (besoin en fonds de roulement, ndlr), car c'est un marché cyclique : le joueur s'équipe entre mai et août pour la saison suivante".

Un financement participatif ayant levé 12 000 € avait aussi permis de conforter l'intérêt du marché français pour le produit courant 2017. Une centaine de participants avaient reçu une paire en exclusivité, servant de "testeurs" à la startup.

Vers une croissance internationale

La première série de 5000 paires est en vente depuis une semaine. Virtus Football table sur un chiffre d'affaires de 300 000 € sur ces ventes, puis une croissance de +100% en deuxième année, et +80% en troisième année. L'objectif à cinq ans : vendre 50 000 paires par an pour un chiffre d'affaires d'environ 2 millions d'euros.

"On se donne deux ans pour faire la preuve du concept en France. Puis on se lancera en Europe de l'Est et, dans un second temps, aux Etats-Unis. Rien qu'en Europe, on compte 14 millions de pratiquants ! On a également déposé un brevet en Chine car, même si c'est un marché compliqué, le nombre de licenciés va exploser là-bas d'ici 2020."

Dans le football, le mimétisme est important. Si des stars portent le produit, l'entreprise pourra décoller. Aussi, Mathieu Rat va partir à la rencontre des clubs professionnels : Montpellier, Marseille, Lyon, Dijon sont visés.

"On est aussi en contact avec deux, trois champions du monde 2018... Ils vont tester. Et on espère travailler avec les joueuses de l'équipe de France à l'occasion la coupe du monde (qui se déroule en France du 7 juin au 7 juillet prochain, ndlr). L'objectif, c'est que tous puissent témoigner que c'est une expérience de laquelle on ne peut plus revenir".

Avec cette technologie, Virtus Football pourrait aussi imaginer se consacrer à d'autres protections dans le football (protèges-chevilles, chaussettes techniques anti-déparantes) mais dans tous les sports qui nécessitent le port de ce type de produits, ce qui représente une quinzaine de fédérations.

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