
Un vélo circule le long des bandes blanches, s'arrête au passage piéton, et reprend son chemin. Cette scène se déroule non pas en pleine rue, mais dans les nouveaux locaux de Smoove, à Oullins (Rhône). La jeune société fondée en 2008 a récemment remporté le marché du Vélib' parisien. Nous sommes ici dans les 600 m² de l'atelier : une véritable piste a été dessinée afin de tester les vélos en libre-service de demain.
Dans ce nouvel espace, huit fois plus grand que le précédent à Chaponost, 24 personnes travaillent à temps plein. L'autre partie de l'équipe - une cinquantaine de personnes au total - se trouve quant à elle au siège de l'entreprise, à Saint-Gély-du-Fesc, près de Montpellier.
Vélo en libre service du futur
Le cœur de l'innovation, "le nerf de la guerre", se situe un étage plus haut, au sein du bureau d'études conception mécanique, mécatronique et logiciel. Dans cet espace en open-space, aucun deux roues ne circule. La décoration devient plus classique : des ordinateurs sont installés sur des bureaux verts et blancs construits avec des matériaux absorbant le bruit. C'est dans cet espace de recherche et développement qu'est inventé le vélo en libre service du futur, dont le Vélib' parisien.
Les vélos Smoove dans leur version parisienne reprendront les principales innovations de ceux déjà déployés dans des villes comme Montpellier, Strasbourg mais aussi Moscou ou Vancouver. A commencer par la fourche cadenas brevetée permettant de réduire les vols et le vandalisme. Ici, le "potelet" - autrement dit la borne - n'est pas électrique. Seul le deux roues l'est grâce au système "smoove box". Ce boitier électronique est placé dans la potence du deux roues. Il permet non seulement de sécuriser le vélo même en dehors de sa station, mais aussi de lire les cartes des abonnés, ou encore de connecter son smartphone en mode GPS.
Mais d'autres innovations conçues par l'équipe lyonnaise seront installées sur les Vélib', à commencer par le système de surcapacité. Il permet de rendre un vélo, même quand la station est remplie, en l'accrochant à un autre grâce à un cadenas intégré dans le guidon. Ce système a déjà été testé à Helsinki, en conditions réelles. Par ailleurs, les vélos seront hybrides : soit mécaniques, soit à assistance électrique.
Graal
Dans ce bureau, sur le mur blanc, des post-it verts ont roses ont été collés dans trois colonnes dessinées au feutre noir : à faire, en cours, fini. Ce tableau est l'un des derniers symboles de la startup, aujourd'hui dans une phase de mutation. "Avec le marché parisien, nous changeons de dimension. Nous sommes en train de devenir une véritable PME", confirme le directeur du site d'Oullins, Raymond Balmes. Une transition "réussie" selon Laurent Mercat, PDG et fondateur de la société. Grâce à ce nouveau marché, dont l'attribution a été confirmée en début de semaine, Smoove anticipe un chiffre d'affaires multiplié par cinq en 2017. Il était, en 2016, de 9,2 millions d'euros. "Paris est le plus gros marché du monde occidental", détaille le directeur du site. Alors l'obtenir fait figure de "graal".
Cependant, Smoove ne compte pas s'arrêter là. La société a déjà répondu à des appels d'offre à Barcelone, Nantes, au Luxembourg. Elle est aussi en procédure de lancement à Bologne. "Si cette trajectoire se poursuit, nous allons devoir de nouveau déménager dans deux mois", s'amuse Raymond Balmes.
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