Orange invente un carnet d'adresses 2.0 pour les illettrés

Des implants médicaux connectés et un carnet d'adresses pour les personnes illettrées. Ce sont deux des 25 projets de R&D développés par le Orange Lab de Meylan, près de Grenoble. Objets connectés, big data, de la santé et du handicap, expérience utilisateur ou encore du home device, 230 ingénieurs ont chaque jour déjà un pied dans le futur.
Le projet Empreinte vise à développer un carnet d'adresses numérique 2.0 pour faciliter le quotidien des personnes atteintes d'illettrisme.

Relier des implants cardiaques ou des implants cochléaires à un dispositif de suivi sur un téléphone mobile ? Développer un nouveau carnet d'adresses sur smartphone accessible aux personnes illettrées ? C'est le type de projets sur lesquels travaillent quotidiennement les ingénieurs d'Orange Labs à Meylan (Isère) en banlieue de Grenoble.

Tout comme pour projecteur connecté "le Bloc" ou le dispositif de surveillance de la maison "Home Live" dont la commercialisation est déjà entamée ces projets qui pourraient changer le quotidien de millions d'utilisateurs. Le groupe investit d'ailleurs 800 millions d'euros chaque année à travers son pôle innovations, qui emploie dans l'Hexagone près de 5 000 personnes.

Des implants connectés

Depuis trois ans, des ingénieurs travaillent par exemple sur un dispositif de télésuivi d'implants médicaux via un smartphone destiné à améliorer le suivi à domicile des patients atteints de problèmes cardiaques ou auditifs. Le nom de code du projet ? STM3 (Solution de Télésurveillance Médicale en Médecine Mobile). En partenariat avec les deux fabricants d'implants Sorin et Neurelec, les ingénieurs d'Orange Labs ont développé un module concentrateur (inséré au sein d'une montre) qui joue le rôle de prétraitement des informations envoyées par l'implant.

"L'un des défis était de ne pas impacter de plus de 5% le budget énergie de l'implant, car il ne faut pas perdre de vue qu'il doit aussi remplir son rôle initial", rapporte Philippe Genetier, ingénieur à Orange. Grâce aux informations recueillies et transférées à une plateforme informatique via son smartphone, les médecins ont ainsi la possibilité d'enregistrer les épisodes de crise ou de commander un relevé à distance.

"L'application peut envoyer un SMS au patient pour lui dire qu'il faudra qu'il ait son téléphone à portée de main le lendemain pour que l'appareil puisse effectuer une relève et se connecter au serveur", ajoute Philippe Genetier.

 Illettrisme : Un carnet d'adresses 2.0

Avec ses QR codes et son application mobile, le projet "Empreinte" vise quant à lui à outiller les personnes souffrant d'illettrisme en France, mais aussi dans les pays d'Afrique où le marché du mobile est en plein développement. "Rien qu'en France, près de 3 millions de personnes sur 65 millions sont touchées par l'illettrisme", explique Denis Chêne, expert ergonomie à Orange. L'équipe a donc eu une idée : remplacer l'écriture traditionnelle par un autre mode d'écriture, un QR code, qui contiendrait les informations d'un individu telles que le nom, le numéro de téléphone, sa photo et sa voix.

De quoi bâtir un carnet d'adresses multimédia : où une fois le QR code scanné, le smartphone affiche directement le visage de la personne, avec une simple touche pour la rappeler. Et le principal défi n'est pas forcément technologique : pour que le concept fonctionne, il faudra parvenir à créer un effet boule de neige afin que le maximum de personnes adoptent ce nouveau langage. Pour cela, Orange pourrait déployer ses laboratoires photos mobiles par le biais des revendeurs de cartes Sim sur le terrain. Ces derniers pourront alors prendre les informations et la photo des clients et leur remettre une planche de QR Codes autocollants contenant leur identité numérique et qu'ils pourront ensuite laisser à leurs interlocuteurs.

"Tous les gens à qui l'on a présenté le concept, et qui n'étaient pas forcément illettrés, étaient fiers de repartir avec leur QR code qu'ils pouvaient ensuite faire imprimer sur un tampon ou une carte de visite. Cela a aussi l'avantage de simplifier la téléphonie mobile" , précise Denis Chêne.

Numériser, mais pas n'importe comment

C'est aussi pour répondre aux préoccupations de lecteurs de la Bibliothèque Nationale de France (BNF) et de sa bibliothèque numérique Gallica que Orange Labs a lancé le projet "Ozalid". L'objectif ? Répondre à la problématique de numérisation des fonds documentaires, qui peuvent être victimes de multiples erreurs lors du processus de conversion des images en lettres, réalisé sur ordinateur.

"Ce sont parfois des documents qui sont numérisés un peu de travers, ou dans lesquels le logiciel déchiffre mal les lettres. Or, avec la numérisation de masse, avoir ne serait-ce que 1% d'erreur n'est pas acceptable puisque cela revient à avoir un caractère sur 100 qui ne serait pas reconnu", précise Sébastien Roux, ingénieur.

Avec l'aide de huit partenaires académiques et privés, Orange Labs a créé une première plateforme expérimentale de correction collaborative où près de 450 relecteurs bénévoles (lecteurs et blogueurs d'Orange, de la BNF ou de Gallica) acceptent de relire ensemble une soixantaine de documents anciens, à l'aide d'outils collaboratifs et de services d'échanges (live tchat).

Nouvelle expertise

Si le premier objectif est bel et bien d'améliorer la qualité du fonds documentaire disponible, c'est aussi une manière pour le groupe Orange de développer une nouvelle expertise qui pourrait ensuite être réutilisée sur le marché du B to B. "Les entreprises, et notamment des professions comme les notaires, ont aussi des quantités importantes de documents à archiver et numériser", précise Sébastien Roux.

Autre débouché potentiel : développer un logiciel capable de transformer ces contenus en format Epub, pour une éventuelle commercialisation ou mise à disposition des fichiers sur tablettes. "L'idée est d'avoir un premier retour pour savoir quel serait l'outil idéal, dans l'optique ou non de faire ensuite un appel d'offres pour intégrer cette plateforme au sein de leurs services informatiques", résume Sébastien Roux. Issu d'un appel FIU, ce projet se terminera en 2015.

Aujourd'hui, les services liés au numérique prennent désormais le pas sur le business model du groupe Orange à travers sa filiale Orange Business Services, qui représentait 6,5 milliards d'euros de CA en 2013.

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