La mobilisation des gilets jaunes et l'impulsion donnée par la loi Pacte semble déjà en train de secouer le monde de l'entreprise. A Lyon, 16 entreprises, soutenues par la CPME, le Medef et la CCI métropolitaine, ont lancé hier le dispositif "L'entreprise des possibles".
Ce fonds de dotation vise à mobiliser les entreprises de toutes tailles et tous secteurs confondus pour favoriser la réintégration dans la société de personnes qui n'ont plus de toit décent ou qui, du fait de leur grande fragilité, risquent de se retrouver à la rue.
À travers sa mise en place, ce projet souhaite favoriser trois nouvelles pratiques, engageant à la fois les entreprises et leurs collaborateurs grâce à la mutualisation de ressources humaines, financières et immobilières et leur redistribution aux acteurs associatifs luttant sur le terrain contre la grande précarité.
Un dispositif innovant
Ainsi, un salarié souhaitant donner du temps de bénévolat à une association verra son entreprise renchérir d'un nombre de jours supplémentaires pris sur son temps de travail. De même, si un collaborateur souhaite donner à une cause un jour de congé ou de RTT, son entreprise abondera cette somme pour la reverser au fonds de dotation. Enfin, les entreprises pourront mettre temporairement leurs locaux vacants à la disposition d'associations ou de bailleurs sociaux qui les aménageront et en assureront la gestion pour héberger les sans-abri.
"La société française se fragmente et la mobilisation des gilets jaunes sur les ronds-points nous le rappelle chaque semaine. Il faut que les entreprises dépassent le cadre du business pour le business. Notre territoire, qui a toujours su faire preuve de l'implication et de la coopération de ses acteurs économiques, est un laboratoire parfait pour le lancement d'un tel projet", lance Alain Mérieux, président de l'Institut Mérieux, à l'initiative du projet.
Une initiative privée
Le fonds de dotation, qui sera géré par une équipe de permanents, ne deviendra en aucun cas un dispositif d'intervention direct. Pour Philippe Schultz, directeur exécutif d'Algoé, qui a piloté la structuration du projet, il doit au contraire "venir en appui de ce qui existe".
"'Nous ne souhaitons pas créer quelque chose qui viendrait à côté, mais bien quelque chose de fédérateur", confirme Laurent Fiard, président du Medef.
Par ailleurs, cette initiative, si elle est cautionnée par les acteurs publics et les collectivités, est intégralement privée.
"Pas un sou d'argent public n'a été engagé dans ce projet", précise Emmanuel Imberton, président de la CCI Lyon Métropole.
Parmi les entreprises engagées : Algoe, APICIL, bioMérieux, le Crédit Agricole Centre-Est, le CIC Lyonnaise de Banque, EDF, Huttopia, l'Institut Mérieux, Keolis, l'Entreprise Mazaud, Plastic Omnium, Sanofi, Seb, Sogelym Dixence, le Groupe Valentin, Visiativ...
Mobiliser 6000 salariés
Pour bénéficier de ce dispositif, les associations devront être référencées par le fonds de dotation. Sa stratégie sera arrêtée par un conseil d'administration composé des entreprises fondatrices, assisté d'un comité d'orientation auquel siégeront l'Etat, les collectivités et les acteurs sociaux.
Afin d'inciter les entreprises, notamment les PME, et leurs collaborateurs d'adhérer à la démarche, "L'entreprise des possibles" va lancer une grande campagne de communication sur le territoire métropolitain. L'objectif affiché, d'ici un an, est de mobiliser 1% des salariés du secteur privé œuvrant en métropole, soit 6 000 personnes.
Mais l'ambition des fondateurs va plus loin :
"Nous commençons par la métropole de Lyon, mais si on réussit, on ira plus loin", prévient déjà Alain Mérieux.
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