French Tech : "Saint-Etienne pourrait se rapprocher de Lyon à condition d’avoir une vraie place"

A Saint-Etienne, le nouveau label "Capitale French Tech" interroge. Gaël Perdriau se dit prêt à un rapprochement avec Lyon. A une condition : que la spécificité de son territoire ne soit pas noyée au milieu de la puissance de feu lyonnaise. Interview.
(Crédits : DR)

Lors de la labellisation il y a trois ans, de nombreuses initiatives avaient été lancées mais le soufflé semble avoir un peu retombé depuis... French Tech Saint-Etienne, où en est-on exactement aujourd'hui ?
Je n'ai absolument pas ce sentiment. Je m'étais beaucoup investi sur ce dossier et nous avons été labellisés en 2015, avec la spécificité Design tech. Nous sommes ainsi leader national sur ce domaine du design. En 2017, nous avons également été labellisés Manufacturing.

Nous avons aujourd'hui complètement intégré ce label French Tech dans nos programmes d'accélération et nos accélérateurs. Cela nous permet d'héberger actuellement plus d'une soixantaine de startups évoluant dans le digital. Ce n'était vraiment pas le cas auparavant !

Saint-Etienne Métropole et la Cité du Design ont réussi à proposer une offre mélangeant French tech et Design Tech aux entrepreneurs métropolitains, puis régionaux et désormais à l'ensemble des entreprises du territoire français.

Avez-vous quelques chiffres pour valider ce sentiment ?
Cette dynamique a permis de nombreuses levées de fonds. Elles n'auraient pas pu émerger sans cette labellisation French Tech. Nous en sommes à un peu plus de 50 millions d'euros depuis la labellisation. Passer de 0 à 50 millions en trois ans, c'est une belle réussite !

C'est pour cette raison que nous avons autant de startups dans nos pépinières. Nous sommes d'ailleurs en train d'étudier une troisième tranche pour notre grande Usine Créative.

Le gouvernement a récemment annoncé la transformation des « Métropoles French tech » en « Capitales French tech ». Qu'est ce que cela va changer pour Saint-Etienne ? Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
Je me méfie de toutes ces appellations. Ce sont surtout les moyens adossés et les objectifs qui m'intéressent. On n'en sait pas grand-chose pour le moment.

Tout de même, un des objectifs présentés concerne la gouvernance des pôles French Tech, avec l'idée de passer la main aux entrepreneurs. A Saint-Etienne, French Tech est principalement portée par la Métropole...
Non, le comité est présidé par Elisabeth Ducottet (la Pdg du Groupe Thuasne). Et ce sont avant tout les entreprises du territoire qui font les propositions. Nous accompagnons mais nous ne prendrons jamais la place des entreprises.

D'ailleurs, je regrette que la Chambre de Commerce et les syndicats patronaux ne se saisissent pas d'avantage du sujet afin d'aider la communauté entrepreneuriale à se développer sur ce secteur-là.

Il n'y a pas suffisamment d'initiatives dans ce sens.

Vous dites que les entrepreneurs sont aux manettes mais ce sont les salariés de Saint-Etienne Métropole qui font aujourd'hui vivre cette communauté...
Heureusement que nous sommes là effectivement ! Mais le comité de pilotage est présidé par une chef d'entreprise. J'insiste sur ce point. Beaucoup de projets sont une affaire de volontarisme politique. On y met donc les moyens. Quel que soit le nom du label, personne ne nous empêchera d'être actif sur la French Tech. Ceci étant, si les représentants des entreprises voulaient bien se saisir du dossier..., j'en serais très heureux !

Renaud Sornin, pilote de la French Tech à Lyon, confiait récemment à Acteurs de l'Economie que la transformation de Métropole French Tech en Capitale French Tech permettrait d'ouvrir la porte à une alliance éventuelle avec Saint-Etienne. Acceptez-vous la proposition ?
La question ne m'a pas été posée mais je suis très ouvert à ce sujet. J'ai défendu l'adhésion à l'Aderly, l'Idex etc. La condition étant que notre stratégie soit respectée dans la ligne globale. Je ne veux pas que les atouts de Saint-Etienne soient utilisés pour renforcer les faiblesses de Lyon. Le partenariat devra respecter les uns et les autres.

Qui portera ces discussions ?
Les négociations devront se faire au niveau de Saint-Etienne Métropole puisque nous sommes le principal financeur, et au niveau de French Tech, via sa présidente.

Elisabeth Ducottet a de nombreuses responsabilités. Dispose-t-elle du temps nécessaire pour mener ces discussions ?
Elle a une vision stratégique très puissante, des réseaux forts et un attachement au territoire qui nous évitera éventuellement d'être phagocyté par Lyon.

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