Aryballe technologies, la bonne odeur de l'innovation

En mixant des procédés liant biotechnologies, objets connectés, nanotechnologies et sciences cognitives, la startup grenobloise a développé un nez électronique universel qui pourrait bien révolutionner certains usages domestiques, mais également des applications du monde industriel. Elle présentera au CES 2018 à Las Vegas son premier produit.
(Crédits : DR)

Et si, demain, un nez électronique équipait votre cuisine ? En analysant les odeurs, cet objet connecté permettrait de suivre la cuisson de votre viande ou l'état de la conservation de vos ingrédients de votre frigo. C'est en tout cas l'une des utilisations possibles de l'innovation proposée par la startup grenobloise Aryballe Technologies. S'appuyant sur trois familles de brevets (CEA, CNRS, UGA), l'entreprise, fondée en 2014, développe une technologie de rupture. Elle combine des biocapteurs, de l'imagerie, du traitement du signal et des bases de données afin de développer des nez électroniques universels. Elle présentera au CES de Las Vegas 2018 son premier produit, NeOse Pro, un appareil portable de détection d'odeurs.

"Notre technologie offre bien plus qu'un nez électronique traditionnel. Il se veut universel, estime Tristan Rousselle, cofondateur et PDG. Notre procédé peut détecter toutes les odeurs chimiques, alors que les nez électroniques actuels [qui existent depuis une vingtaine d'années, ndlr] ne détectent qu'une odeur par gaz"

150 odeurs disponibles

Ces capteurs, qui imitent les récepteurs olfactifs humains, sont associés à un service de traitement d'information dans le cloud. L'odeur captée par le boîtier, à travers un ventilateur, est analysée au regard de la signature du gaz détecté et la base de données construite par apprentissage. Elle disposerait de plus de 150 odeurs disponibles.

La jeune pousse iséroise veut commercialiser son innovation sous deux formes. En vendant directement ses capteurs miniaturisés intégrés à son boîtier (davantage pour le grand public) ; en proposant à ses clients (constructeurs) d'intégrer dans leur produit ces capteurs innovants, fournissant aussi la suite logicielle. "Ce deuxième cas représente notre réel levier de business, le premier se présente comme un démonstrateur", poursuit le dirigeant. Au-delà d'une brique technologique supplémentaire apportée à un produit constructeur, ces capteurs pourraient également aider dans la R & D des industriels, notamment dans le contrôle-qualité. Les secteurs d'applications ciblés sont nombreux : sécurité, cosmétique, environnement, etc.

Vers l'agroalimentaire

Si la santé devrait dans les prochaines années être un axe stratégique - "l'analyse de l'haleine permettra de détecter des maladies", illustre par exemple Tristan Rousselle -, la jeune pousse cible dans un premier temps le secteur agroalimentaire.

"C'est un tremplin vers le marché de l'électroménager, et donc du grand public", argumente le responsable, qui explique être en contact avec le groupe SEB, leader mondial du petit électroménager, fort de 5 milliards d'euros de revenus et d'une stratégie d'innovation redoutable.

Aryballe Technologies a déjà bénéficié d'un premier tour de table de 3,1 millions d'euros en 2016, auprès notamment du CEA Investissement, Innovacom (dans lequel a investi SEB) et du géant japonais Asahi Kasei. La participation de ce dernier investisseur démontre le souhait d'internationalisation de l'entreprise. Une nouvelle levée de fonds est attendue au deuxième semestre 2018. De quoi combler un appétit féroce : après avoir consacré son exercice 2017 à l'industrialisation de son produit, elle vise un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros d'ici à deux ans, contre quelques centaines de milliers d'euros en 2017.

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