Les Hospices civils de Lyon investissent pour favoriser l'innovation en interne

Dix agents des Hospices Civils de Lyon (HCL) sont sortis, en avril, d'un programme de formation à « l'intrapreneuriat ». Un dispositif créé par les HCL pour « inventer l'hôpital de demain » et garder ses talents.
(Crédits : DR)

Après avoir créé une direction de l'innovation en avril 2021, les Hospices Civils de Lyon (HCL) ont lancé leur premier programme « intrapreneurs », en octobre dernier, en partenariat avec l'EM Lyon. Ce programme est une étape de plus qui vise à former et valoriser les porteurs de projets innovants au sein du CHU.

« Si on veut inciter les gens à s'essayer et s'impliquer, ça ne suffit pas d'investir dans les projets un par un, il faut investir dans le capital humain» , affirmait Armelle Dion, directrice de l'innovation aux HCL, lors de la réunion de fin de programme.

En tout, dix agents des HCL ont été sélectionnés pour suivre ces cinq modules, enseignés par des intervenants de l'EM Lyon qui couvrent plusieurs aspects de l'entrepreneuriat (vocabulaire, business plan, relation client...).

Innover dans l'hôpital

« Nous sommes le seul CHU à avoir une direction de l'innovation. Les autres ont une DRCI (direction de la recherche clinique et de l'innovation), mais ils font surtout de la recherche. Les HCL ont voulu accélérer sur l'innovation en créant cette direction » , explique Peggy Leplat, chargée de mission innovation à la direction de l'innovation.

Pour mener à bien cette mission, l'hôpital a un budget de 2,5 millions d'euros par an.  Sur cette somme, 500.000 euros correspondent au Plan d'Equipement Innovant et 400.000 euros correspondent quant à eux aux Dispositifs Médicaux Stériles, soit des budgets déjà préexistants. Le reste est un investissement des HCL pour développer l'innovation numérique, l'intelligence artificielle, l'innovation managériale et la 3D.

Laisser la possibilité d'innover au sein du CHU peut aussi générer une certaine émulation dans les services et un argument pour rester dans le public. « Nous avons deux ambitions : inventer l'hôpital de demain, parce qu'il est en crise - ce qui peut être un levier d'attractivité - et faire rayonner les HCL », résume Peggy Leplat.

« Je suis porté par la volonté d'améliorer la prise en charge du cancer du côlon. Je ne vais pas rester avec ce qu'on a maintenant, ce qui m'intéresse, c'est d'améliorer la technique », explique l'un des « élèves » de cette première promotion, Mathieu Pioche, professeur et chef de service adjoint du service d'hépatogastroentérologie de l'hôpital Edouard Herriot.

Parmi les dix agents HCL de la première promotion, on retrouve principalement des médecins, une pharmacienne, une cadre supérieure de santé et une ingénieure. « On a du mal à diversifier les porteurs de projet », admet Peggy Leplat.

 Et après ?

Pas d'objectif type pour les projets : chacun peut suivre son propre cours en devenant soit un dispositif interne, un brevet vendu, une start-up, une nouvelle unité, etc. « Par exemple, pour trois projets, nous avons trois véhicules différents », démontre Mathieu Pioche.

Un de ses projets est une amélioration des pédales de l'appareil qui sert à faire des endoscopies : les trois étaient séparées et donc mouvantes, il a simplement proposé un système pour les accrocher ensemble. Ce système a été breveté et va être vendu à l'entreprise allemande qui fabrique l'appareil. Dans un autre cas, il s'agit d'un système qui permet d'enlever plus facilement un certain type de tumeur qui n'est que sur la muqueuse, conçu avec un interne, Louis-Jean Masgnaux. Pour ce système, une start-up a été créée. Reste à savoir qui va se charger de son développement.

« Nous n'avons pas vocation à lâcher la médecine pour devenir chef d'entreprise », poursuit Mathieu Pioche. C'est d'ailleurs l'une des principales limites de l'intraprenariat en CHU : la gestion du temps.« La difficulté de l'intrapreunariat, c'est que le budget temps n'est pas possible. L'hôpital est en crise en termes d'embauche, on ne peut pas extraire quelqu'un de son service », explique Peggy Leplat . Cela se fait de façon ponctuelle, comme sur le temps de la formation qui a ouvert cette possibilité.

Les HCL travaillent pour cela en lien avec l'écosystème local, notamment la SATT Pulsalys, Lyon Biopôle, la Région ou encore la Métropole.

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