Comment l’innovation de Cilkoa pourrait réduire significativement les emballages plastique

Cilkoa développe un procédé innovant permettant de rendre étanche des emballages à base de papier ou carton. En cours de développement, il pourrait permettre de participer à l’éradication du plastique à usage unique. Un chiffre d’affaires de l’ordre de 100 millions d’euros est envisagé par la start-up grenobloise, à horizon 2030.
La couche appliquée via le procédé de Cilkoa permet de rendre la cellulose plus étanche à l'eau.
La couche appliquée via le procédé de Cilkoa permet de rendre la cellulose plus étanche à l'eau. (Crédits : cilkoa)

Cent millions d'euros de chiffre d'affaires en 2030. L'ambition pourrait paraître démesurée pour une jeune pousse technologique créée il y a moins d'un an au sein de l'écosystème grenoblois mais son directeur général, Romain Lecot, est confiant. En effet, le marché auquel s'adresse l'innovation de Cilkoa est gigantesque : il s'agit de réduire significativement l'utilisation du plastique dans les emballages. Alimentaires ou cosmétiques notamment.

Pour financer son développement, la startup est entrée dans un processus de levée de fonds. Le closing de l'opération, qui s'élève à un million d'euros, est espéré pour ce premier semestre. Il s'agira du premier tour de table significatif de la jeune entreprise, après un investissement de 250.000 euros déjà injecté par la SATT Grenoble Alpes Linksium puis un financement de l'ordre de 400.000 euros grâce notamment au prix I-Lab Bpifrance.

Une couche de protection contre les liquides

Cilkoa (deux salariés) est le fruit du travail collaboratif mené par deux laboratoires grenoblois : le LGP2 (Laboratoire Génie des Procédés Papetiers) et le Simap (Laboratoire de Science et Ingénierie des Matériaux et Procédés) dont est issu également, par exemple, Rosi Solar. L'équipe Cilkoa travaille sur l'adaptation à la cellulose d'un procédé déjà existant, l'Atomic Layer Deposition (ALD), et utilisé depuis plus de 20 ans dans la micro-électronique, par exemple pour les panneaux photovoltaïques.

« Il s'agit de déposer, sur tous matériaux à base de cellulose (papier, carton, cellulose moulée NDLR), une couche d'oxyde d'aluminium de quelques nanomètres. Cette couche, appliquée par voie gazeuse, rend la cellulose insensible aux liquides, et étanche à l'air », explique Romain Lecot.

« Elle donne de nouvelles propriétés très intéressantes à la cellulose et permet de combler ses lacunes face au plastique, souvent privilégié pour les emballages agroalimentaires et cosmétiques aujourd'hui ».  Avec en plus, un avantage non négligeable : l'ajout de cette couche d'oxyde ne vient pas compromettre la recyclabilité du papier.

Cet oxyde est créé par la réaction chimique entre deux gaz, la vapeur d'eau et le triméthyle d'aluminium. L'innovation de Cilkoa permet de déposer cette couche de protection, chimiquement liée au papier (et qui ne peut donc pas s'écailler), sur de la cellulose empilée, c'est-à-dire des piles de gobelets ou d'assiettes, des ramettes entières de papier etc.

Première série industrielle en 2025

Cilkoa en est aujourd'hui à la phase d'un premier démonstrateur capable de traiter quelques dizaines, ou centaines de produits simultanément. Le pas suivant, avec la levée de fonds en cours, consistera dans la construction d'un pilote industriel de taille plus importante et qui devra traiter jusqu'à deux palettes de produits. Les premières séries industrielles sont attendues pour 2025.

« Nous envisageons un business model sous forme de licence. Il est en effet plus efficient de localiser notre procédé directement sur les lieux de production ».

Au cœur de la « cellulose Valley »

« D'ici 2025, le plastique sera complètement banni pour la restauration collective, il est urgent de trouver des solutions alternatives », pointe Romain Lecot, reconnaissant que la solution Cilkoa n'est pas la panacée à toutes les applications.

« Plusieurs solutions sont en cours de développement, aucune n'est autosuffisante, elles sont complémentaires. Ensemble, elles permettront de diminuer significativement le recours au plastique ».

Parmi ces solutions en cours de déploiement, celle du voisin de Cilkoa, la biotech grenobloise FunCell créée en 2020 et qui s'appuie sur un partenariat avec le CNRS. Son innovation ? Le développement d'additifs biosourcés permettant le renforcement mécanique des papiers cartons, à l'état sec comme à l'état humide. Ces additifs doivent aussi conférer aux produits cellulosiques des propriétés barrières à l'eau et à la graisse FunCell procède actuellement à la finalisation d'une levée de fonds de 4 millions d'euros avec Obratori notamment (le fonds corporate du groupe l'Occitane), des « business angels » et du crowdfunding via Lita.co. Celle-ci doit lui permettre de construire ses premiers pilotes de production.

La proximité géographique de ces deux start-ups n'est pas un hasard. Elles s'inscrivent dans un écosystème local riche en la matière. A tel point que la fondation Grenoble INP a lancé l'année dernière la chaire « Cellulose Valley » dont l'ambition est de développer des emballages à base de cellulose en alternative aux plastiques à usage unique, dans le cadre des contraintes édictées par la loi AGEC (loi anti-gaspillage pour une économie circulaire).

« Grâce à toutes ces solutions combinées, nous ferons gagner des parts de marché à la cellulose, contre le plastique », sourit, en conclusion, Romain Lecot.

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