Le clermontois Afyren veut convaincre l’Asie d’abandonner les additifs pétrosourcés en valorisant les coproduits du sucre

C'est un pas de géant que s'apprête à franchir la pépite clermontoise Afyren, en dehors de son territoire hexagonal, mais également de par la taille de son futur partenaire. Car la jeune pousse spécialisée dans la chimie verte vient d'annoncer la création d'une joint-venture avec le numéro 3 mondial du sucre, le thaïlandais Mitr Phol. Avec en ligne de mire, toujours sa production d'acides bio-sourcés, produits à partir de résidus agricoles, pour des applications très variées à l'échelle mondiale (conservateurs alimentaires, solvants, additifs cosmétiques, lubrifiants...).
Après sa première bioraffinerie installée dans le Grand-Est, le clermontois Afyren a choisi de s'implanter en Thaïlande aux côtés d'un industriel local, qui n'est autre que le numéro 3 mondial du sucre, pour servir le marché asiatique avec ses acide-biosourcés qui proposent une alternative au pétrole.
Après sa première bioraffinerie installée dans le Grand-Est, le clermontois Afyren a choisi de s'implanter en Thaïlande aux côtés d'un industriel local, qui n'est autre que le numéro 3 mondial du sucre, pour servir le marché asiatique avec ses acide-biosourcés qui proposent une alternative au pétrole. (Crédits : DR/Afyren)

Près d'un an après avoir livré sa première unité de production dans le Grand-Est, le clermontois Afyren passe une nouvelle étape. Car la greentech de la chimie verte, fondée en 2012 afin d'accompagner les industriels dans la réduction de l'utilisation des dérivés pétroliers au sein de leur chaîne de production, est désormais en pleine phase d'industrialisation de sa technologie, qui vise à produire des acides bio-sourcés à partir de résidus agricoles.

Deux ans après avoir levé 70 millions d'euros lors de son entrée en Bourse, Afyren vient de nouer un partenariat pour la création d'une joint-venture avec le numéro 3 mondial de l'industrie sucrière, le Thaïlandais Mitr Phol. Avec un objectif bien précis : implanter d'ici la fin 2024-début 2025 sa deuxième bioraffinerie d'acides biosourcés près de Bangkok, dans une logique d'économie circulaire, en utilisant notamment les résidus des procédés de production de l'industrie sucrière.

A terme, ce sont près de 28.000 tonnes de production qui sont visées, soit presque le double de la production visée par Afyren en France, assortis de la création d'une centaine d'emplois au niveau local.

Une nouvelle qui doit permettre à la jeune pousse clermontoise de 110 salariés de répondre à deux besoins clés : « Avec ce projet de deuxième usine, nous organisons notre implantation dans une région stratégique au coeur de l'Asie pour servir au mieux nos clients et nous sécurisons à long-terme un accès à une matière première durable, issue de l'industrie locale de la canne à sucre », explique à La Tribune Nicolas Sordet, directeur général d'Afyren, qui rappelle que la force de son procédé, issus de 10 années de travaux de R&D, est bien de produire ces acides bio-sourcés nécessaires à l'industrie à partir de plusieurs types de matières premières.

Produire au plus près de ses marchés

En pleine vague de réindustrialisation française, le pari de s'installer en Thaïlande peut paraître à contre-courant, mais il est assumé par le directeur général au vu des objectifs visés : à savoir bâtir des productions au plus près de leur marché.

« Nous ne sommes pas dans une logique de délocalisation ni d'aller construire ailleurs pour faire moins cher, mais au contraire d'aller en Asie pour servir le marché local. Aujourd'hui, il existe peu de production hors de Chine, et encore moins sur ces molécules, alors que l'Asie développe justement actuellement des réflexions pour améliorer son empreinte environnementale. La crise sanitaire nous a montré tout l'intérêt de ne pas avoir qu'un seul centre de production à l'échelle mondiale », avance Nicolas Sordet.

Depuis son entrée en Bourse, Aryen ne cachait pas son ambition de construire une seconde usine, toujours au plus près de ses marchés cibles, que sont l'Europe mais également l'Asie et les Etats-Unis. « Nous regardions ces deux derniers territoires, et c'est finalement l'Asie qu'il a remporté grâce au partenariat avec Mitr Phol qui nous permettait de sécuriser notre accès à une source de matières premières de longue durée et dans de très bonnes conditions. »

Avec un autre intérêt : « Celui de partir avec un partenaire local, qui possède également une vraie expérience industrielle et qui connaît la réglementation locale », ajoute Nicolas Sordet. Et le partenariat semble plus que jamais gagnant - gagnant, car il permettra également au numéro 3 mondial du sucre de valoriser les résidus issus de sa production, et donc d'améliorer son empreinte carbone.

Une monté en puissance toujours en cours dans le Grand-Est

Côté investissements, les premières études s'apprêtent à être lancées sur place, mais l'enveloppe nécessaire devrait tourner autour de 90 millions d'euros. Une somme qui devra nécessairement se partager entre les deux partenaires, puisqu'Afyren possèdera 70% du capital de la nouvelle joint-venture en charge de la bioraffinerie, contre 30% pour son partenaire thaïlandais. « L'idée étant d'implanter cette bioraffinerie sur un site industriel existant, qui nous permettra de bénéficier de l'énergie et des infrastructures déjà présentes », ajoute Nicolas Sordet.

Cette étape intervient alors que la greentech se trouve par ailleurs toujours en phase de montée en puissance sur sa première usine, installée dans le Grand-Est il y a un an.

« Nous avons déjà une bonne traction commerciale puisque nous avons sécurisé près de 75% de sa production à venir, qui devrait monter jusqu'à 16.000 tonnes à pleine charge ». Reste que pour l'heure, Afyren se trouve toujours dans la phase de démarrage et d'essais de son usine, avec l'ambition de monter en cadence en 2023 pour atteindre ses pleines capacités en 2024.

« Nous visons toujours plusieurs marchés en France et en Europe avec cette usine, à la fois le marché des conservateurs alimentaires, additifs cosmétiques, lubrifiants pour la chimie ou les moteurs...) ». Avec à la clé, un chiffre d'affaires projeté de 150 millions d'euros à horizon 2027 à travers trois bioraffineries (dont l'une devrait donc encore être annoncée, à destination du marché américain).

Selon Afyren, le marché des acides organiques demeure en effet pétro-sourcé à 99 % et s'élèverait à plus de 13 milliards de dollars, pour une croissance annuelle de l'ordre de 5,7 %.

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