Vaccin anti-cancer : ErVaccine lève 4,5 millions pour préparer une phase d'essais cliniques sur l'homme

La biotech lyonnaise, spin-off du centre Léon Bérard et du Centre de Recherche en Cancérologie, vient de boucler un tour d’amorçage à 4,5 millions d’euros, notamment auprès du fonds Seventure et de Bpifrance. A peine cette levée de fonds finalisée, elle travaille déjà sur une série A de l’ordre de 15 millions d’euros qui lui permettra de rentrer fin 2023 en phase clinique pour son vaccin thérapeutique anti-cancer et sa thérapie cellulaire.
(Crédits : Romain Etienne (Collectif ITEM))

Stéphane Depil a fixé le cap. L'onco-hématologue, directeur du programme d'immunothérapie du centre Léon Bérard et président d'ErVaccine, espère pouvoir faire entrer en phase clinique dès la fin 2023 son candidat vaccin thérapeutique de nouvelle génération contre le cancer.

Sa première cible sera le cancer du sein, dit « triple négatif », un type d'affections concernant 15% des cancers du sein et au pronostic le plus mauvais de cette catégorie de tumeurs. En parallèle, devraient entrer en phase de recherche clinique (sur l'homme donc) ses immunothérapies cellulaires. Elles s'attaqueront elles aussi sans doute à ce cancer du sein triple négatif mais également à d'autres types d'indications de cancers répondant mal à l'immunothérapie actuelle par inhibiteurs de points de contrôle.

Une série A déjà nécessaire

Pour parvenir à cet objectif, la biotech lyonnaise créée en 2019 vient de clôturer un tour d'amorçage à 4,5 millions d'euros incluant des fonds dilutifs et non dilutifs, dont un financement de près de 2 millions d'euros de Bpifrance et une prise de participation du fonds Seventure. Elle planche sur une seconde levée de fonds, une série A d'environ 15 millions d'euros, qui lui permettra de mener les études nécessaires à la phase clinique. Une levée que Stéphan Depil et sa co-CEO, Nathalie Donne, experte du développement de sociétés scientifiques, estiment d'ores et déjà délicate auprès d'investisseurs français.

« La France est en retard sur les thérapies cellulaires. Il est probable que nous soyons contraints de nous tourner vers des investisseurs américains, même si les publications très récentes de Moderna sur des preuves concluantes de son vaccin à base d'ARN messager contre le cancer devraient réveiller l'intérêt des investisseurs sur cette voie de recherche pour le cancer », analyse Nathalie Donne.

Pour elle, le retard de la France sur ce sujet prive les patients français des dernières avancées médicales.

Une approche de rupture

ErVaccine s'appuie sur 8 salariés, des consultants, les moyens et l'expertise du CLB, centre de référence mondiale en matière d'oncologie, ainsi que sur le soutien du Cancéropôle Lyon Auvergne-Rhône-Alpes (CLARA).

La startup revendique une immunothérapie de rupture, combinant vaccins thérapeutique anti-cancer et immunothérapies par cellules T modifiées, ciblant de nouvelles familles d'antigènes tumoraux dit « non conventionnels », tels que ceux issus des retrovirus endogènes humains, les HERV.

« Environ 8% du génome humain est constitué de séquences d'origine rétrovirale, les HERV. Ils sont en fait des vestiges d'anciennes infections rétrovirales qui ont affecté nos ancêtres au cours des 100 derniers millions d'années. Ces HERV restent silencieux dans les cellules normales mais deviennent actifs lorsque les cellules deviennent tumorales », explique Stéphane Depil.

« ErVaccine a démontré que les cellules cancéreuses présentaient au système immunitaire des antigène provenant de HERV. Mais ceux-ci ne génèrent pas une réponse immunitaire suffisante. Notre approche est de cibler les antigènes dérivés des HERV, en particulier pour les tumeurs qu'on appelle froides et qui répondent mal aux techniques actuellement utilisées d'immunothérapie. Nous avons pour ambition de développer une plateforme unique de vaccination thérapeutique, potentiellement universelle ».

ErVaccine ne se positionne donc pas sur les vaccins personnalisés mais sur des vaccins dont l'application serait élargie à plusieurs indications. Pour cela, ses bioinformaticiens travaillent sur des algorithmes permettant d'identifier les épitopes candidats (fragments antigéniques) capables d'induire chez le patient une réponse immunitaire suffisante contre la tumeur.

Des accords stratégiques seront discutés dans les prochains mois avec des partenaires industriels (probablement étrangers) pour la formulation de vaccins.

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