Fibromyalgie, migraines, arthrose : ce marché des douleurs chroniques auquel veut s'attaquer Remedee Labs

La startup grenobloise Remedee Labs a mis au point une solution de prise en charge non médicamenteuse de la douleur chronique, appuyée sur un bracelet délivrant des ondes millimétriques pour stimuler la production d’endorphines par le cerveau. Elle vient de lever 12,2 millions d’euros pour accélérer ses essais cliniques et son déploiement commercial.
Aujourd'hui, la technologie silicium nous permet de faire ce qui était possible à l'époque seulement avec de gros équipements, explique le président de Remedee Labs, Jacques Husser (ex-COO de Sigfox), qui vise le marché XXL des douleurs chroniques (arthrose, fibromyalgie, migraines, céphalées de tension, endométriose...)
"Aujourd'hui, la technologie silicium nous permet de faire ce qui était possible à l'époque seulement avec de gros équipements", explique le président de Remedee Labs, Jacques Husser (ex-COO de Sigfox), qui vise le marché XXL des douleurs chroniques (arthrose, fibromyalgie, migraines, céphalées de tension, endométriose...) (Crédits : DR)

Remedee Labs vient de lever 12,2 millions d'euros, auprès de Generali notamment, pour accélérer le déploiement de sa solution de prise en charge non médicamenteuse de la douleur chronique. Il s'agit de son troisième tour de table, après une première levée de fonds de 11 millions annoncée fin 2019 pour accélérer les essais cliniques.

La startup, fondée en 2016 par trois experts des micro/nanotechnologies médicales et de la recherche biomédicale a développé, en partenariat avec le CEA-Leti et STMicroelectronics, une solution de neuromodulation non-invasive.

Celle-ci se met en œuvre via un bracelet intégrant un module d'émission d'ondes millimétriques miniaturisé. Ce module délivre un signal électronique de haute fréquence qui va stimuler les récepteurs sous-cutanés (situés à 0,5 mm à l'intérieur de la peau). En réponse à cette stimulation nerveuse indolore, le cerveau délivre des endorphines intracérébrales qui ont pour effet, affirme Remedee Labs, de soulager la douleur, de réduire le stress et d'améliorer le sommeil.

« Cette innovation repose sur une technologie que nous n'avons pas inventée, et qui avait été utilisée il y a 50 ans en Europe de l'Est. Sauf qu'aujourd'hui, la technologie silicium nous permet de faire ce qui était possible à l'époque seulement avec de gros équipements », explique le président de Remedee Labs, Jacques Husser (ex-COO de Sigfox).

Avant de préciser : « mais nous ne sommes pas des vendeurs de bracelets, nous avons choisi ce vecteur car il permet une bonne adoption par les patients, ce qui est essentiel. Nous sommes avant tout une société de services. Chaque client a accès à une plateforme de conseils et à un coaching personnalisé ».

Un potentiel de marché de dizaines de millions de personnes à travers le monde

La solution de Remedee Labs pour soulager les douleurs chroniques est commercialisée en France, depuis plusieurs mois, déjà grâce à l'obtention de la norme CE. Mais uniquement sous une allégation « bien-être » et « amélioration de la qualité de vie ».

La startup healtech n'a pas encore obtenu le feu vert européen pour se revendiquer comme une option médicale, mais espère bien le décrocher en 2024.

Avec comme première cible : les patients souffrant d'arthrose et de fibromyalgie, puis dans un second temps, ceux atteints de migraines, de céphalées de tension ou encore d'endométriose.

« La douleur chronique est un fléau qui touche des millions de personnes et qui reste à ce jour très insuffisamment prise en charge », pointe Jacques Husser.

Le potentiel est énorme : selon le Ministère de la santé, 1,6% de la population française souffre ainsi de fibromyalgie et 65% des plus de 65 ans ont de l'arthrose... Ces données, transposées à la population occidentale, affolent les compteurs potentiels de Remedee Labs.

Outre-Atlantique, l'entreprise grenobloise a d'ailleurs déjà décroché le statut de breakthrough therapy de la FDA, ce qui devrait lui permettre de franchir plus rapidement les étapes d'homologation.

Des essais cliniques prometteurs

Les essais cliniques, lancés fin 2019 (et retardés par la pandémie de Covid-19), devraient permettre de valider, en 2023, les bénéfices revendiqués.

Et convaincre, non seulement, les autorités pour la délivrance du marquage CE médical, mais aussi les acteurs français de la santé, pour une prise en charge par les mutuelles (à l'instar des forfaits accordés pour les médecines douces) et, graal ultime, de la Sécurité Sociale.

Selon Remedee Labs, les premiers résultats en vie réelle semblent prometteurs : après 90 jours d'utilisation, plus de huit utilisateurs sur dix (sur 495 utilisateurs) déclarent une amélioration significative de leur qualité de vie, notamment une amélioration de la qualité de leur sommeil.

« Selon les études, un malade chronique coute en moyenne 1.000 euros par an entre les médicaments, les visites chez le médecin et les arrêts de travail. Les mutuelles ont un réel intérêt à participer au développement d'une solution efficace pour les soulager ».

La startup dispose déjà d'un réseau de clients (chiffre non communiqué) utilisant son bracelet et sa plateforme. Ils doivent débourser actuellement 39,90 euros pour un abonnement mensuel de prise en charge.

Mise en place chez Generali

L'entrée au capital de Generali (6 millions d'assurés santé), qui était déjà membre fondateur de l'accélérateur en santé digitale Future4Care qu'avait rejoint Remedee Labs il y a un an, devrait permettre d'accélérer la commercialisation.

« Cette solution répond à un vrai besoin de prise en charge des douleurs chroniques, elle permettra d'apporter une réelle plus-value à nos clients. Cet enrichissement de notre offre de services sera proposé aux bénéficiaires de l'action sociale et prévoyance de Generali ainsi qu'à nos 8.000 collègues, salariés et agents généraux », annonce ainsi Emmanuel Néré, directeur de l'innovation de Generali France.

Remedee Labs emploie actuellement 41 salariés, principalement basés en région grenobloise. La montée en puissance de la jeune pousse devrait s'accompagner du recrutement d'une quinzaine de personnes en 2023. Les bracelets sont eux, fabriqués à Taiwan, pays leader des bracelets connectés.

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