On avait laissé la pépite iséroise avec une levée de fonds de 10 millions d'euros, qui venait gonfler les 106 millions de capital réunis depuis sa création en 2008. Désormais, les investissements sont en passe de payer puisque le fabricant de processeurs intelligents Kalray.
Cette spin-off du CEA Leti, fondée en 2008 et côtée sur Euronext Growth dix ans plus tard, se rêve toujours en futur « Nvidia européen », avec ses processeurs intelligents destinés aux marchés des datacenters, de l'edge computing, de la 5G, ou encore de l'automobile et des supercalculateurs.
Avec sous le bras, une offre composée d'une nouvelle génération de processeurs intelligents permettent le traitement de données massives afin de gérer les grands flux de données des domaines du cloud et du edge computing, qui nécessitent des prises de décision rapides, en temps réel.
Elle vient désormais d'annoncer un contrat d'envergure, "signé avec un acteur américain coté sur le Nasdaq". Son nom est tû, pour des clauses de confidentialité, mais son envergure n'est pas cachée : "il s'agit d'un acteur majeur de l'industrie qui, en 2021, a généré plusieurs dizaines de milliards de dollars de chiffre d'affaires pour une capitalisation boursière de plus de cent milliards de dollars", précise la société iséroise.
Ce contrat, d'un potentiel chiffré à 100 millions d'euros sur cinq ans, est issu d'un processus de négociations entamé il y a 18 mois : il prouverait en même temps, selon Kalray, tout l'intérêt de ses cartes d'accélération, développées spécifiquement pour le milieu des data centers et de la 5G. "Nous sommes vraiment en train d'amorcer notre changement de dimension", confirme à La Tribune le Ceo de Kalray, Eric Baissus.
Pour l'isérois, qui était en train de terminer les travaux de développement de sa dernière génération de composants, ce contrat est une bonne nouvelle à plus d'un titre : d'abord, car il constitue un premier client d'envergure, qui représente "un potentiel commercial de plusieurs dizaines de millions d'euros par an pour la société".
Mais aussi, parce qu'il se pose comme une manière de sécuriser le lancement de sa nouvelle génération de composants justement, pour laquelle ce gros client s'est d'ores et déjà engagé à verser 1 million de dollars à Kalray en vue de couvrir les dernières phases de développement, appelées à s'achever au deuxième semestre 2023.
Jusqu'à plusieurs milliers de cartes par an
Un bon timing, alors que cette nouvelle génération de cartes d'accélération était justement dans sa dernière ligne droite, avant une entrée en production prévue courant 2023 à destination des marchés du edge computing et de la 5G.
Ce nouveau contrat se concrétisera en trois temps : avec d'abord, une finalisation du développement de la technologique au cours des prochains mois, avant une entrée en pré-séries annoncée dès 2023, avec à la clé, "de premières commandes de cartes pour plusieurs millions d'euros".
La production en volume devrait quant à elle intervenir à compter de 2025, afin d'alimenter des commandes de "plusieurs milliers de cartes par an, soit des revenus de plusieurs dizaines de millions d'euros par an", confirme Kalray, rien qu'avec ce premier grand client.
Et ce, sur une durée de cinq ans, qui laisse donc entrevoir une sécurisation de son business. Mais aussi un premier pas vers d'autres contrats du même type, puisque la société iséroise confirme discuter encore, à ce jour, "avec plusieurs acteurs ayant le même profil" et compte même sur ce premier contrat d'ampleur pour "être un catalyseur" dans la signature de nouveaux contrats.
"Des acteurs de ce type, il en existe plusieurs centaines dans le monde, que nous pourrions ensuite travailler à transformer", confirme Eric Baissus.
20 millions en 2022, 40 en 2023
De quoi consolider en grande partie les ambitions de Kalray, qui assoit ainsi son objectif d'atteindre les 20 millions de chiffre d'affaires fin 2022 (contre 1,3 million en 2019).
Quant aux 100 millions escomptés à compter de 2023, la pépite demeure cependant plus prudente et confirme cette cible plutôt sur le moyen terme, tout en tablant sur un doublement du chiffre d'affaire en 2023, soit 40 millions d'euros, compte-tenu du contexte économique actuel sur la scène mondiale et des tensions en matière d'approvisionnements qui persistent.
Le rachat du britannique Arcapix complété en début d'année serait même venu « muscler » son activité liée au stockage des données, lui permettant ainsi de proposer à la fois une brique matériel et logiciel, en vue d'étendre son offre à destination des data centers, notamment sur la partie du stockage de données. "C'est ce qui explique en partie notre croissance rapide sur 2022", avance Eric Baissus.
Pour les applications 5G, Kalray, qui travaille déjà aux côtés de grands noms comme Orange ou Vodaphone sur ce segment estime que le marché se concrétisera dans un second temps, avec de premiers produits disponibles "en fin d'année prochaine".
Malgré ce changement d'échelle en prévision, le fabricant isérois ne compte pas pour autant renverser son modèle initial et se pose toujours comme une entreprise "fabless", c'est-à-dire qui compte sous-traiter sa production à différents partenaires externes. Kalray avait pour rappel déjà passé un accord avec l'un des plus grands fournisseurs de puces au niveau mondial, le néerlandais NXP (devenu également l'un de ses actionnaires), avec lequel il a d'ailleurs mis sur pied une plateforme de développement commune.
Des travaux sont d'ailleurs en cours pour rapatrier la production de ses cartes d'accélérations au sein de l'Hexagone, même si la production de puces reste, pour l'heure, uniquement réalisée en Asie.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !