Sa cible de marché est gigantesque : 8 milliards d'euros en 2022 en Europe pour le smart home et le smart building, 100 milliards à l'échelle mondiale selon les estimations de Brice Cruchon, fondateur et dirigeant de la startup drômoise Dracula Technologies. Et les perspectives des prochaines années, portées par la nécessité de mieux piloter les bâtiments, sont tout aussi prometteuses avec une croissance moyenne annuelle de ce marché de l'ordre 10 à 15%.
Des perspectives qui ont convaincu des investisseurs de poids : le fonds souverain Auvergne-Rhône-Alpes et la Banque des Territoires côté institutionnels mais aussi l'Américain Semtech, l'un des principaux fabricants mondiaux de semi-conducteurs à faible consommation (LoRA).
Montant de la levée de fonds annoncée début octobre : 5,5 millions d'euros. Il s'agit du troisième tour de table de la jeune pousse rhônalpine depuis 2016.
Deeptech et greentech
Créée en 2011, Dracula Technologies a développé une technologie (protégée par sept brevets) de modules photovoltaïques sur mesure destinés à l'internet des objets.
Ces modules permettent d'alimenter des objets connectés du bâtiment et nécessitant des micro-puissances comme des interrupteurs, des capteurs de température, des détecteurs d'incendie, etc. Réalisés à partir de couches d'encres conductrices, dont la composition est précieusement gardée secrète, ces pièces ont la capacité de produire de l'énergie à partir de la lumière ambiante (même de faible luminosité assure Dracula Technologies), que celle-ci soit naturelle ou artificielle.
« Notre technologie permet de limiter l'impact environnemental de l'internet des objets », explique Brice Cruchon, rappelant que chaque année, 15 milliards de piles sont jetées.
Au-delà du coût environnemental, le dirigeant pointe l'économie de temps et d'argent générée par une alimentation photovoltaïque des éléments connectés des bâtiments. « A l'échelle d'un bâtiment tertiaire ou industriel, changer/recharger les piles des alarmes ou des interrupteurs représentent un investissement temps et un investissement financier non négligeable ».
En se développant sur les piliers de la greentech, la startup revendique par ailleurs l'utilisation exclusive de matériaux organiques conducteurs ne nécessitant pas la mise en œuvre de terres rares ou de plomb.
Déploiement industriel
Après avoir validé la phase de prototypage, avec une ligne de production capable de produire 300.000 pièces par an (pour les premières séries déjà mises à disposition des clients pilotes), la récente levée de fonds doit permettre à Dracula de renforcer son équipe commerciale pour s'implanter notamment en Asie et aux Etats-Unis, mais aussi de passer un cap d'industrialisation.
Un investissement de six millions d'euros devrait être engagé d'ici mi-2023 pour une nouvelle usine, toujours à Valence, en capacité de produire 4 à 5 millions de pièces par an. Dans une troisième phase, qui devrait intervenir dans les 48 mois, une nouvelle tranche d'investissement de 12 millions d'euros est envisagée pour augmenter les cadences de production.
Dracula Technologies a réalisé en 2022 un chiffre d'affaires de 1,9 million d'euros et s'appuie sur une équipe d'une trentaine de collaborateurs. Objectif : multiplier le chiffre d'affaires par 10 à horizon 2025, avec 90 salariés environ.
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