Après les milliards de la stratégie hydrogène, le marché du rétrofit des autobus s’ouvre pour Symbio

Alors que Symbio prépare la livraison de sa première gigafactory de piles à combustible au second semestre 2023 au cœur de la vallée de la chimie lyonnaise, le gouvernement avait confirmé fin septembre l’inscription de son projet au sein de la stratégie nationale d’accélération hydrogène, qui ouvre à la voie à 2,1 milliards d’euros de financements publics. Deux semaines plus tard, c’est le savoyard GCK qui dévoile la signature d’un accord pluriannuel avec Symbio. Avec à la clé, un marché du rétrofit de véhicules lourds adressable dès 2023, pour des débouchés estimés à 70.000 autocars actuellement en circulation au sein de l'Hexagone.
Après Stellantis, c'est le savoyard Green Corp Konnection (GCK), qui annonce la signature d'un accord pluriannuel de fourniture de piles à combustible produites par Symbio dès 2023 sur son site de Saint-Fons (Rhône). Avec en ligne de mire, le marché du rétrofit des véhicules lourds, à l'image de l'Iveco Crossway devenu le premier autocar roulant en France rétrofité à l'hydrogène auquel les deux partenaires ont collaboré.
Après Stellantis, c'est le savoyard Green Corp Konnection (GCK), qui annonce la signature d'un accord pluriannuel de fourniture de piles à combustible produites par Symbio dès 2023 sur son site de Saint-Fons (Rhône). Avec en ligne de mire, le marché du rétrofit des véhicules lourds, à l'image de l'Iveco Crossway devenu "le premier autocar roulant en France rétrofité à l'hydrogène" auquel les deux partenaires ont collaboré. (Crédits : DR)

Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule : l'adage semble se confirmer pour l'isérois Symbio. Alors que la pépite, devenue co-entreprise entre Michelin et Faurecia en 2019, se prépare à livrer sa première usine de production de piles à combustibles courant 2023 à Saint-Fons (Rhône), en plein cœur de la vallée de la Chimie lyonnaise, elle avait reçu fin septembre une confirmation qu'elle attendait depuis plusieurs mois.

Soit l'inscription de son projet de passage à l'échelle, symbolisé par sa gigafactory, au sein de la stratégie nationale hydrogène développée par l'Etat, après la validation de celui-ci au sein du programme de Projet important d'intérêt européen commun (PIIEC) par Bruxelles.

Car pour aider la filière naissante des acteurs de l'hydrogène à financer ses travaux de R&D, la France comme les autres pays membres avaient dû s'accorder, à l'échelle européenne, sur les modalités de soutien à ce marché. Finalement, après plusieurs mois d'attente, la première ministre Élisabeth Borne a confirmé fin septembre l'inscription, dans le cadre de France 2030 et de la stratégie française sur l'hydrogène, de 10 projets portés par des acteurs nationaux (sur 41 projets retenus à l'échelle européenne), dont celui de Symbio.

Si le détail de l'enveloppe obtenue par chaque projet n'a pas été communiqué, on sait déjà que les 10 projets hexagonaux sélectionnés se partageront une somme totale de 2,1 milliards d'euros d'aides au développement de la part de l'Etat, qui sera complétée ensuite par 3,2 milliards d'euros d'investissement apportés par les acteurs privés.

50.000 kits de pile à combustible d'ici 2026

Du côté de Symbio, le projet en question est non seulement celui de son usine de Saint-Fons (baptisée SymphonHy), appelée à être une première à l'échelle du groupe mais aussi de l'Europe. Car en accueillant à la fois le siège de l'entreprise, un centre de R&D, une académie de formation aux métiers de l'hydrogène, mais aussi la première usine du groupe, Symbio vise pour rappel à produire 50.000 systèmes par an dès 2026 à Saint-Fons, avec une montée en volume progressive à compter de sa mise en service prévue au second semestre 2023.

Mais on sait aussi désormais que les deux coactionnaires de Symbio investiront plus largement un total d'un milliard d'euros sur sept ans en France, par le biais de son programme HyMotive, supporté par France Relance et France 2030, dans le cadre de ce PIIEC hydrogène. Avec là encore, une deuxième visée : celle de boucler l'industrialisation de l'innovation de rupture de Symbio, en portant ainsi sa capacité totale de production à 100.000 systèmes par an d'ici 2028 (et même 200 000 systèmes à compter de 2030), toujours au sein de l'Hexagone, tout en créant jusqu'à 1.000 emplois.

« L'objectif de ce nouveau site sera non seulement de produire en volume, mais aussi de développer une nouvelle technologie de rupture qui devrait faire baisser sensiblement les coûts unitaires du système », affiche le groupe Symbio, interrogé par La Tribune.

Et d'ajouter : « si nos prévisions étaient d'atteindre jusqu'ici la parité avec les coûts du diesel d'ici 2026 et avec les batteries d'ici 2030, avec la crise énergétique, cette parité pourrait même être atteinte avant, même si nous avons encore du mal à intégrer tous les facteurs géopolitiques qui peuvent encore évoluer », glisse-t-on en interne.

Une nouvelle gigafactory attendue en France

Pour cela, on sait déjà que le site de Saint-Fons ne devrait pas suffire et porter à la création d'une nouvelle gigafactory d'ici 2028, dont l'implantation n'a pas encore été dévoilée et serait en cours d'étude.

« Pour l'instant, le site de Vénissieux où nous sommes installés en attendant la livraison de l'usine offre une capacité de livraison de 2.500 systèmes par an, là où Saint-Fons nous permettra de monter à 50.000 », précise Symbio à La Tribune.

Côté investissements, Symbio reste toujours discret sur le montant comme sur le détail de l'enveloppe nécessaire, et précise uniquement qu'une grosse partie a été financée en fonds propres, en vertu de l'annonce réalisée en 2019 à l'arrivée de ses deux coactionnaires. Actuellement, le groupe emploie jusqu'à 600 collaborateurs directs et indirects (prestataires inclus) pour sa montée en industrialisation.

La coentreprise Michelin-Faurecia planche en parallèle sur la sécurisation de son approvisionnement en énergie, un paramètre devenu essentiel pour une industrie qui aura besoin de 4 tonnes d'hydrogène vert.

Pour cela, elle a ouvert des discussions avec CNR et Engie pour la fourniture d'hydrogène décarboné à compter de 2025 grâce au barrage de Pierre-Bénite, et a annoncé en juillet dernier la signature d'un accord avec le francilien Elogen (un fabricant d'électrolyseurs PEM issu du groupe GTT) pour la construction d'un électrolyseur sur le site de Saint-Fons qui permettra de fournir une tonne par jour à compter du quatrième trimestre 2023, en phase avec le lancement de la production.

Des débouchés commerciaux qui s'ouvrent

Alors que les milliards confirmés fin septembre par l'Etat français donnent une nouvelle accélération à la filière (au sein de laquelle Symbio espère atteindre un chiffre d'affaires de 1,5 milliards à compter de 2030), la jeune pousse voit également ses débouchés commerciaux s'ouvrir à l'aube du démarrage de son industrialisation.

En commençant par des clients comme Stellantis, sixième constructeur mondial, qui a déjà annoncé la contractualisation d'un partenariat avec Symbio cet été avec l'ambition de produire des kits de piles à hydrogène afin d'alimenter les 10.000 véhicules à hydrogène attendus par le groupe en 2024, conformément à son plan stratégique Dare Forward 2030.

Et désormais, la seconde bonne nouvelle pour la joint-venture de Michelin et Faurecia a été confirmée sur le salon Autocar Expo de Lyon.

Le savoyard Green Corp Konnection (GCK), qui a déjà rétrofité pour le compte de la Région Auvergne-Rhône-Alpes un Iveco Crossway devenu le premier autocar roulant en France rétrofité à l'hydrogène, annonce la signature d'un accord pluriannuel de fourniture de piles à combustible avec Symbio. Et cela, dès l'automne 2023 après une campagne de tests et l'obtention des homologations indispensables.

Car la joint-venture de Michelin-Faurecia n'est pas étrangère à cette première : « cette conversion par GCK Mobility, filiale de GCK, a été rendue possible notamment par l'utilisation massive de composants français dont la pile à combustible fournie par Symbio », précise le consortium savoyard, qui a fournit quant à lui les batteries et les moteurs utilisés.

En effet, l'association de deux kits de pile à combustible (StackPack) développés par Symbio permettrait ainsi de « développer une puissance maximale de 150 kW alimenté par 34 kg d'hydrogène 700 bars ». De quoi fournir « l'électricité nécessaire à un moteur électrique de 320 kW, grâce auquel l'autocar conserve ses performances et ses caractéristiques d'origine (autonomie de 400 km, charge utile de 19 tonnes) ».

Avec en ligne de mire désormais, une activité de rétrofit de véhicules lourds qui pourrait représenter un marché cible estimé à 70.000 autocars actuellement en circulation à travers l'Hexagone.

« Ce système hydrogène StackPack Symbio, capable de répondre à tous les besoins de puissance et durabilité pour la mobilité zéro-émission, sera utilisé par GCK Mobility pour la conversion d'autres véhicules dont la production en séries commencera à l'automne 2023 après une intense campagne de tests et l'obtention des homologations indispensables », ajoute GCK, qui vient de lever en septembre dernier 15 millions d'euros pour « finaliser sa phase de R&D et d'assurer la préparation de ses 500 intentions de commandes ».

Le groupe, fondé en 2020 par huit sociétés industrielles proposant des solutions technologiques pour accélérer la décarbonation des transports, a déjà signé des contrats pour convertir la flotte de dameuses de la station de ski de l'Alpe d'Huez, mais aussi des autocars longue distance pour le transporteur Ginhoux ainsi que la Compagnie des bateaux du Lac d'Annecy.

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