Début juillet, Aliae (Autoroute de Liaison Atlantique Europe) concessionnaire de l'A79+ a inauguré ce qu'elle présente comme l'autoroute réinventée. Les 30 kilomètres accessibles de ce nouvel itinéraire de 88 km en tout entre Montmarault (Allier) et Digoin (Saône-et-Loire) sont les premiers de l'A79.

Cette section autoroutière entre Sazeret (Allier) et Digoin (Saône-et-Loire) de la Route Centre Europe Atlantique (RCEA) est un axe transversal stratégique pour relier sur des trajets longue distance la façade atlantique française à l'Allemagne, la Suisse et l'Italie via le centre de la France. Chaque jour, 10 000 à 15 000 véhicules, dont environ 40% de poids lourds, empruntent cet itinéraire.

Ce trafic de poids lourds très élevé, conjugué à une configuration routière devenue obsolète, en ont fait l'un des axes routiers français parmi les plus accidentogènes. Entre 2008 et 2017, 124 personnes ont perdu la vie entre Montmarault et Mâcon.

C'est pourquoi l'État a décidé en 2017 de la construction de l'A79, confiée à Aliae. A partir d'octobre 2022, l'A79+ reliera les axes autoroutiers A6 et A71. Entre les communes de Sazeret et Digoin, 12 échangeurs, 4 aires de repos, 2 haltes simples et 1 aire de services, l'Aire du Bourbonnais à Toulon-sur-Allier ponctuent le parcours.

Réduire les émissions de CO2

Dès l'automne 2022, Aliae mettra en service les 88 km de cette autoroute en flux libre, sans barrière physique. Fini les gares de péages et les files d'attente. Les portiques et la technologie mis en œuvre, conçus et fournis par l'un des leaders mondiaux, sont déjà utilisés dans de nombreux pays : États-Unis, Espagne, Autriche, Brésil, Chili, Colombie, Inde. Depuis 2019, l'échangeur de Boulay (Moselle) est déjà "sans barrière", mais certains dysfonctionnements ont été pointés par les utilisateurs.

Concrètement, sur les 88 km de l'A79, six portiques équipés de caméras infrarouges identifient, quelles que soient les conditions météo, le badge télépéage ou la plaque d'immatriculation et le type de véhicule, déclenchant automatiquement la facturation.  Le dispositif est constitué de caméras infrarouge, d'antennes télépéage et de capteurs auxquels s'ajoute une couche d'intelligence algorithmique qui permet de faire communiquer les équipements entre eux et vers le système de back-office permettant la facturation et le recouvrement du péage en flux libre.

Quatre options de paiement sont disponibles. Pour les véhicules déjà équipées d'un badge, la facturation se fait en fin de mois. Pour les autres, le client enregistre simplement son numéro de plaque d'immatriculation et ses coordonnées bancaires sur le site www.aliae.com et le prélèvement se fait chaque semaine. Le client peut aussi payer 72 heures après son passage, en rentrant son numéro de plaque minéralogique, enfin, pour les réfractaires à ce système, 16 bornes de paiement sont mises à disposition sur les aires de repos ou de services de l'autoroute de l'A79+. Les clients peuvent y payer leur trajet lors de leur pause sur le parcours.

"La suppression des barrières physiques apporte plusieurs avantages, tant au bénéfice des utilisateurs que de la collectivité", argumente Isabelle Lacharme, directrice opérationnelle chez Aliae. "Une circulation plus fluide diminue les risques de bouchon et permet un gain de temps de trajet. Lors de chaque arrêt à une barrière de péage, un poids lourd dépense un litre de gasoil ordinaire, soit 3,1 kg de CO2 émis, l'absence de barrière réduit la consommation de carburant et des émissions de CO2. La suppression du stress à l'abord des péages devrait favoriser la sécurité et le confort des conducteurs. Enfin, ce nouveau type d'autoroute réduit l'artificialisation des sols. La surface nécessaire à une barrière de péage est estimée à 16 ha."

Ce sera aussi la première autoroute en France à proposer une modulation tarifaire selon des critères environnementaux. Pour les véhicules légers, le tarif est dégressif selon les émissions de CO2. Quant aux poids lourds, le tarif dégressif s'applique selon la classe de véhicule ET leurs émissions de CO2.

Une infrastructure au service du développement local et territorial

Malgré un trafic de transit particulièrement important, l'A79 sera aussi un vecteur d'échanges et de lien au niveau local. Les automobilistes pourront circuler gratuitement sur la section Cressanges - Toulon (17 km) et sur la section de Dompierre (6 km). Les aires de repos et de services joueront également un rôle de proximité important. En plus des aires de Pierrefitte et des haltes de Deux Chaises au niveau de la barrière de péage, deux aires de repos (Dompierre Ouest et Cressanges) et une aire de services (Toulonsur-Allier) seront accessibles à la fois par l'autoroute et par la voirie locale.

La crise sanitaire avait fait peser quelques inquiétudes sur les coûts ainsi que sur le calendrier de ce méga-chantier qui n'aura finalement demandé que 23,5 mois de délais de réalisation. Il a mobilisé plus de 1 200 collaborateurs dont 680 hors sous-traitance. Le Groupe Eiffage a financé en propre le projet avec un investissement de 538 millions d'euros. Il a réuni tous ses savoir-faire pour concevoir, construire et exploiter la première autoroute en flux libre. ALIAE est maître d'ouvrage et concessionnaire de l'A79 pour une durée de 48 ans. Eiffage Génie Civil est le mandataire du GIE CLEA qui a la charge de la conception et de la construction de l'A79.  ALIAE a confié l'exploitation et la maintenance de l'A79 sur la durée de la concession à APRR (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône).

Voulu par la loi d'Orientation des Mobilité de décembre 2019, le péage en flux libre a déjà été adopté dans plusieurs pays européens (Autriche, Espagne, Portugal) ainsi qu'au Brésil, Chili, aux Etats-Unis et en Inde. Plusieurs projets sont annoncés en France sur l'A4, A13-A14, A69 et A412.