La tannerie de cuir marin Ictyos s'associe avec une startup toulousaine pour créer des bracelets haut-de-gamme Apple Watch en cuir de poisson

La jeune tannerie de cuir marin Ictyos s’est associée à la start-up toulousaine Éternel pour commercialiser un bracelet d’Apple Watch en cuir de poisson, issu des déchets agroalimentaires. Un jalon de plus pour l’entreprise lyonnaise qui promeut une consommation plus responsable grâce à l’upcycling d'un déchet jusqu'alors peu exploité en France. Une étape aussi vers l'industrie du luxe qu'elle a en ligne de mire.
Les nouveaux bracelets d'Eternel en cuir de poisson semblent recevoir un bon accueil des clients.
Les nouveaux bracelets d'Eternel en cuir de poisson semblent recevoir un bon accueil des clients. (Crédits : DR)

On connaissait les bracelets de montre en cuir de crocodile, d'autruche, de requin ou de lézard. Mais peu encore en cuir de poisson... C'est le pari sur lequel se sont associées deux jeunes entreprises françaises : la toulousaine Éternel (10 salariés), spécialisée dans la vente en ligne de bracelets compatibles avec les montres Apple Watch, et la tannerie lyonnaise de cuir marin Ictyos (8 salariés) créée en 2018.

Après 18 mois de R&D et de mise au point, les bracelets en peaux de truites, issues des déchets régionaux de pisciculture, sont en vente depuis quelques semaines sur le site d'Eternel.

"Notre ambition, dans un premier temps, est de proposer aux clients une alternative au cuir exotique utilisé pour les bracelets haut-de-gamme des montres Apple Watch. Et puis, à plus long terme, le cuir marin pourra remplacer le cuir bovin", explique Amaury Hubault, confondateur d'Eternel.

"La mise au point de cette gamme de bracelets a été longue et minutieuse car leur fabrication est plus technique qu'un bracelet confectionné à partir de cuir bovin. Avec une peau de vache, il est possible de fabriquer des dizaines de bracelets. Avec une peau de poisson, seulement deux ou trois. Il faut donc bien optimiser les découpes. De plus, du fait des écailles, un sens est à respecter afin qu'elles ne gênent pas le porteur de la montre."

Le cuir marin est fourni par Ictyos, les bracelets dessinés et commercialisés par Eternel. La confection en elle-même est réalisée par Sibra, à Besançon, manufacture de bracelets de montres.

Ictyos, première tannerie française de cuir marin

Encore en phase de lancement, ces nouveaux bracelets semblent recevoir un accueil plutôt favorable des clients.

Un an après sa levée de fonds de 750.000 euros opérée auprès de cuir Invest, ils représentent une nouvelle étape dans le développement et la visibilité de la petite tannerie lyonnaise. Depuis sa création il y a quatre ans par trois ingénieurs chimistes (Benjamin Malatrait, Gauthier Lefébure et Emmanuel Fourault), autour d'une technique innovante de tannage végétal de cuir marin, Ictyos a déjà valorisé 200.000 pièces, soit 20 tonnes de peau. 20 tonnes exclusivement issues des déchets de l'agroalimentaire et revalorisées.

"Les peaux de bovins sont revalorisées presque à 100%. Les peaux de poissons presque à 0%, la France a elle seule en jette presque 50.000 tonnes par an. Il s'agit d'une aberration écologique à laquelle nous voulons remédier", martèle Benjamin Malatrait.

Ictyos collecte ses peaux principalement dans les restaurants à sushis lyonnais (pour le saumon) mais dispose aussi d'accords avec des producteurs (toujours exclusivement pour les déchets) pour les carpes des Dombes par exemple, pour l'esturgeon et pour la truite. Ses clients : des horlogers, des maroquiniers, des chausseurs... Le milieu du luxe s'intéresse également de plus en plus à Ictyos. La tannerie avait d'ailleurs été sélectionnée l'année dernière pour rejoindre la maison des start-ups LVMH au sein de Station F.

"Nous avons déjà réalisé de très nombreux prototypes et échantillons pour LVMH et d'autres maisons de luxe, l'idée du cuir de poisson fait son chemin", avance Benjamin Malatrait qui met en avant un doublement annuel de son chiffre d'affaires depuis la création de l'entreprise et une ambition de poursuivre sur la même tendance dans les prochaines années. Avec en ligne de mire : une éventuelle nouvelle levée de fonds et l'ambition, sous 5 ans, de construire une "tannerie de taille comparable à une tannerie bovine."

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