Sureté nucléaire : un marché propulsé sur le devant de la scène pour Endel, HEF et Technetics

A l'heure où le nucléaire a été replacé au coeur des enjeux de transition énergétique par Emmanuel Macron, trois entreprises de la région Auvergne Rhône-Alpes planchent actuellement sur des innovations qui contribueront à une meilleure sûreté du parc nucléaire. Elles sont positionnées sur des domaines très différents, mais partagent un point commun : à Lyon, Endel SRA développe notamment un robot d'inspection automatisé des générateurs vapeurs tandis qu'à Saint-Etienne, Technetics et HEF se sont associées pour mettre au point un joint nouvelle génération. Toutes trois sont soutenues dans le cadre du volet nucléaire du plan France Relance.
Endel SRA développe par exemple un robot miniature capable d'explorer toutes les plaques entretoises des générateurs vapeur des centrales nucléaires.
Endel SRA développe par exemple un robot miniature capable d'explorer toutes les plaques entretoises des générateurs vapeur des centrales nucléaires. (Crédits : DR)

Endel SRA, spécialiste lyonnais de l'inspection télévisuelle des centrales nucléaires et du nettoyage haute pression, avait déjà mis au point en 2006 une solution robotisée permettant de contrôler les passages d'eau composant les plaques d'entretoises des générateurs de vapeur, périmètre clé des installations nucléaires. Mais elle ne permettait d'en examiner que 30% environ.

"Le générateur est composé d'un faisceau de plus de 5.000 tubes sur 10 mètres de haut. Ces tubes sont soutenus par des éléments, qu'on appelle plaques entretoises. Notre premier système permettait de contrôler les plaques du haut et du bas du générateur", explique Jean-Paul Mandier, directeur général de la PME lyonnaise de 180 salariés (CA : 25 millions d'euros).

Créée en 1927 sous le nom de Société Régionale d'Assainissement, elle avait ensuite été rattachée successivement à la Lyonnaise des Eaux, Suez Environnement, Engie et depuis, quelques semaines au nouveau groupe Altrad - Endel.

"Les technologies actuelles de maintenance ne permettant pas d'inspecter jusqu'ici l'ensemble des installations de ces plaques, il nous fallait aller plus loin afin d'améliorer encore la sûreté du parc nucléaire, déjà située à un niveau très élevé. Il faut vérifier la nature et la quantité de dépôts éventuellement présents, dans une démarche préventive de haut niveau".

Un investissement d'1,7 million d'euros

Endel SRA se prépare donc à investir 1,7 million d'euros pour développer un robot d'inspection automatisée, investissement abondé à hauteur de 50% par le volet nucléaire du plan France Relance. Dotés d'une caméra de 4 millimètres actuellement en développement par un partenaire de l'entreprise lyonnaise et d'un éclairage capable de projeter à un mètre de distance, ces robots miniatures pourront vérifier l'ensemble de ces plaques.

Le premier robot sera prêt pour la fin de cette année. Il devrait amener à Endel SRA un chiffre d'affaires complémentaire, - non négligeable mais non évalué précisément -, dans un contexte de hausse des besoins de maintenance du parc nucléaire. En France mais aussi à l'international.

Autre avantage majeur de ces nouveaux outils : les techniciens n'auront plus besoin d'entrer dans le système, ils pourront contrôler à distance le robot réduisant ainsi le risque d'exposition aux rayonnements. Un enjeu majeur pour faciliter les recrutements d'un secteur souffrant d'une pénurie de candidats.

"Beaucoup de travaux sur les installations nucléaires vont arriver dans les prochaines années, il est primordial d'être au rendez-vous et de se rendre attractifs pour les jeunes talents", insiste Jean-Paul Mandier, dirigeant de l'entreprise mais aussi président de l'IFARE, association regroupant une centaine d'entreprises régionales prestataires de la filière nucléaire.

" Améliorer la sécurité des intervenants et offrir des technologies nouvelles, séduisantes, sont deux points clés de l'attractivité", poursuit-il, signalant au passage que la plupart des robots d'Endel SRA sont commandés par des manettes de Playstation.

Une unité de production de joints nucléaire à Saint-Etienne

A une centaine de kilomètres d'Endel SRA, ce sont deux autres entreprises qui, elles aussi, sont à pied d'œuvre pour améliorer la sûreté nucléaire. Les entreprises ligériennes Technetics France (45 millions d'euros de chiffre d'affaires / 250 salariés) et HEF (3.150 salariés, 274 millions d'euros de CA) se sont associées au sein du programme Texeal, retenu lui aussi dans le cadre de France Relance, pour un montant d'investissement d'1,75 million d'euros. La première est spécialisée dans la fabrication de solutions d'étanchéité, la seconde dans l'ingénierie des surfaces.

Il s'agit cette fois de mettre au point un joint destiné notamment aux têtes de fermeture des cuves sous pression des centrales nucléaires. Un joint alliant une texturation réalisée à partir de la technologie femtoseconde maitrisée par HEF et d'un savoir-faire breveté par Technetics.

"Jusqu'ici, la performance des joints de couvercle de cuve des réacteurs nucléaires était l'équivalent du volume d'un dé à coudre s'écoulant sur cinq ans. Grâce à cette innovation, ce volume passe à celui d'une tête d'épingle sur 2.000 ans. Nous ne visons donc pas quelques pourcents de gains, mais bien une évolution très significative", indique Bertrand Nicolet, directeur innovation du groupe stéphanois HEF.

La faisabilité technique et économique a été validée. Les premiers joints, d'un diamètre maximal de deux mètres, devraient être produits avant la fin de l'année. 2023 permettra une extension de la capacité à 5 mètres. Une petite unité de production est en cours d'installation pour une fabrication et une texturation de surface sur un même lieu.

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