Ce n'est pas encore l'Ile-de-France, mais chaque année, Auvergne Rhône-Alpes espère bien grignoter quelques parts du gâteau du numérique, désormais ouvert aux startups industrielles.
Et en 2022, la promotion du French Tech 120, l'indice de référence des startups de la Tech monté par la mission French Tech pour accompagner une centaine d'entre elles à passer à un mode plus « scaleup », confirme en quelque sorte la montée en puissance qu'espèrent les startups d'Auvergne Rhône-Alpes.
Non pas sur le nombre (même si Auvergne Rhône-Alpes s'affiche comme la première délégation régionale, après l'Ile-de-France), mais probablement sur la maturité et les ambitions des startups sur la table.
Car même si, une fois encore, le tissu auralpin n'est pas parvenu à grossir ses rangs au sein d'un classement, qui demeure encore très tourné autour de l'Ile-de-France, on compte désormais, parmi ses lauréats 2022, plusieurs acteurs aux ambitions de taille, susceptibles de prétendre au statut tant envié de « licornes françaises ».
Lyon et Grenoble au sein du Next 40
A commencer par le classement du Next 40, ce « CAC40 » des startups qui rassemble "l'élite" des jeunes pousses les plus prometteuses, et où l'on retrouvera cette année encore, pour la seconde année consécutive, le lyonnais LumApps, qui développe un Intranet social et collaboratif, et avait pour cela bouclé une levée de fonds en série C de 70 millions de dollars en 2020, suivie de l'acquisition, en juin 2021, de l'éditeur de gestion sécurisée de vidéos, Novastream.
Il sera désormais rejoint par la deeptech grenobloise Aledia, qui est en train de bâtir sa première usine de production de nanofils lumineux pour le domaine des écrans OLEDs nouvelle génération, à quelques kilomètres de Grenoble. Après avoir bouclé deux tranches de financement de 100 millions d'euros cette année, son projet de créer une nouvelle "Display Valley" en Isère (avec à la clé : 500 nouveaux emplois à horizon 2025), avait mené à la visite, en septembre dernier, de la ministre en charge de l'Industrie Agnès Pannier Runacher, et du secrétaire d'état au numérique Cédric O.
Pour rappel, le Next 40 intègre "d'office" les entreprises valorisées à plus d'un milliard d'euros -mais non côtées- ou celles ayant bouclé une levée de fonds supérieure à 100 millions d'euros. Avec, parmi les lauréats des années précédentes, d'autres pépites de la Tech à l'échelle française comme Blablacar, Doctolib, ou encore Deezer.
Ce mardi matin, Cédric O a rappelé qu'aujourd'hui, la concurrence au sein du tissu français s'en retrouve également renforcée : "il faut désormais avoir levé au moins 50 millions d'euros pour faire partie du Next 40", précisant qu'avec la sortie de deux acteurs "par le haut" (OVH et Believe) avec deux entrées en Bourse, "c'est autant que sur les 20 dernières années".
Pour le French Tech 120, quatre nouveaux arrivants
Du côté du classement French Tech 120, qui vise quant à lui à bâtir une forme « d'équipe de France » des startups susceptibles de passer en mode scaleup et qui pourraient bénéficier d'un accompagnement plus étroit, on retrouve un fort renouvellement. Avec, parmi les quatre lauréats auralpins, quatre nouveaux, mais dont les noms sont déjà bien connus dans la région :
- C'est notamment le cas de l'isérois Verkor, qui nourrit, comme le suédois de Northvolt, l'ambition de bâtir un gigafactory de batteries à échelle européenne, en établissant 16 GWh de capacité de production d'ici 2024 et au moins 50 GWh d'ici 2030. Le tout en créant près de 2.000 emplois.
Il avait déjà bouclé une première levée de 100 millions d'euros en juillet 2021, auprès d'une demi douzaine de partenaires (dont le chimiste Arkema, le fonds d'investissement suédois EQT Ventures, le spécialiste du carbone Tokai COBEX, le Fonds de Modernisation Ecologique des Transports (FMET) ou encire Bpifrance et la Région Auvergne Rhône-Alpes) et de récents partenariats clés, comme avec le constructeur Renault. Avec toujours dans le viseur, un projet global estimé à terme à près de 1,2 milliard d'euros. - On compte également, dans cette nouvelle promotion, le lyonnais Agicap, qui s'était aussi fait connaître au cours des derniers mois avec sa "méga" levée de fonds de 100 millions de dollars en mai 2021, et comptait recruter en l'espace de deux ans près de 800 collaborateurs, dont les deux tiers à l'étranger, pour le développement de son logiciel de pilotage de trésorerie destiné aux PME.
- Ils seront accompagnés par la medtech rhodanienne Amolyt Pharma (ex-Alizé Pharma 3), qui avait déjà levé 67 millions d'euros en 2019 pour le développement de peptides pour le traitement de maladies endocriniennes et métaboliques rares, et a renouvelé l'essai en septembre dernier avec, à nouveau, 60 millions de plus. Après avoir revendu deux biotechs et mené plusieurs levées de fonds, son fondateur Thierry Abribat veut désormais "créer une franchise en endocrinologie" et "lancer des produits ayant le potentiel de devenir des médicaments".
- Un autre lyonnais, la société Air Médias, complète ce classement, avec le lancement du réseau social Mym en 2019. Fonctionnant comme un club privé, cette startup fondée par deux trentenaires ligériens, Gaspard Hafner et Pierre Garonnaire, vise à rapprocher les fans de leurs personnalités favorites, notamment dans le monde su sport, et compterait déjà plus de 8 millions d'utilisateurs, 200 000 créateurs pour un chiffre d'affaires de 60 millions d'euros en 2021... Le réseau, qui compte désormais se développer à l'international, a d'ailleurs annoncé début janvier 2022 un projet de financement de contenu, Mym Creators Fund, dans lequel chaque créateur peut effectuer une demande de financement afin de se faire rémunérer afin de créer du contenu sur la plateforme.
Et les sorties du French Tech 120
Pour rappel, le dispositif French Tech 120 propose quant à lui un accompagnement conçu pour les scaleup françaises « en capacité de devenir des leaders technologiques de rang mondial ».
Chaque année, ce sont ainsi 120 pépites françaises qui sont sélectionnées pour en faire partie, à partir de critères financiers (levée de fonds, indice d'hypercroissance du chiffre d'affaires, etc), et ce, en prenant en compte tous les modèles de startups (numérique, deeptech, industrielles) par les équipes de Bpifrance.
"Une fois dans le classement, les startups bénéficient d'un accompagnement de la Mission French Tech dans tous les domaines : développement en France et à l'international, évolutions réglementaires, visibilité, attractivité, etc", précise le secrétariat d'Etat à la Transition numérique.
En 2021, le FT 120 avait également couronné quatre pépites, issues de l'écosystème régional, qui ne renouvelleront pas l'essai cette année :
- Enyo Pharma, une biotech lyonnaise qui développe un médicament pour traiter l'hépatite B ;
- le stéphanois Keranova, qui a conçoit un laser automatisé pour la chirurgie de la cataracte ;
- le clermontois Afyren, spécialisé dans la chimie verte, et qui sort de ce classement "par le haut" après avoir annoncé en septembre dernier son introduction en Bourse sur Euronext Growth, en vue de lever entre 70 et 80 millions d'euros afin d'accélérer l'industrialisation de ses acides organiques biosourcés.
A noter que la startup Ubitransport (Macôn et Lyon) qui développe des systèmes intelligents afin d'aider les villes moyennes à mieux optimiser leurs réseaux de transport public, est renouvelée au sein du FT120, mais se situe à cheval sur deux régions (Auvergne Rhône-Alpes et Bourgogne Franche Comté).
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