Covid-19 : BioSpeedia fait face à la ruée vers les autotests

BioSpeedia, la spin-off de l'Institut Pasteur, partagée entre Paris et Saint-Étienne, est très bien positionnée parmi la poignée de fabricants français d'autotests de dépistage du Covid-19. Alors que la demande explose, avec la déferlante du variant Omicron, elle travaille sur de nouveaux moyens de dépistage plus efficaces, en lien étroit avec le CHU de Saint-Étienne et la PME stéphanoise Diffusion Technique Française. L'arrivée du variant couplée à une évolution rapide des protocoles sanitaires met aussi une certaine pression sur la supply chain des tests rapides.
BioSpeedia a déjà vendu plus de 6 millions d'auto-tests de dépistage du Covid-19.
BioSpeedia a déjà vendu plus de 6 millions d'auto-tests de dépistage du Covid-19. (Crédits : DR)

"Uniquement sur la troisième semaine de décembre, nous avons vendu 250.000 autotests, soit un quart du million d'autotests commercialisés en France cette semaine-là, toutes marques confondues. Les chiffres sont impressionnants", avance Jean-Philippe Massardier, le dirigeant de la PME stéphanoise Diffusion Technique Française (DTF). Une accélération de l'utilisation des autotests qui semble exponentielle, car entre le 28 décembre et le 2 janvier, selon l'Institut des Ressources industrielles, citée par Libre Service Actualités, entre 1,5 à 2 millions d'autotests en été vendus en France.

DTF, entreprise de 60 salariés, est chargée de la logistique et de la commercialisation des tests de Covid-19 développés par l'entreprise stéphano-parisienne BioSpeedia. L'entreprise a enregistré un chiffre d'affaires de 19 millions d'euros en 2021, dont la moitié est générée par les activités liées à BioSpeedia.

BioSpeedia n'est pas née avec le Covid-19. Créée en 2011, cette spin-off de l'Institut Pasteur, créée par deux chercheurs, Yves Germani et Evelyne Bégaud, est spécialisée dans le diagnostic rapide des infections bactériennes respiratoires et de la méningite bactérienne. Elle a mis au point depuis 2020 une batterie de dispositifs de dépistage du Covid-19 : des tests sérologiques, des tests antigéniques, des autotests en prélèvement nasal, nasopharyngés ou salivaires. Ces derniers avaient notamment été commercialisés après un test grandeur nature, soutenu par la Ville de Saint-Étienne, auprès de 7.000 Stéphanois, fin 2020.

Depuis le début de la pandémie, elle a vendu plus de six millions de tests. En 2021, l'entreprise, soutenue par le fonds d'investissement Forepont Capital Partners compte six salariés, a enregistré un chiffre d'affaires de 12 millions de dollars dont 60% réalisés en France.

S'adapter à l'actualité, en lien avec le tissu local

Sur les autotests, "nous avons réussi à fournir nos clients habituels et nous avons globalement été moins submergés que des confrères, mais pour être complètement transparent, si nous avions disposé du double d'autotests, nous les aurions vendus, c'est certain, poursuit Jean-Philippe Massardier. Je suis branché sur les actualités à longueur de journée pour essayer d'anticiper et de prévoir le marché mais nous n'avons finalement que peu de visibilité. Nous avons tous été surpris par l'ampleur et la rapidité de la vague Omicron. Aucun fabricant n'a pu anticiper suffisamment cette demande gigantesque ".

A noter que la fabrication made in France des tests BioSpeedia, par l'usine lyonnaise Delpharm, a aussi permis d'assouplir les tensions d'approvisionnement. Au niveau des concurrents français Biospeedia compte AAZ, Biosynex ou encore NG Biotech (en partenariat avec Boiron).

A l'automne dernier, DTF avait aussi constitué une task force provisoire d'une centaine de personnes pour une commande publique nécessitant de reconditionner deux millions de tests antigéniques en autotests (la méthode de prélèvement diffère mais les cassettes et les réactifs sont identiques entre les deux types de tests).

" Nous poursuivons la commercialisation de l'ensemble des produits mais la demande est aujourd'hui très clairement portée par les autotests. Nous avons intensifié la production", commente Yves Germani qui confie avoir vérifié leur fiabilité, dès l'apparition du variant Omicron.

"Nous sommes certains de leur pertinence, même avec Omicron, car nous travaillons en partenariat avec le CHU de Saint-Étienne qui challenge nos tests en permanence. Cette collaboration de longue date est un atout exceptionnel. Une étude récente du service pédiatrique du CHU, avec une méthode de prélèvement innovante réalisée sur mille enfants, confirme d'ailleurs sans équivoque la fiabilité de nos tests", affirme le chercheur.

Pour améliorer le dépistage de ce variant, Biospeedia avance en parallèle sur un nouveau process de prélèvement rapide dont l'hypothèse sera confirmée d'ici une quinzaine de jours et qui permettrait, selon Yves Germani, "une avancée très significative".

"Le nouveau protocole sanitaire avec le double autotest à réaliser chez soi va maintenir une pression importante de la demande"

Alors que les fêtes de fin d'année viennent de s'achever, Jean-Philippe Massardier évoque une forte pression toujours bien présente sur la supply chain des tests rapides. "Le nouveau protocole sanitaire avec le double auto-test à réaliser chez soi va maintenir une pression importante de la demande. Notre capacité de prévision est limitée, car chaque annonce gouvernementale, comme celle des autotests des écoliers, peut avoir des impacts importants et immédiats sur la demande. Il s'agit de trouver le bon équilibre dans la prise de risque de chacun des acteurs".

Difficile en effet de faire des prévisions exactes sur les commandes à venir tant les facteurs pouvant inverser la tendance, dans un sens ou dans l'autre, sont nombreux. L'autorisation de distribution des autotests par la grande distribution par exemple, un canal que n'exploite pas pour l'instant le duo BioSpeedia-DTF, focalisé sur le réseau de distribution privilégié des dispositifs médicaux de la PME stéphanoise :  les pharmacies. " Je suis persuadé qu'il s'agit du meilleur canal pour ce type de produits car ils nécessitent du conseil. Mais nous ne fermons pas la porte à la grande distribution. Si nous avons des tests en quantité suffisante, nous répondrons à leur demande, - nous avons été sollicités en ce sens évidemment-, mais pour le moment, ce n'est pas le cas".

La start-up poursuit en parallèle ses autres activités historiques et devrait sortir au printemps prochain un nouveau test sur une infection respiratoire (projet encore confidentiel). De plus, un partenariat majeur avec l'Institut Pasteur, impliquant des retombées intéressantes pour le territoire stéphanois, devrait aboutir en mars prochain.

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