Les biotechs à suivre 4/5. Mablink Bioscience : préserver les tissus sains, mais lutter contre le cancer

SERIE 4/5. Auvergne Rhône-Alpes, terre de biotechs ? Cette semaine, La Tribune a sélectionné 5 pépites à suivre : parmi elles, trouvera-t-on le Moderna de demain ? Le lyonnais Mablink Bioscience développe de nouveaux biomédicaments en oncologie, basés sur des anticorps-médicaments qui vont directement cibler les cellules cancéreuses pour les détruire. De quoi permettre à la jeune pousse de lever déjà 4 millions d'euros début 2021, avec l'ambition de débuter les essais cliniques courant 2023.
Mablink développe une thérapie ciblée dans le domaine de l'oncologie, basée sur les conjugués anticorps-médicaments. De quoi, dès 2020, lui permettre de décrocher son premier partenariat avec une big pharma faisant partie du top 10 mondial.
Mablink développe une thérapie ciblée dans le domaine de l'oncologie, basée sur les conjugués anticorps-médicaments. De quoi, dès 2020, lui permettre de décrocher son premier partenariat avec une "big pharma" faisant partie du top 10 mondial. (Crédits : DR/Mablink)

Mablink Biosciences est une société de biotechnologie qui a été créée fin 2018 par quatre co-fondateurs : Jean-Guillaume Lafay, le Dr Warren Viricel, le Pr Benoît Joseph et le Pr Charles Dumontet.

La jeune pousse développe une thérapie ciblée dans le domaine de l'oncologie, basée sur les conjugués anticorps-médicaments (ou Antibody-Drug Conjugate, ADC). Ces conjugués reposent sur une combinaison d'un anticorps monoclonal et d'un composé cytotoxique puissant.

L'anticorps est utilisé comme vecteur d'adressage pour guider la chimiothérapie vers la cellule tumorale. "Nous sommes capables d'emmener n'importe quel type de médicament et de le livrer exactement à l'endroit que nous voulons cibler, de manière complètement furtive pour l'organisme. C'est comme un cheval de Troie", explique Jean-Guillaume Lafay, président et co-fondateur de Mablink Bioscience. Le marché des ADC est estimé à 4,3 milliards de dollars en 2020, avec un taux de croissance annuelle de 24 %.

Sa technologie se distingue de l'existant sur deux points : car habituellement, une molécule chimique est considérée comme du « non-soi », c'est-à-dire que l'organisme la rejette. "C'est pour cela que pour beaucoup de médicaments, il faut prendre une forte dose pour obtenir un effet thérapeutique", détaille-t-il.

Or, Mablink a développé la possibilité de masquer la drogue accrochée au vecteur qui la transporte. Sa seconde particularité, c'est qu'il faut être capable de "décrocher" le médicament au bon endroit. "Nous avons développé une technologie qui nous permet « d'appuyer sur la gâchette » à l'endroit précis où nous voulons libérer la molécule", ajoute-il.

Résultat : avec sa technologie, Mablink va être capable de traiter spécifiquement les tissus malades, en épargnant au maximum les tissus sains. "Cela devrait nous permettre de développer des médicaments beaucoup plus efficaces et présentant beaucoup moins d'effets secondaires", assure Jean-Guillaume Lafay. Outre ces avantages, Mablink a réussi à réduire les temps de développement de 11 mois à une semaine.

La jeune pousse a réalisé trois preuves de concept, contre le cancer du sein, la leucémie aiguë myéloblastique et le lymphome non Hodgkinien. Les premiers résultats obtenus sont très encourageants sur tous les modèles étudiés. Avec un dosage environ 15 fois moins élevé que les thérapies concurrentes, l'équipe a constaté une disparition de la tumeur en seulement 20 jours sur les animaux et une absence de reprise de tumeur au-delà de 90 jours.

Plusieurs programmes de concert

"Notre volonté est de continuer à faire grossir notre pipeline de candidats-médicaments. C'est une autre de nos caractéristiques, par rapport à d'autres biotechs : nous avons plusieurs programmes qui démarrent les uns à la suite des autres", précise le co-fondateur.

Mablink a décidé d'orienter son développement de médicaments sur des indications où le besoin est plus grand, "pour que nos efforts servent aux patients les plus en attente de nouvelles options thérapeutiques", ajoute-t-il. Les nouveaux projets de la société ciblent pour le moment des tumeurs solides.

Car la biotech lyonnaise repose en effet sur un business model alliant le développement de candidats-médicaments, couplé à la réalisation de partenariats. En effet, sa technologie intéresse de nombreuses entreprises qui développent également des médicaments dans le domaine des ADC.

"Nous sommes extrêmement sélectifs sur les partenariats que nous souhaitons élaborer. Nous voulons trouver les meilleurs acteurs qui puissent présenter le couple scientifique et technologique, mais aussi les moyens financiers et la volonté de développement qui nous paraît la plus intéressante pour partager la technologie", souligne Jean-Guillaume Lafay.

Un objet d'intérêt pour les "big pharmas"

En 2019, Mablink a été lauréate du concours i-Lab et a gagné le projet preuve de concept du cancéropôle Lyon Auvergne-Rhône-Alpes (CLARA). Elle a aussi bénéficié du financement FrenchTechSeed de BpiFrance ainsi que d'un investissement de Pulsalys.

Au total, près de 1,5 million d'euros ont été levés en 2019. "En 2020, nous avons eu notre premier partenariat avec une Big pharma faisant partie du top 10 mondial", précise le président. Début 2021, Mablink a réalisé une levée de fonds de 4 millions d'euros auprès d'un syndicat de six fonds d'investissements mené par Elaia Partners.

"Nous sommes repartis pour faire une preuve de concept dans les tumeurs solides et nous devrions attaquer les essais cliniques courant 2023. Nous prévoyons une nouvelle levée de fonds à cette occasion", annonce Jean-Guillaume Lafay.

Actuellement, la société compte une dizaine de personnes. Jusqu'ici hébergée au sein de laboratoires universitaires, la jeune pousse est en train de prendre son indépendance pour avoir des locaux regroupant toutes ses activités.

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