Eco-conception, étiquettes intelligentes ... Comment le tisseur Neyret veut (ré) habiller l’industrie du luxe

A Saint-Etienne, le groupe textile Neyret, spécialisé depuis deux décennies dans le tissage de rubans pour l'industrie du luxe, veut accélérer sa mue technologique. Avec une enveloppe de 6 millions d'euros, soutenue elle aussi par France Relance, le stéphanois veut devenir un expert de l'éco-packaging et de l'identification numérique de la mode et du luxe.
Le groupe textile est désormais capable - et c'est une technologie maitrisée par très peu de concurrents-, de tisser des étiquettes intégrant différentes technologies d'identification telles le QR code, le RFID ou le NFC.
Le groupe textile est désormais capable - et c'est une technologie maitrisée par très peu de concurrents-, de tisser des étiquettes intégrant différentes technologies d'identification telles le QR code, le RFID ou le NFC. (Crédits : DR)

"Le virage que nous prenons aujourd'hui doit nous permettre de construire les dix prochaines années". Benoit Neyret, le dirigeant de l'entreprise stéphanoise éponyme, créée il y a 200 ans sur un savoir-faire rubanier traditionnel, l'assure : celle qui se présente comme le numéro 1 mondial de l'ornementation et identification textile des produits de luxe (avec 1.000 salariés et un chiffre d'affaires de l'ordre de 40 millions d'euros) accélère sa mue.

Une transformation qui doit lui permettre de rebondir après une année 2020 complexe, où elle a subi les nombreux mois de fermeture des enseignes de prêt-à-porter et des boutiques de luxe des aéroports.

Le groupe va ainsi investir 6 millions d'euros, sur les deux prochaines années, dans ses outils de R&D et de production. Avec deux ambitions bien définies : enclencher la seconde en matière d'éco-conception et lancer l'industrialisation d'étiquettes intelligentes.

Deux voies de développement validées dans le cadre du programme France Relance.

Neyret a en effet décroché une aide de 800.000 euros au titre du PIA 3 (Programme des Investissements d'avenir). "Nous portions déjà ce projet mais cette aide nous permet d'aller plus loin et plus vite", confie Benoit Neyret, pointant l'intérêt de ce soutien dans cette prise de risque.

"Nous nous sommes engagés sur une voie de transformation forte. Nous ne voulons plus être un simple tisseur, nous nous dirigeons tranquillement mais sûrement vers un positionnement de société d'ingénierie en éco packaging et en solutions numériques pour l'identification textile", explique-t-il.

Une transformation qui ne doit pas se faire au détriment du savoir-faire historique de l'entreprise. Au contraire même, assure son dirigeant : "l'avenir est à l'innovation. Cette impulsion technologique nous permet justement de maintenir nos métiers traditionnels".

Des étiquettes intelligentes pour le luxe

Après 5 ans de R&D initiée par son dirigeant actuel, l'entreprise stéphanoise vient de lancer l'industrialisation d'étiquettes dites "intelligentes". Le profil de son dirigeant n'est d'ailleurs pas étranger à cette orientation : car avant de revenir au sein de l'entreprise familiale en 2012, Benoît Neyret avait cofondé la startup Kalray, spécialisée dans les microprocesseurs et désormais cotée en Bourse.

Il a donc gardé, dans sa besace, son ADN technologique pour le mettre au service du tisseur : le groupe textile est désormais capable, - et c'est une technologie maitrisée par très peu de concurrents-, de tisser des étiquettes intégrant différentes technologies d'identification telles le QR code, le RFID ou le NFC.

"On peut intégrer des algorithmes à ces puces", explique Benoit Neyret. Avec à la clé, de multiples applications, en particulier pour le secteur du luxe et de la mode haut-de-gamme : la lutte contre la contrefaçon, la logistique, l'expérience client etc."Les consommateurs pourront avoir facilement des informations sur le produit, sa composition, son origine etc".

Une nouvelle activité, déjà bien accueillie par les marques de luxe, et qui pourrait créer à court terme une vingtaine d'emplois à Grammond (Loire), sur le site ligérien de Neyret dédié au tissage des étiquettes.

Migration vers l'éco-conception

Deuxième voie de transformation : l'éco-conception. Déjà 50% des offres de Neyret en matière de packaging pour l'industrie du luxe sont élaborées à partir de matériaux biosourcés, recyclables ou biodégradables.

L'investissement soutenu par France Relance doit permettre d'agrandir le siège social stéphanois afin de lui permettre, notamment, d'accueillir un laboratoire d'innovation en éco-conception.

"Nous avons déjà bien progressé sur le sujet de l'éco-conception, mais nous voulons aller plus loin et gagner en expertise, notamment sur le multimatériaux, un sujet sur lequel nous nous sommes positionnés avec le rachat de SERAM en 2019".

Il poursuit : "Notre ambition est claire : nous souhaitons devenir le leader des packagings écoconçus. Les marques de luxe sont en attente de solutions innovantes, elles ont bien compris les nouveaux enjeux sociétaux en lien avec ces thématiques ".

Avec cette double impulsion, Neyret espère atteindre les 50 millions d'euros de chiffre d'affaires à court terme, soit 10 millions de plus qu'aujourd'hui.

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