Sylfen veut lever 4 millions pour déployer l'hydrogène dans le secteur du bâtiment

LA CONQUETE HYDROGENE, Episode 8. La startup grenobloise Sylfen s'engage elle aussi dans un processus de levée de fonds, sur un marché de l'hydrogène en plein boom. Objectif : réunir quatre millions d'euros pour accélérer le déploiement de sa solution hybride de stockage et de production d’énergie par co-génération. Avec un positionnement tourné pour sa part non pas vers la mobilité, mais destiné à favoriser la transition énergétique des bâtiments.
Caroline Rozain, Nicolas Bardi et Marc Potron ont créé Sylfen en 2015, une jeune pousse qui souhaite remettre les sujets de la  transition écologique des bâtiments  au coeur des enjeux de la filière hydrogène.
Caroline Rozain, Nicolas Bardi et Marc Potron ont créé Sylfen en 2015, une jeune pousse qui souhaite remettre les sujets de la transition écologique des bâtiments au coeur des enjeux de la filière hydrogène. (Crédits : DR)

Nicolas Bardi, le Ceo de Sylfen, n'y va pas par quatre chemins et estime le marché mondial visé à 10 milliards d'euros. Car en se positionnant sur le segment du stockage et de production d'énergie pour le domaine du bâtiment, sa jeune pousse pourrait profiter d'un marché de la transition énergétique en pleine transformation.

Créée en 2015 par cet expert en hydrogène du CEA Grenoble, Sylfen devrait clôturer l'année 2021 avec un chiffre d'affaires d'un million d'euros, et vise déjà les 10 millions d'euros à l'horizon 2023. "Notre ambition est de devenir une licorne avec quelques centaines de salariés", annonce le Ceo.

Pour accélérer et atteindre plus vite son objectif, la startup grenobloise compte même lever rapidement des fonds et recherche actuellement quatre millions d'euros afin d'accompagner la jeune structure de 15 salariés à l'international et soutenir son industrialisation.

"Nous avions commencé à engager les démarches début 2020, mais avec la crise, les discussions ont été interrompues et nous avons préféré nous concentrer sur notre R&D. Aujourd'hui, nous relançons le processus et le moment est d'autant bien choisi que cette pandémie a créé une prise de conscience de l'enjeu de la transition énergétique", explique Nicolas Bardi.

Des systèmes hybrides de stockage des ENR

Sylfen développe des systèmes hybrides de stockage et de production d'énergie par cogénération. Sa technologie permet ainsi de stocker sur place l'énergie renouvelable générée, par exemple, par des panneaux photovoltaïques ou des éoliennes, sur des batteries lithium-ion.

Grâce à l'électrolyse de l'eau, le système mis au point par Sylfen produit de l'hydrogène qui, une fois compressé, est lui aussi stocké sur place.

"La problématique des énergies renouvelables réside dans leur instabilité. Leur production ne correspond que rarement au besoin du moment, en fonction de l'ensoleillement, du vent, etc ", explicite Nicolas Bardi. Les entreprises, les particuliers utilisent donc les réseaux de distribution d'électricité pour gérer les surplus et les manques.

"Et finalement, quand ils ont besoin de plus d'énergie, ils utilisent de l'électricité qui, selon les pays, est plus ou moins décarbonée." Selon lui, le stockage sur place permet de répondre à cette problématique en étant plus écologique et plus économique.

Réussir la transition écologique des bâtiments

Sylfen a validé sa preuve de concept, grâce notamment à un partenariat avec Engie et à un soutien de 950.000 euros de Bpifrance, dans le cadre des appels à projets Deeptech. Son concept de "Smart Energy Hub", destiné aux propriétaires de bâtiments de 1.500 à 10.000m², est désormais techniquement prêt.

Elle a d'ailleurs signé ses premiers contrats : deux en France et deux en Italie, livrables cette année, dont le nom des commanditaires demeure pendant confidentiel.

"Nous avons prouvé que notre solution est viable, que nous pouvons stocker de l'hydrogène et le réutiliser à volonté, via un système autonome piloté par nos logiciels", affirme le Ceo.

La technologie Sylfen peut ainsi s'adresser aux bâtiments industriels comme à des écoquartiers ou des zones d'activité. "La filière hydrogène s'intéresse beaucoup aux sujets de mobilité, mais la question de la transition écologique des bâtiments est majeure également", insiste Nicolas Bardi.

Sylfen prévoit d'être en capacité d'adresser les bâtiments de 10.000 à 50.000m² à horizon 2023."Après cette échéance, nous pourrons travailler sur les très grosses puissances pour les surfaces plus importantes ainsi que sur les toutes petites puissances, pour les maisons individuelles".

Au cœur du plan hydrogène de l'Etat

Ce positionnement place Sylfen dans le cœur même de la cible du plan hydrogène annoncé par l'Etat. L'effet a d'ailleurs été immédiat pour la startup grenobloise.

"L'annonce de ce plan était spectaculaire, les acteurs publics et privés veulent pouvoir développer des solutions hydrogène à leur échelle. Nous sommes donc sollicités et nous nous en réjouissons !", affiche Nicolas Bardi.

Là où ça se complique, "c'est que les outils financiers du plan hydrogène sont encore trop focalisés uniquement sur de très grands projets industriels et des grands groupes de l'énergie, qui ne répondent pas vraiment aux besoins de tout le tissu économique qui voudrait déployer de l'hydrogène à échelle humaine", reprend-t-il.

En attendant que d'autres contrats se concrétisent, Sylfen, installée depuis quelques mois dans des bâtiments industriels dans 650m² au Cheylas (Isère), près de Grenoble, travaille à la fabrication de ses premiers "Smart Energy Hub" à livrer cette année.

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