Biospeedia mise sur le "made in AuRA" pour ses tests antigéniques

La biotech Biospeedia fédère plusieurs acteurs lyonnais et stéphanois autour de ses tests antigéniques, qui se positionnent comme un symbole du savoir-faire régional en matière de biotechnologies. Validés récemment par l'Etat français, ces tests sont commercialisés dans l'Hexagone depuis quelques jours. Les trois partenaires espèrent convaincre les autorités françaises, alors que plusieurs régions dont Auvergne Rhône-Alpes s'équipent actuellement de tests de dépistage.
Biospeedia a une capacité de production de 750.000 tests antigéniques/mois pour l'instant. Elle pourra en produire un million dès janvier prochain puis triplera ses capacités dans les mois qui suivent.
Biospeedia a une capacité de production de 750.000 tests antigéniques/mois pour l'instant. Elle pourra en produire un million dès janvier prochain puis triplera ses capacités dans les mois qui suivent. (Crédits : DR)

Avec une capacité de production de 750.000 tests d'ici à la fin de l'année, puis un million par mois en janvier et le triple dans les mois qui suivent, Biospeedia entend bien faire sa place sur le marché français très disputé des tests antigéniques. Après plusieurs mois de travail, la startup a décroché la certification UE et est désormais homologuée sur la plateforme Covid-19. En moins de 15 jours de mise sur le marché français, elle en a déjà vendu plus de 100.000. Elle en avait déjà commercialisé plusieurs millions à l'étranger.

Un test "made in Rhône-Alpes"

Ce test antigénique est l'un des rares, parmi la cinquantaine de tests agréés par la plateforme gouvernementale Covid-19, à être fabriqué entièrement en France (hormis les réactifs achetés à l'étranger). Pour approvisionner le marché français, Biospeedia, spin-off parisienne de l'Institut Pasteur créé en 2011, a en effet décidé de s'appuyer sur l'écosystème rhônalpin. Avec un triptyque R&D - industrialisation -commercialisation, exclusivement positionné entre Saint-Etienne et Lyon.

Une partie importante de ses activités de recherche est ainsi installée à Saint-Etienne, dans les murs du GIMAP (Groupe Immunité des muqueuses et agents pathogènes) et du Campus Innovations Santé. Elle travaille en étroite collaboration avec le CHU de Saint-Etienne et les laboratoires de l'université Jean Monnet.

Un lyonnais pour la production

La production est, quant à elle, réalisée sur le site lyonnais du groupe Delpharm, expert de la production et du développement de médicaments en sous-traitance (17 sites de production, 4.700 collaborateurs, CA : 800 millions d'euros).

"Delpharm est un expert avec un pôle R&D reconnu et des sites industriels performants. Son outil nous permet de proposer des tests à des prix compétitifs pour le marché français", explique Julien Tizot, CEO de Biospeedia, nommé cet été après une entrée au capital (minoritaire) du fonds d'investissement franco-américain Forepont partners. "Son implantation dans la région AuRA a été également un des critères de choix : la proximité entre tous les acteurs facilite la souplesse et les échanges".

Plusieurs millions d'euros (montant précis non communiqué) vont être investis conjointement par Biospeedia et Delpharm, pour développer une ligne robotisée et flexible dans les prochains mois.

Un stéphanois pour la logistique et la commercialisation

Dernier acteur du triptyque : la PME stéphanoise DTF (Diffusion Technique Française), fabricant de dispositifs médicaux pour, notamment l'allaitement maternel et l'aérosolthérapie. C'est elle qui se charge de la logistique et de la commercialisation du test antigénique Biospeedia en France.

Elle a livré les premiers exemplaires, la semaine dernière, à des professionnels de santé grenoblois. "Nous avons l'habitude de gérer la distribution en pharmacie", explique son dirigeant Jean-Philippe Massardier, par ailleurs vice-président du Pôle des Technologies Médicales de Saint-Etienne. "Cette histoire régionale est belle ! Elle souligne la force des acteurs locaux en matière de biotech et renforce la souveraineté française sur le sujet".

Pour DTF, le chiffre d'affaires généré par les tests antigéniques pourrait représenter plusieurs points de croissance au sein de son activité. "Le contexte est incertain, l'avenir aussi, mais nous estimons qu'il faudra quatre à sept millions de tests par mois en France (toutes marques confondues). La volumétrie est donc possiblement importante pour Biospeedia".

Un appel d'air potentiel pour la PME qui a dû engager en début d'année une rupture conventionnelle collective touchant 25 postes, et qui a vu son effectif passer de 110 salariés en 2017 à 54 cette année, pour un chiffre d'affaires de 9,5 millions d'euros. "Nous avons été impactés par plusieurs phénomènes, notamment la baisse de remboursement du tire-lait". La PME cherche donc à se diversifier en reproduisant, pourquoi pas, le modèle de partenariat établi avec Biospeedia.

Un arsenal contre le Covid-19

"La demande est là, c'est incontestable", se réjouit Jean-Philippe Massardier, reconnaissant néanmoins se heurter à la problématique des marchés publics.

Biospeedia pourrait-elle bénéficier du même coup de pouce que ses concurrents AAZ ou Abott, qui ont pu actionner le levier des commandes publiques ? AAZ va ainsi fournir par exemple 5 millions de tests à l'Etat ainsi que 100.000 tests à la Région Ile-de-France, qui veut mener des dépistages dans les lycées.

La Région Auvergne-Rhône-Alpes, ou la Métropole de Saint-Etienne Métropole, qui ont sollicité les autorités sanitaires pour des dépistages massifs sur leur territoires, pourraient-elles s'approvisionner auprès de Biospeedia ?

"Pour l'instant, nous n'avons pas encore franchi l'étape des plateformes d'achats publics. Nous n'avons pas été contactés. Mais si nos tests les intéressent, nous sommes prêts à en fournir un maximum dans les prochaines semaines", répond Julien Tizot. Et de marteler : " En tout cas, il serait vraiment dommage que la France et les collectivités françaises ne fassent pas le choix de s'approvisionner auprès de fabricants français. Ils doivent passer rapidement leurs commandes pour que les productions puissent être anticipées ".

Selon le CEO, les tests antigéniques Biospeedia affichent des performances très intéressantes : 99% de spécificité et 97,4% de sensibilité. "Nous disposons en interne de scientifiques de très haut niveau, notamment des fondateurs Yves Germani et Evelyne Begaud spécialisés dans la détection des maladies infectieuses".

Et l'après Covid ?

En parallèle des tests antigéniques, la startup a développé des tests PCR ainsi que des tests sérologiques. Les premiers devraient obtenir leur marquage CE sous peu, tandis que les seconds ont passé cette étape mais attendent leur validation par la plateforme Covid-19. "Nous pourrons ainsi, sous peu, proposer tout l'arsenal anti-Covid 19", précise Julien Tizot. Les tests PCR seront fabriqués à l'étranger et les tests sérologiques par Delpharm, pour le marché français.

Biospeedia ne compte toutefois pas se limiter au marché du Covid : créée pour s'adresser à l'origine sur des problématiques liées au dépistage des maladies infectieuses, elle mise notamment sur un test urinaire prometteur pour la détection de la méningite. Le produit, reconnu par l'Union Européenne dans le cadre du programme Horizon 2020, devrait être lancé sur le marché mondial en 2022. Il sera lui aussi fabriqué par Delpharm.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.