Créée en 2007, le grenoblois Technosens conçoit des logiciels, destinés à un public de niche : les gestionnaires de résidences pour personnes âgées. Mais à l'heure de la crise sanitaire, ses applications pourraient bien souligner également l'enjeu de mettre le numérique au service des séniors.

Car à travers son outil, consultable sur tablette et smartphones, la jeune pousse propose différents services allant des échanges de photos, de messages, d'appels, à la visiophonie. Mais aussi un regroupement de données connectant entre elles toutes les innovations technologiques de l'IoT facilitant la prise en charges des séniors : détecteur de fuite urinaire, serrure connectée, capteurs de levée de doutes, alerte d'inactivité, plateforme gestionnaire des repas, traçabilité des actes médicaux, téléconsultation, visiophonie simplifiée...

Avec la volonté de faire mieux communiquer les personnes âgées et leurs familles avec le personnel de santé, issus notamment des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Et peut-être aussi bientôt des services d'aides à domicile, que la société commence à démarcher.

 "Notre métier est de proposer des outils pour relier les différents groupes d'hommes ou de femmes et nous sommes aujourd'hui les seuls à être en mesure de centraliser ces différentes aides numériques", résume Thierry Chevalier, fondateur de Technosens.

Car s'il existe actuellement pléthore d'offres sur le terrain des tablettes ou ordinateurs simplifiés pour les seniors, ainsi que des outils destinés au personnel ou aux familles, "ces solutions n'étaient jusqu'ici pas reliées les unes aux autres et nécessitent donc une double ou une triple saisie d'information", explique Thierry Chevalier.

Des interfaces simplifiées mais connectées

De son côté, la startup iséroise est en mesure de se connecter sa plateforme numérique évolutive à un large panel d'outils et souhaite même aller plus loin, en utilisant à terme l'intelligence artificielle pour anticiper l'évolution de l'autonomie de la personne, et lui proposer des aides numériques adéquates.

Elle mise également sur sa simplicité d'usage, à travers des interfaces conçues à la fois pour les personnes âgées, la famille ou le personnel, mais également des fonctions qui permettent d'éviter les doubles saisies pour s'imposer.

Elle a par exemple développé aussi son propre réseau social "conçu spécialement pour que le personnel des établissements (EHPAD, etc) puisse partager des informations au quotidien". Et va même jusqu'à concevoir parfois ses propres équipements, à l'image de son modèle de télécommande universelle, qui bénéficie d'une interface simplifiée "où les personnes âgées peuvent placer plus facilement la télévision en mode veille pour recevoir un appel par exemple", développe Thierry Chevalier.

Connecter plus de 1000 établissements d'ici 5 ans

La société iséroise de 20 salariés, qui a réalisé un chiffre d'affaires de près d'un million d'euros l'an dernier, envisage désormais de connecter plus de 1.000 établissements de santé d'ici 5 ans, avec l'objectif plus large de favoriser également le « bien vieillir » à domicile. Elle regroupe déjà près 5.000 utilisateurs individuels, issus des EHPAD, résidences services séniors, ou résidences autonomie, qui utilisent son environnement numérique connecté au quotidien.

Pour cela, elle a décidé d'ouvrir son capital au groupe Korian, leader européen dans la prise en charge des personnes âgées ainsi qu'au groupe VYV, un acteur mutualiste de santé et de protection sociale en France, pour un montant non communiqué. "Nous espérons ainsi avoir des retours de terrain plus précis", glisse Thierry Chevalier.

Car selon lui, "la maison de retraite va devenir un pôle ressource pour s'occuper du domicile. Aujourd'hui, Korian est un gestionnaire d'établissements mais dans cinq ans, il offrira probablement des services autour du bien vieillir", estime-t-il.

Alors que jusqu'à présent, le marché de Silver économie -estimé à 130 milliards en 2020 d'après des projections de BpiFrance-, commençait à faire parler de lui, le fondateur de Technosens part d'un postulat différent : "Pour moi, le vieillissement touche tous les marchés".

A ce titre, la seconde vague de Covid-19 qui frappe actuellement la France, pourrait agir justement comme "un révélateur de l'importance du numérique dans le lien social, ainsi que pour le personnel, qui se trouve aujourd'hui surchargé et fatigué", croît Thierry Chevalier. Car à l'heure où le système de santé publique se trouve fragilisé par cette pandémie, Technosens fait le pari que le numérique puisse apporter rapidement des solutions pour faciliter les échanges lors des soins et apaiser les résidents. A une nuance près : selon lui, "la technologie n'est pas là pour remplacer l'humain, mais pour permettre des choses qui ne sont plus faites aujourd'hui, ou pour les faire différemment".

(avec ML)