La startup lyonnaise Maltivor veut transformer les rebuts de bière en farine

Après deux ans de R&D, la jeune pousse lyonnaise Maltivor lance sa production de farine à base de drèches, ces résidus de céréales issus du process de brassage des bières, jusqu'ici peu valorisés. Pour l'instant capable de valoriser jusqu'à 200 kilos de farine par jour, elle vise à quadrupler sa production pour atteindre le marché des industriels de l'agroalimentaire.
Maltivor est actuellement en capacité de produire 200 kilos de farine par jour et vise à quadrupler ce chiffre.
Maltivor est actuellement en capacité de produire 200 kilos de farine par jour et vise à quadrupler ce chiffre. (Crédits : Maltivor)

Lola Bonnin ou l'histoire d'une reconversion peu banale. L'histoire d'une jeune femme de même pas trente ans qui, après des études dans la finance et un début de carrière comme commissaire aux comptes à Paris puis à Lyon, en tant que spécialiste de la fusion-acquisition, décide de tout lâcher pour créer sa startup. Pas une fintech comme certains de ces confrères, non, une startup de l'agroalimentaire engagée dans le développement durable.

Des drèches à la farine

"Un jour, j'ai lu un article pointant la problématique des drèches. Pour brasser une bière, le malt d'orge ou de blé est concassé et chauffé afin de récupérer l'amidon. Mais la céréale en elle-même, n'est pas valorisée. A la campagne, elles finissent comme aliment pour le bétail mais en ville, elles finissent à la poubelle la plupart du temps alors qu'elles contiennent énormément de protéines, de fibres et ont beaucoup de goût", raconte la jeune femme.

Surfant sur des envies de reconversion, elle se renseigne et furète de tous les côtés. Conclusion : "Personne, du moins en France, ne valorisait ces drèches pour l'alimentation humaine. Uniquement, et très peu, pour l'alimentation animale". Mi 2018, elle crée donc la société Maltivor. Avec une idée en tête : produire, à partir des drèches, de la farine riche en fibres et en goût mais pauvre en gluten.

Un peu plus de deux ans plus tard, Lola Bonnin est épaulée par deux salariés et vient de lancer la production de sa farine de drèche. "Grâce à une Bourse French Tech BPI, nous avons pu financer la R&D pour développer un process industriel. Nous avons été accompagnés notamment par l'ISARA, l'Institut Paul Bocuse et la pépinière d'entreprise de Brignais". 100.000 euros ont été investis dans des machines fabriquées par des équipementiers de la région. Maltivor est pour l'instant en capacité de traiter 800 kilos de drèches par jour, valorisées en 200 kilos de farine. Une farine brune, blonde ou ambrée. Comme la bière.

Collaboration avec des brasseries lyonnaises

L'entreprise collecte ses drèches auprès de cinq brasseurs lyonnais principalement mais travaille avec une vingtaine de brasseries de la ville. "Nous restons dans un périmètre local car, d'une part nous n'avons pas les moyens industriels pour le moment de valoriser toutes les drèches et, d'autre part, parce qu'il faut collecter rapidement pour des questions de sécurité sanitaire", explique la jeune entrepreneure.

Le business model ? Les drèches sont données gratuitement par les brasseurs, pour qui elles étaient jusqu'ici un fardeau, puis transformées en farine et revendues à des professionnels de la restauration. "Nous travaillons à la cohérence globale du projet. Nos étiquettes sont fabriquées avec des résidus d'orge par exemple et nous travaillons à la réduction de notre consommation énergétique car notre process est très énergivore".

Un investissement de 200.000 euros est d'ores et déjà en préparation pour 2021 : les nouveaux équipements permettront de quadrupler la production. Un chiffre d'affaires de 200.000 euros est attendu pour 2021, un niveau d'activité qui devrait permettre d'assurer l'équilibre économique de la jeune pousse. Pour financer le développement de Maltivor et ses futurs investissements, Lola Bonnin devrait entrer prochainement dans une phase de levée de fonds (montant non encore déterminé). Cette démarche devrait être facilitée par sa maîtrise des sujets financiers.

L'ambition : produire des quantités suffisantes pour atteindre le marché des industriels de l'agroalimentaire. Le sujet est d'importance : la France compte environ 2000 brasseries (chiffres 2019 de l'association Brasseurs de France). Elles ont produit, en 2017, 2,1 millions d'hectolitres (chiffres Statista). Sachant qu'un hectolitre de bière produit en moyenne une vingtaine de kilos de drèches. Depuis la création de Maltivor, d'autres jeunes pousses se sont lancées sur le sujet de la revalorisation des drèches : des projets de crackers, nouilles ou même de mobilier ont ainsi émergé.

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