TiHive décroche 8,6 millions pour sa techno de contrôle non destructif

La jeune pousse iséroise, qui souffle tout juste ses trois bougies, développe des systèmes d’imagerie, capables de traverser la matière sans faire appel aux rayons X et leurs effets potentiellement néfastes. Une technologie de rupture dans le domaine du contrôle non destructif, et notamment du contrôle qualité, qui vient de lui permettre de lever 8,6 millions d’euros de financements européens pour assurer sa montée en puissance.
Hani Sherry fait partie des trois cofondateurs de TiHive, aux côté des entrepreneurs Carlos Prada et Nicolas Beaudouin. Leur objectif ? Déployer leur plateforme, intégrant des capteurs nouvelle génération ainsi que des algorithmes d'intelligence artificielle, au coeur des outils de production.
Hani Sherry fait partie des trois cofondateurs de TiHive, aux côté des entrepreneurs Carlos Prada et Nicolas Beaudouin. Leur objectif ? Déployer leur plateforme, intégrant des capteurs nouvelle génération ainsi que des algorithmes d'intelligence artificielle, au coeur des outils de production. (Crédits : DR)

Utiliser non pas les rayons X, mais les ondes térahertz pour son système d'imagerie. La deeptech iséroise TiHive, fondée en 2017 et nouvellement installée en plein cœur du quartier Bouchayer-Viallet de Grenoble, veut mettre la tech au service de l'industrie du futur, en développant une nouvelle génération d'appareils pour le contrôle non destructif.

Avec, à la clé, un financement européen XXL tout juste récolté de 8,6 millions d'euros, en provenance de la Commission Européenne, qui investit ainsi pour 6,3 millions d'euros dans son projet en equity, mais également de la part du programme européen de recherche et d'innovation Horizon 2020, qui vise à soutenir les projets tout au long de la chaîne de l'innovation. TiHive figure en effet parmi les 7 lauréats français de l'appel à projets E.I.C Accelerator, porté également par Bruxelles, et qui lui permet de décrocher 2,36 millions d'euros supplémentaires pour opérer sa phase d'industrialisation.

Une enveloppe qui devrait notamment lui permettre de soutenir son développement et entamer son processus d'industrialisation sur le marché national et européen. Seule pépite en région Auvergne-Rhône-Alpes à avoir obtenu ce financement, TiHive (13 collaborateurs) serait aussi la première entreprise à pouvoir déployer la technologie terahertz à grande échelle. Avec, à la clé, la promesse faite aux industriels de leur faire économiser jusqu'à plusieurs milliards d'euros avec sa technologie, soutenue par 3 brevets.

Une technologie basée sur les semiconducteurs

Cofondée par trois entrepreneurs (Hani Sherry, Carlos Prada et Nicolas Beaudouin), la deeptech a conçu une plateforme d'inspection (hardware et software) afin d'analyser les caractéristiques physiques des matériaux et leur qualité.

Basée sur la lumière térahertz et associée à des capteurs et des algorithmes de deep learning, elle permet de visualiser l'intérieur des matériaux, à l'image de certains polymères superabsorbants (couches pour bébé, protections hygiéniques féminines, etc) ainsi que les tissus non-tissés (masques, tissus médicaux, lingettes...). L'objectif ? Offrir la possibilité, aux industriels, d'effectuer des contrôles en temps réel, en vue de détecter de potentiels contaminants ou défauts intérieurs.

TiHive

Pour se distinguer, la startup mise sur ses capteurs, installées directement au cœur des outils de production, de chaque côté des matières à étudier, afin d'offrir un contrôle non destructif et non-ionisant pour les matières produites. Avec, au menu, des ondes électromagnétiques tétrahertz, qui atteignent des fréquences jusqu'à 1.000 fois plus élevées que les ondes utilisées par les téléphones portables, devenant ainsi capables de traverser différents types de matériaux. Pour les émettre, TiHive mise, contrairement à ses concurrents, sur des semiconducteurs embarqués au sein de caméras miniatures, ainsi que des puces microélectroniques pour les détecter, écosystème grenoblois oblige.

"Grâce à une technologie unique, basée sur des circuits intégrés développés en interne, ainsi que des algorithmes d'intelligence artificielle, nous sommes aujourd'hui les premiers au monde à proposer un système de contrôle ultra performant, clé en main et prêt à être distribué à grande échelle", explique Clément Jany, CTO de TiHive.

Plusieurs marchés cibles

S'adressant en priorité aux marchés de l'hygiène personnelle, TiHive affirme être en mesure de proposer une optimisation des coûts pouvant atteindre un milliard d'euros par an pour le marché des couches bébé, ainsi qu'une réduction allant jusqu'à un million de tonnes annuelles, en ce qui concerne le gaspillage de matières premières.

A terme, d'autres marchés sont également visés, tels que l'industrie pharmaceutique, le secteur du luxe, ou encore l'aéronautique etc. "Toutes les capacités de la technologie n'ont pas encore été explorées : pouvoir révéler des caractéristiques invisibles à l'intérieur d'un produit directement sur la chaîne de production est très nouveau et présente des opportunités très prometteuses pour beaucoup d'industries. Cela pourrait avoir un impact financier et écologique sans précédent", complète Carlos Prada, CFO de TiHive.

En attendant, ce premier investissement de la Commission Européenne devrait permettre à la deeptech d'accélérer son déploiement commercial ainsi que son processus d'industrialisation. La start-up, qui collabore déjà avec certains acteurs de l'industrie de l'hygiène personnelle, dont les noms demeurent confidentiels à ce stade, ambitionne de devenir leader du marché d'ici 2024, avec un chiffre d'affaires qui pourrait atteindre 100 millions d'euros. Basée sur un jeu de mots, la "ruche" ("the hive" en anglais) devrait déjà commencer par renforcer ses équipes, en vue d'atteindre les 25 salariés fin 2021.

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