[Biotechs : les innovations made in AURA 2/5] Poltec : la souplesse d’une PME face à la pandémie

[Série d'été / Portrait] Avec la pandémie de Covid-19, la société savoyarde Poltec a ressorti de ses dossiers un projet de machine à désinfecter les chariots de supermarché, qui a déjà convaincu la grande distribution. Elle s'inspire notamment des pratiques de désinfection utilisées en milieu médical et au sein des métiers de bouche, en utilisant les propriétés des rayons ultra-violets (UV-C).
Ce portique, développé par le savoyard Poltrec utilise des ultra-violets pour désinfecter un charriot en moins d'une minute, de manière homogène.
Ce portique, développé par le savoyard Poltrec utilise des ultra-violets pour désinfecter un charriot en moins d'une minute, de manière homogène. (Crédits : Poltec)

Si le secteur de l'alimentation est parvenu à maintenir la confiance des consommateurs depuis le début de la pandémie, elle le doit au respect des mesures sanitaires, parfois draconiennes. La distanciation physique, la désinfection, l'usage du gel hydroalcoolique et des masques sont devenus le quotidien des commerçants et des consommateurs.

L'application des mesures sanitaires se heurte cependant parfois à l'enjeu de concilier l'efficacité et la facilité de mise en oeuvre. C'est ce défi que la société Poltec, basée à Méry (Savoie), entend relever en proposant son Sanitroll, une machine qui permet au consommateur de désinfecter son chariot en l'espace de vingt secondes et qui peut être installée, en libre-service pour les consommateurs, à l'entrée des supermarchés.

La naissance d'une idée

L'idée initiale de ce produit remonte pourtant en 2015, bien avant l'irruption du Covid-19. Jeune papa, le président de la société, Bertrand Veuillet, s'inquiétait alors de voir sa petite fille mordiller la barre du chariot de supermarché quand il l'emmène faire ses courses - comme tant d'enfants peuvent le faire. À l'époque, c'est surtout le risque de contagion de grippe et de gastro-entérite que craint l'entrepreneur. Lui qui préside un groupe de sociétés spécialisées dans la sous-traitance industrielle avait alors eu l'idée de créer un système de désinfection pour répondre à cet enjeu.

"Nous avions d'abord développé une version où le client avait accès à un spray pour désinfecter le chariot", explique-t-il. Un prototype est mis en service au supermarché Leclerc voisin, à Drumettaz-Clarafond (74). "Mais nous n'avons pas obtenu un retour satisfaisant du magasin et des clients", reconnaît M.Veuillet. L'usage du spray laissait en effet des traces d'humidité sur le chariot, gâchant son appréciation par les clients.

Une nouvelle orientation post Covid-19

"Quand le Covid-19 est arrivé, le directeur du Leclerc de Drumettaz-Clarafond m'a rappelé pour proposer de remettre en place la solution du spray, explique M.Veuillet. On a ressorti nos travaux et le retour terrain a permis d'orienter un nouveau développement", relate-t-il.

La problématique est d'assurer la confiance entre le magasin et ses clients, tout en apportant une solution facile, utilisable par tous. Poltec reprend ses échanges avec le supermarché, en testant sa nouvelle solution et en développant sa propre technologie.

L'entreprise s'écarte de la voie choisie par de nombreux concurrents, consistant à verser un virucide sur le chariot. "Le problème étant que le virucide ne va pas partout sur le chariot, se dilue quand il pleut, avec un chariot qui ressort mouillé", commente l'entrepreneur.

Au contraire, Poltec s'inspire des pratiques du milieu médical et des métiers de bouche, où des systèmes désinfectent en utilisant les UV-C, ces rayonnements dont les longueurs d'ondes sont connus pour tuer les virus et les bactéries.

La société savoyarde conçoit alors une machine, de la taille d'un charriot, équipée de capteurs pour éviter que des enfants s'y introduisent - les UV-C sont nocifs pour la peau et les yeux. Le client n'a qu'à pousser le chariot dans la machine, qui le désinfecte en moins de temps qu'il n'en faut pour se passer du gel hydroalcoolique sur les mains.

Des embauches et des perspectives

Début juin, le Sanitroll prend donc place, de manière définitive, à l'entrée du Leclerc.

Quelques semaines plus tard, la société Poltec est en train d'honorer une série de commandes. Depuis le début de la relance du projet sous sa nouvelle version, le groupe employant 50 personnes a embauché cinq collaborateurs supplémentaires pour développer le Sanitroll. Et d'autres embauches sont d'ores et déjà envisagées pour poursuivre le déploiement du produit et fournir un service de maintenance adapté.

L'ensemble de la production est effectuée en France. "La production locale permet d'avoir la réactivité et la souplesse nécessaires pour répondre vite, pointe M. Veuillet. On utilise l'agilité tous les jours".

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Commentaire 1
à écrit le 04/08/2020 à 19:26
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c est bien mais ce qui abime les chariots c est la poussière et les cheveux et autres fils qui s enroulent dans les roues. aux usagers à prendre leur responsabilité quand ils utilisent un chariot ou un autre objet collectif

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