Depuis sa création, en 2015, Lagazel a un pied en France, à Saint-Galmier, où elle conçoit ses produits depuis le siège de l'entreprise familiale Chabanne - travail du fil métallique - dont elle est issue, et un pied au Burkina Faso où elle a implanté un atelier de production de 30 personnes.

Fondée par Arnaud Chabanne, professionnel du secteur des énergies renouvelables, Lagazel a démarré son activité en commençant par transformer les lampes à pétrole en lampes solaires. Elle s'appuie désormais sur de nouveaux modèles, plus autonomes, plus pratiques mais surtout assemblés sur place, par des travailleurs locaux.

"Cette production locale fait partie intégrante du projet global. L'idée étant bien d'aider au développement économique du pays. Les produits destinés à l'Afrique doivent donc être fabriqués en Afrique", insiste Arnaud Chabanne

Il a déjà vendu près de 21 000 exemplaires (15 à 35 euros l'unité). "Tous nos process ont été pensés pour une main d'oeuvre peu formée". L'entreprise réalise aujourd'hui un chiffre d'affaires de 500 000 euros. Prochain cap attendu pour 2020 : atteindre l'équilibre.

Croissance par la franchise

Pour y parvenir, elle va diffuser son modèle, en Afrique, sous forme de franchise. À commencer par le Bénin, où elle a été retenue dans le cadre du programme Millenium Challenge Account (MCA), porté par le fonds d'aide au développement Millenial Challenge Corporation lancé en 2002 par l'administration Bush visant à réduire la pauvreté grâce à la croissance économique. La PME va bénéficier d'une aide de 500 000 dollars. L'enjeu : installer au Bénin un atelier de production de lampes solaires, développer le marketing et diversifier la production, sur le modèle Burkinabé. La République démocratique du Congo devrait suivre. Dans les deux cas, elles seront pilotées par des Français installés sur place depuis longtemps. Pour atteindre la rentabilité, Lagazel compte également sur le contrat cadre signé il y a quelques mois avec l'ONU pour deux modèles de lampes. Elles ont été retenues pour une potentielle utilisation sur les situations liées aux catastrophes climatiques ou sur les camps de réfugiés par exemple.

"C'est un contrat cadre, on ne sait donc pas exactement où nous allons mais potentiellement cela peut amener à la fabrication de plusieurs milliers de pièces", poursuit le dirigeant.

Échaudé par un échec récent avec Total (avec qui il devait signer un énorme contrat pour une distribution à grande échelle en Afrique), l'entrepreneur préfère rester prudent.

Diversification

Par ailleurs, de nouveaux produits sont en cours de développement, notamment un système solaire pour équiper les maisons africaines. Lagazel veut également lancer un service de sous-traitance à destination des entreprises françaises commercialisant leurs produits en Afrique.

"Il ne s'agit pas de délocaliser du travail réalisé aujourd'hui par de la main-d'œuvre française mais de faire produire dans des ateliers africains des produits destinés au marché africain et aujourd'hui fabriqués en Asie ou en Europe de l'Est. Les entreprises françaises sont frileuses car elles n'ont pas confiance dans les travailleurs locaux et l'économie africaine. Nous pouvons leur apporter l'assurance dont elles ont besoin", explique Arnaud Chabanne.

Dernière piste de croissance : la création de nouveaux produits adaptés au marché français du camping et du jardin notamment qui seront, eux, fabriqués en France. Avec une autonomie de 50 heures, le produit peut intéresser les campeurs français, mais pas seulement. Les lampes Lagazel peuvent aussi faire office de veilleuses ou équiper des cabanes de jardin non reliés à l'électricité. Lagazel travaille par ailleurs sur des prototypes de bornes d'éclairage pour le jardin.