Elles sont déjà une centaine d'entreprises de la région, principalement de Grenoble, à se faire payer et à régler leurs factures en Aurex.
Kezako ? Il s'agit de la monnaie créée pour circuler au sein de la toute nouvelle banque de compensation régionale, lancée il y a quelques mois, par une douzaine d'entrepreneurs issus du CJD Grenoble et de la pépinière d'entreprise iséroise, La Pousada.
Le concept est basé sur des transactions inter-entreprises libellées en Aurex et non plus en euros. Chaque adhérent dispose d'un compte dans la banque. Lorsqu'il le peut, si son fournisseur ou son client sont également adhérents, il paie ou se fait payer en Aurex, via la banque de compensation. Les Aurex crédités aux vendeurs ne sont pas transformés en euros (sauf cas spécifiques) mais restent sur les comptes pour régler de futures transactions.
Solidarité entre entrepreneurs
"Ce projet est né d'une réflexion que nous menions au CJD Grenoble sur le thème « Entrepreneurs solidaires ». Nous voulions passer à l'action sur le thème du financement", raconte Claude Lemardeley, P-dg de l'entreprise Digital Company, co-présidente du CJD Grenoble et co-fondatrice de la banque Aurex.
"Nous nous sommes inspirés de la banque de compensation Wir qui avait été créée par des entrepreneurs suisses pour échapper à la déflation de la monnaie. Wir fédère maintenant plus de la moitié des entreprises suisses !", précise-t-elle.
Aurex est également directement inspirée du fonctionnement de Sardex, une autre banque de compensation entre entrepreneurs née en Sardaigne en 2008, pendant la crise. "Les entreprises avaient des commandes mais plus de liquidités pour acheter les matières premières. Ce système leur a permis de sortir la tête de l'eau. Ils en sont déjà à plus de 140 millions équivalents euros de transactions".
Hormis la préservation de la trésorerie et des liquidités, le système a l'avantage de booster le tissu économique local en poussant les adhérents à travailler en priorité avec des partenaires locaux.
"Le modèle économique repose sur le prix de l'adhésion. S'il y a des excédents, ils seront utilisés pour garantir des prêts. Il n'est absolument pas dans nos objectifs de réaliser des bénéfices", poursuit Claude Lemardeley.
Objectif : 500 adhérents
En France, les banques de compensation, autorisées depuis la Loi Hamon de 2016 (sans accréditation de la Banque de France jusqu'à 1 million d'euros de transaction) se comptent sur la moitié des doigts d'une main. Aurex est donc l'une des premières à se lancer.
Elle fonctionne depuis le mois de mars sous forme d'association, avec un salarié. Les deux présidents sont Laurent Janolin et Lydie Desplanques. Elle basculera sous statut d'entreprise dès que les modalités de gouvernance seront arrêtées. Après une première phase de test (sous le nom de Tréso'rézo), Aurex passe désormais la seconde et veut accélérer son développement.
Elle se tourne à présent vers des entreprises de taille plus importante et élargit à toute la région sa proposition. Sans faire de bruit, elle a déjà réussi à mobiliser une centaine d'entrepreneurs.
Elle affiche donc sans complexe son ambition d'atteindre le seuil des 500 adhérents d'ici 3 an, avec un volume annuel de transactions de 750 000 euros.
"Tout le concept repose sur le principe de la confiance dans la communauté Aurex. C'est pour cette raison que nous sommes partis de deux communautés déjà existantes, le CJD et la Pousada. Ceci étant dit, les entreprises bénéficient de systèmes de garanties", poursuit la co-fondatrice.
Le projet est soutenu notamment par les chambres consulaires et par EDF Rhône-Alpes.
Sujets les + commentés