Un nouveau laboratoire public/privé pour fabriquer les polymères du futur

Inauguré ce lundi à CPE Lyon, le laboratoire commun LISIP vise à inventer les polymères du futur. Aux manettes le laboratoire C2P2 (Unité mixte de recherche CNRS/CPE Lyon/ Université Claude Bernard Lyon 1) et l'entreprise Activation. Pour cette dernière, il s'agit de renforcer sa compétitivité à l'échelle internationale.
Inauguration du LabCom LISIP

Initiative commune du laboratoire C2P2 (Unité mixte de recherche CNRS/CPE Lyon/ Université Claude Bernard Lyon 1) et de l'entreprise Activation, spécialisée dans la recherche de voies de synthèses intensifiées et le développement de technologies innovantes pour l'industrialisation de procédés, le LabCom LISIP affiche un objectif ambitieux : assurer le développement de nouveaux procédés continus automatisés pour la production et la commercialisation de lots de polymères. Polymères eux-mêmes issus d'innovations réalisées au sein du laboratoire LISIP.

En matière de chimie, "scale-up" signifie une montée en échelle, autrement dit un changement de dimension pour passer par exemple de la synthèse d'un principe actif en laboratoire à sa production industrielle. Ce qui n'est pas une mince affaire car produire quelques dizaines de grammes d'une substance chimique dans un laboratoire n'a pas de commune mesure avec une production à l'échelle de la tonne.

"Pour bien concevoir un scale-up il faut auparavant avoir parfaitement compris la chimie", rappelle Vivien Henryon, président de la société Activation créée en 2003 et co-directeur du LabCom. Et on pourra alors aller du concept à l'industrialisation en concevant un outil technologique plus adapté et plus performant autour du procédé pour maximaliser sa performance".

L'enjeu des polymères

Les polymères sont ce qu'on peut appeler des "Products by Process", littéralement "des produits du procédé", dans le sens où leurs propriétés d'usage sont déterminées autant par le type de procédé utilisé pour leur production que par la chimie mise en jeu dans la réaction. Tout l'enjeu du LabCom LISIP va donc être d'identifier et développer les catalyseurs, réacteurs et procédés les mieux adaptés afin de produire les polymères de manière la plus économique et écologique possible.

"Il est au moins aussi important d'être capable de concevoir de nouveaux polymères avec des propriétés taillées sur mesure que d'élaborer des procédés de production à l'échelle commerciale", indique Christophe Boisson, coordinateur du LIPSIP, revendiquant l'approche totalement intégrée sur toute la chaîne de valeur de ce dernier.

Compétences respectives et bénéfices réciproques pour les deux partenaires

Le défi pour le C2P2 et Activation est de mener les procédés de production de l'échelle du laboratoire à l'échelle industrielle en intégrant les connaissances fondamentales en chimie. Pour Activation il s'agit de la création d'un nouvel axe de développement stratégique, et donc de sa compétitivité à l'échelle internationale, et pour le C2P2 ce sont les recherches fondamentales qui sont en jeu, avec un retour d'expérience pour alimenter les thématiques à l'étude.

Leur alliance de compétences complètement unique en France devrait permettre de relever le défi, en particulier dans le domaine des polyoléfines, qui sont les polymères issus de la polymérisation de l'éthylène et qui forment la plus importante famille de matières plastiques.

"La complémentarité du C2P2 et d'Activation est évidente, notamment dans le domaine de la catalyse" déclare M. Boisson, soulignant que la collaboration est gagnant-gagnant puisque la production de polyoléfines par procédés catalytiques est au coeur du projet et que pour le C2P2 il est capital de pouvoir accélérer l'innovation, tout comme il est capital pour Activation de s'imposer sur un marché mondial gigantesque.

A titre d'exemple toutes les canalisations d'eau en métal sont en train d'être remplacées par des canalisations en polyéthylène.

"Ce que l'on veut faire avec notre chimie est quelque chose d'utile à la société, appelle de ses vœux Timothy McKenna, directeur du C2P2. Pour aller plus loin il faut marier chimie et procédés, et notre projet commun avec Activation va permettre de comprendre les interactions entre chimie et procédés"affirme-t-il.

Le coup de pouce ANR

Avec ces laboratoires communs université /industrie "sans murs", où les recherches se déroulent autant en entreprise qu'en milieu académique, l'enjeu est de permettre à des entreprises et des laboratoires publics de développer un projet de recherche pluriannuel conjoint, en bénéficiant de leurs compétences et atouts respectifs. Soutenu financièrement par l'ANR2 pour une période de 3 ans, le LabCom LISIP rassemble donc les deux partenaires autour d'un projet commun de développement de méthodes innovantes pour la production de polyoléfines par procédés catalytiques.

"L'innovation collaborative sera clé pour les étapes futures", conclut Vivien Henryon, rappelant que le LISIP est né de la demande du marché pour faire des polymères à l'échelle du kilo.

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